0

Difficultés de financement des jeunes chercheurs

De retour d’un déplacement en Asie, j’avais signalé, par le biais d’une question écrite au ministre des Affaires étrangères et européennes, les grandes difficultés de financement des jeunes chercheurs dans les instituts français de recherche à l’étranger.

La réponse que je reçois du ministre confirme que le ministère des affaires étrangères a été conduit, en concertation avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, à reconsidérer son dispositif d’appui à la mobilité dans les instituts français de recherche à l’étranger sur le modèle des écoles françaises relevant du ministère de l’enseignement supérieur. Après 2009, les financements du programme Lavoisier ont été supprimés, ce qui est, comme j’ai eu l’occasion de le signaler, une grande perte pour les jeunes chercheurs.

Il est rappelé, certes, que des aides à la mobilité internationale sont accordées (pour une durée limitée n’excédant pas 9 mois) à de jeunes chercheurs pour mener à bien leur projet personnel mais ces aides ne concernent pas le régime du contrat doctoral. Cependant, « d’autres modalités d’accueil des jeunes chercheurs français sont à développer » et « ces aides pourraient être prolongées au-delà de 9 mois sur la base d’une convention de financement de formation doctorale, mais toujours en appui de recherches personnelles ».

En cette pénurie de financement, la question des cofinancements, ou de conventions de financement de formation doctorale entre instituts français de recherche à l’étranger et universités d’origine des doctorants, est soulevée. Pour les post-doctorants, la mise en place de contrats à durée déterminée dans le cadre de financement sur projet de l’agence nationale pour l’emploi pourrait, selon la réponse qui m’est donnée, constituer encore une solution.

Ces propositions, dictées par les contraintes budgétaires, ne peuvent apporter de réponse satisfaisante aux attentes des intéressés.

Financement des jeunes chercheurs dans les instituts français de recherche à l’étranger

Question adressée à M. le ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes 

le : 16/02/2012
Texte de la question : Mme Claudine Lepage appelle l’attention de M. le ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les instituts français de recherche à l’étranger (IFRE) qui se trouvent confrontés à une crise du financement des jeunes chercheurs qui menace, à terme, la relève de la recherche française sur des zones linguistiques et culturelles complexes mais politiquement déterminantes. Le Centre d’études français sur la Chine contemporaine (CEFC) en est malheureusement l’illustration : cet établissement public de recherche est le seul centre de recherche européen en Chine entièrement consacré à l’étude de la Chine contemporaine. Des chercheurs statutaires y sont recrutés par le conseil scientifique du pôle Asie du ministère des affaires étrangères et le centre peut accueillir des chercheurs d’autres institutions européennes. En 2008, le changement de statut des doctorants, désormais assimilés à des chercheurs et financés par un contrat doctoral dans leur établissement d’inscription, a conduit à la suppression de bourses dites BCRD (budget civil de recherche et de développement du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche) et Lavoisier (financées par le ministère des affaires étrangères et européennes). Les bourses BAR (financées sur fonds propre du centre) ont par ailleurs été requalifiées en aides à la mobilité de neuf mois non renouvelables, qui viennent généralement à la place, et non en complément, d’un contrat doctoral, et sont bien sûr insuffisantes pour mener à bien une thèse. Elle lui demande quelles mesures il compte prendre pour continuer à financer ces recherches, en immersion de long terme et politiquement déterminantes, sur le terrain linguistique et culturel complexe qu’est la Chine et, plus particulièrement, s’il envisage de rétablir un système du type Lavoisier pour les post-doctorants.

Réponse de M. le ministre des affaires étrangères  le : 14/06/2012
Texte de la réponse : Le ministère des affaires étrangères est attaché à la formation par la recherche des jeunes chercheurs, qui constitue l’une des missions prioritaires des instituts français de recherche à l’étranger (IFRE) dont il assure la tutelle avec le CNRS. Ainsi, en 2011, ce sont 244 doctorants et post doctorants qui auront bénéficié d’une aide à la mobilité dans le réseau des 27 instituts de recherche, pour un total de 1 332 mois/année, soit une moyenne de séjour de cinq mois et demi. Ces mobilités, dans des structures de recherche pérennes, collaborant étroitement avec les institutions des pays d’accueil, contribuent au renforcement des compétences scientifiques françaises portant sur des régions du monde politiquement importantes pour notre pays. Jusqu’en 2009, les financements du programme Lavoisier, complétés de bourses d’aide à la recherche financées sur le budget des instituts, ont permis à des doctorants et post doctorants de bénéficier de séjours de recherche de longue durée de trois ans en moyenne, leur permettant d’acquérir une connaissance approfondie des aires sur lesquelles portait leur recherche. Le décret n° 2009-464 du 23 avril 2009 relatif aux doctorants contractuels des établissements publics d’enseignement supérieur a conduit le ministère des affaires étrangères à rechercher, en concertation avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et le CNRS, les dispositions lui permettant de se mettre en conformité avec le droit du travail applicable aux jeunes chercheurs, doctorants et post doctorants et par voie de conséquence, à reconsidérer son dispositif d’appui à la mobilité dans les instituts français de recherche à l’étranger, identique désormais à celui des écoles françaises relevant du MESR. Des aides à la mobilité internationale peuvent toujours être accordées, sur proposition du conseil scientifique et sur budget propre, par les directeurs d’instituts à des étudiants français, ressortissants de l’UE ou étrangers engagés dans la recherche, pour une durée cumulée n’excédant pas neuf mois correspondant à une année universitaire. Ces aides n’entrent pas dans le régime du contrat doctoral dans la mesure où elles sont exclusivement destinées à faciliter les recherches personnelles des jeunes chercheurs, la réalisation d’un travail de terrain préparatoire à la thèse ou à un projet de recherche. Cette orientation explique la réduction de la durée annuelle du séjour des doctorants au Centre d’études français en Chine (CEFC) de Hong-Kong, qui a attribué des aides à hauteur de 27 mois/année pour trois personnes en 2009 et à hauteur de 18 mois/année en 2011 pour un même nombre de doctorants. Pour les recherches en immersion de long terme, le rétablissement de bourses sur crédits centraux du type Lavoisier n’étant pas envisagé par le MAE, d’autres modalités d’accueil des jeunes chercheurs français sont à développer. Ces aides pourraient être prolongées au-delà de neuf mois, sur la base d’une convention de financement de formation doctorale, toujours en appui de recherches personnelles à l’exclusion de tout service qui serait dû à l’établissement. Compte tenu des contraintes budgétaires des instituts français de recherche à l’étranger, la prolongation des libéralités au-delà de neuf mois ne pourra être envisagée que dans le cadre d’un cofinancement, en particulier par les universités d’origine des doctorants. Les instituts qui souhaiteraient confier aux doctorants des missions spécifiques ne pourraient le faire que dans le cadre d’indemnités complémentaires ou de cofinancements de contrats doctoraux attribués par un établissement public d’enseignement supérieur ou de recherche. Pour les post doctorants, la mise en place de contrats à durée déterminée dans le cadre de financements sur projets de l’agence nationale de la recherche (ANR), dont parviennent à bénéficier un nombre croissant d’instituts à l’étranger, constitue une réponse aux besoins des jeunes chercheurs et des établissements de recherche.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*