1

« Quelques heures de printemps » de Stéphane Brizé

Quelques heures de printemps
de Stéphane Brizé

J’ai eu la chance de voir récemment, en avant première, un film sobre et magnifique : « Quelques heures de printemps » de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon, Hélène Vincent et Emmanuelle Seigner. C’est un film tout en retenue mais très dur car les sentiments, violents, ont du mal à s’exprimer.

Deux thèmes s’entremêlent : l’impossibilité de communiquer entre les êtres et la fin de vie. Le face à face entre le fils, joué par Vincent Lindon, sorti de prison mais toujours emmuré en lui-même et sa mère, Hélène Vincent, dont la passion du ménage et de l’ordre structure la vie en prenant le pas sur l’échange avec son entourage, est pesant. Ces deux êtres ne peuvent se dire leur amour, se parler simplement alors ils se taisent lourdement. Ou hurlent …

De même le héros est incapable d’exprimer ses sentiments lorsqu’il fait la rencontre d’une femme, Emmanuelle Seigner, très touchante. Une violence inouïe résulte de cette absence de communication. Le drame rôde d’autant plus que la mère est gravement malade d’un cancer qui gagne du terrain, avec des métastases au cerveau. Le fils, incapable d’exprimer sa compassion, s’enferme dans l’incompréhension, la colère et le mutisme. La mère refusant de finir sa vie à l’hôpital, même bien entourée dans une unité de soins palliatifs, veut choisir le moment où elle s’en ira. Adhérente d’une association suisse, elle a préparé son départ et lorsque les examens médicaux lui indiquent que le moment de la dépendance, de la déchéance physique s’approche elle part en Suisse avec son fils, toujours mutique, qui a accepté de l’accompagner pour son dernier voyage. Ce n’est qu’au tout dernier moment que mère et fils se rapprochent et se crient leur amour…

Ce film émouvant m’a touchée car il force chacun à s’interroger sur la fin de vie et sur le droit de mourir dans la dignité. Pour y avoir été confrontée je sais qu’il faut se garder de positions trop simplistes, éloignées de tout esprit philosophique et éthique.

Mais si la loi, dite « Leonetti », sur l’euthanasie passive a permis une avancée significative elle reste toutefois insuffisante : une réflexion sans tabou sur la fin de vie dans la dignité doit être une des priorités du gouvernement et j’attends ce débat dans les mois à venir.

Sortie en salle le 19 septembre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*