A Cotonou, avec une membre d’une ONG et des Volontaires internationaux
Arrivée à Cotonou où je suis accueillie à l’aéroport par Mme Isabelle Edet, chargée d’affaires et M.Yann Deret, chef de la section consulaire en l’absence de l’ambassadeur. C’est un plaisir de retrouver Isabelle Edet que j’avais rencontrée à Brazzaville lors d’un déplacement en 2009.
Je retrouve Anne-Brunet Apithy conseillère à l’AFE et Françoise Varrin, présidente de Français du monde-adfe venue me rencontrer à l’hôtel où je loge et avec qui nous mettons au point le programme des quelques jours à venir.
Jeudi 14 février
La journée commence par une visite des différents services du Consulat : état civil, affaires sociales, visas. Des services lourds compte tenu du nombre de dossiers à traiter et des congés de maladies. Les couloirs sont remplis d’usagers attendant leur tour. La circonscription consulaire compte quelque 3500 Français, la plupart d ‘entre eux habitent à Cotonou et 50 % d’entre eux sont binationaux. Les dossiers les plus difficiles sont ceux concernant l’Etat civil : les naissances ne sont pas toujours déclarées dans les délais, les actes d’état civil béninois sont souvent incomplets, ce qui pose des problèmes au niveau de la transcription des actes. Les dossiers de nationalité sont également lourds et longs à traiter. Le consulat de Cotonou qui offre également les services de l’OFII (office français de l’immigration et de l’intégration) délivre environ 11 000 visas par an. Le taux de refus est en augmentation suite à la multiplication de faux avérés de justificatifs bancaires.
Réunion ensuite avec le personnel à l’ambassade avec Luc Fabre, le COCAC (conseiller de coopération et d’action culturelle). Les assistants techniques et les volontaires internationaux relevant du SCAC (service de coopération et d’action culturelle) ou de l’ambassade présentent les thématiques et les projets sur lesquels ils travaillent : décentralisation, ONG et droits Humains, justice et gouvernance, scolarisation, coopération scientifique et universitaire, culture, agronomie. L’expertise et le savoir faire sont grands mais les crédits ne suivent plus. Il semble qu’il y ait inadéquation entre ressources humaines et crédits.
Visite ensuite de la Maison de l’Espérance tenue par les sœurs salésiennes qui recueillent des filles et des jeunes femmes victimes de toutes sortes de violence. Les sœurs essaient de leur donner une formation : cuisine, pâtisserie, boulangerie, savonnerie pour leur donner une chance de se sortir de leur précarité.
Déjeuner organisé par Mme Edet avec les chefs de service de l’ambassade, la proviseure du lycée Montaigne, Mme Lavendier et les responsables de Français du monde-adfe et UFE, Anne Brunet-Apithy et Françoise Varrin.
Avec Françoise Varrin et la section Français du monde-adfe
Visite du centre médico social qui fonctionne sur une base associative. Il faut être membre de l’association pour pouvoir consulter et le médecin est rémunéré par le MAEE. Des travaux sont prévus par le nouveau bureau pour améliorer les conditions d’accueil.
Visite du lycée Montaigne situé sur un terrain donné par le Bénin depuis 1984. Nous sommes accueillies par Mme Laurence Lavendier, proviseure et son équipe administrative. Le lycée compte 960 enfants, 59 % de Français, 18 % de nationaux et 23 % de nationalités tiers. Environ 200 élèves sont boursiers. Le lycée arrive aujourd’hui à la limite de ses capacités et il y a une liste d’attente. Un projet immobilier d’ampleur devrait permettre d’augmenter les capacités d’accueil. Le début des travaux est prévu pour la fin de l’année scolaire. L’APE que je n’ai malheureusement pas rencontrée travaillerait en bonne entente, selon l’équipe administrative, avec la direction. Un grand nombre de projets pédagogiques sont proposés aux enfants dont une ferme aux insectes et un atelier sur les arts premiers. Des mesures ont été mises en place pour accompagner les enfants en difficulté scolaire. L’orientation est insuffisante et malgré un intérêt certain il n’y a pas de filière professionnelle. Cependant, l’établissement assure un traitement personnalisé au cas par cas pour les élèves qui en ont besoin.
Rencontre avec les enseignants, nous abordons des questions générales sur l’ISVL, les faux résidents et la mise en disponibilité qui découle de cette situation. Des questions plus particulières sont aussi discutées comme les horaires d’ouverture du consulat, l’adhésion à la CFE des recrutés locaux, leur retraite, les demandes d’inspection.
Au lycée Montaigne, avec les enseignants.
La journée se termine par une rencontre avec les Conseillers du Commerce extérieur de la France qui ont bien voulu m’accueillir pour leur réunion mensuelle présidée par M. Cyril Choppin de Janvry à laquelle assiste Mme Isabelle Edet, et M. François Giovalucchi, de la Mission économique basée au Togo. Les secteurs représentés sont les assurances (Allianz et deux courtiers), la banque (Société générale), les transports maritimes (CMA CGM), la distribution automobile (CFAO), le transport aérien (Air France), la téléphonie et les ciments Lafarge.
Vendredi 15 février
La journée débute par le lever des couleurs au DCM où je suis accueillie par le Colonel Christian Deuwel, attaché de Défense qui présente le contexte politique et économique général au Bénin. Chacun des officiers présents fait le point sur les différents axes de la coopération franco-béninoise : coopération de défense, sécurité maritime, c’est à dire immigration, pollution, trafic d’armes et de drogue, lutte contre la piraterie (39 actes de piraterie en 2011) appui à la formation et participation au programme Sankoré (équipement de classes numériques dans les lycées africains notamment militaires et mise à disposition d’une base de ressources interactives francophones.)
Le colonel se fait le porte parole de ses hommes pour exprimer leur inquiétude quant à l’avenir de l’armée en terme de ressources humaines et de budget.
Rencontre avec le Colonel Alain Gourio, attaché de sécurité intérieure. Le service de sécurité intérieure comprend un officier de gendarmerie, 3 gendarmes et 3 policiers. Ils sont en charge également de la sécurité civile. Un poste de gendarme devrait être prochainement supprimé. Le service est ponctuellement renforcé par des experts techniques pour la formation des forces de sécurité béninoises. Il s’agit d’une forte coopération qui soutient le Bénin dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, la traite des êtres humains, les migrations irrégulières, la cybercriminalité, la piraterie maritime et le terrorisme. La corruption est un véritable fléau. La crise malienne, la présence d’Aqmi au Niger, Boko Haram au Nigéria incitent à la plus grande vigilance.
Ici aussi une forte inquiétude est perceptible quant aux effectifs et au budget SSI.
Entretien avec M. Luc Fabre, Cocac et Directeur de l’institut français du Bénin. Le SCAC est un service qui paraît bien pourvu en effectifs. Il est composé d’un grand nombre de Volontaires internationaux qui sont jeunes et dynamiques mais ne restent qu’au maximum deux ans. Cette discussion tourne finalement autour de la francophonie. La Commission francophone béninoise est assez passive et a rendu le poste d’assistant technique à l’ambassade. Ce poste gagnerait à être transformé en chargé de coopération linguistique régionale car de gros enjeux de formation linguistique existent dans la région (Ghana, Nigéria).
Déjeuner sympathique avec les amis de Français du monde-adfe et du Parti socialiste dans le restaurant d’application, italien (!) des sœurs salésiennes.
Rencontre avec Hilde Baele coordinatrice de l’ONG cAnous qui s’occupe des enfants esclaves, de la maltraitance des enfants et de la promotion des Droits de l’Enfant au Bénin.
Visite de l’Agence de France Volontaires qui compte cinq personnes. Ils s’occupent de l’accueil et de l’intégration des volontaires (initiation et échange, solidarité internationale, échange et compétence, service civique et stagiaires)
Visite de l’Espace Campus France qui en 2012 a reçu 10 400 visites, instruit 1042 dossiers et finalement 383 étudiants ont pu partir en France, la plupart au niveau Master ou doctorat.
Rencontre avec la communauté française pour un échange nourri à l’auditorium de l’Institut français.
Réunion publique à Cotonou
Samedi 16 février
Mme Isabelle Edet m’accompagne pour la visite de trois compatriotes détenus à la prison de Cotonou. Des situations difficiles compte tenu de la lenteur de la justice et des conditions de détention.
Visite de l’Institut et de la médiathèque très bien tenue par une jeune Volontaire Internationale. Les locaux devraient être agrandis et rénovés dans les prochains mois.
En fin de journée vernissage de l’exposition d’Hector Sonon à la Fondation Zinsou à l’occasion de la parution de son album Toubab or not toubab chez Casterman. Le Tout-Cotonou est là et se presse devant les dessins de l’artiste.
La section Français du monde-adfe Bénin fête ce soir ses 30 ans (en fait 31 ans) au restaurant Berlin sur une terrasse dominant la lagune, repas, musique et danse ! Un vrai succès et bravo à tous pour cette belle soirée qui marque également la fin de mon séjour à Cotonou.