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Vers l’autorisation de l’expérimentation des maisons de naissance

Le Sénat a débuté l’examen d’une proposition de loi visant à autoriser l’expérimentation des maisons de naissance.

Mes années de résidence en Allemagne m’ont permis de côtoyer ce type de structure. En effet, plus de 150 maisons de naissance existent dans ce pays elles sont parfaitement intégrées dans l’offre proposée aux femmes enceintes : 2% des accouchements s’y déroulent. Rappelons, d’ailleurs, que c’est à Berlin que le « premier centre de naissance librement choisie » a été ouvert en 1987.

De la même façon, on trouve ces maisons dans de nombreux pays européens: 30 aux Pays Bas, 21 en Suisse ou encore 19 au Royaume-Uni, mais aussi au Québec où elles existent depuis une vingtaine d’années et où  76% des accouchements de 2011 y auraient eu lieu.

Au regard de ces expériences déjà longues chez nombre de nos voisins, et dont l’évaluation rigoureuse s’est avérée positive, il est, bien sûr, parfaitement légitime d’envisager une expérimentation en France. Bien plus, je sais, en qualité d’élue des Français de l’étranger, combien nous avons  intérêt à nous instruire, dans ce domaine comme dans d’autres, des usages de nos voisins, pour les rejeter ou , le cas échéant pour les adopter en les adaptant éventuellement.

Rappelons que notre pays a connu, depuis une trentaine d’années un processus important de « technicisation » de l’accouchement. D’ailleurs le recours à la césarienne, comme le déclenchement des accouchements, y sont plus fréquents, que dans les pays voisins. Cette médicalisation importante est à mettre en regard de nos taux de mortalité infantile et maternelle qui se situent dans la moyenne européenne.

Aujourd’hui, les femmes, et plus globalement les futurs parents, sont de plus en plus demandeurs d’un retour à davantage « d’humanisation » de la naissance, d’un accompagnement moins médicalisé, plus attentif dans un cadre plus bienveillant. Les maisons de naissance offrent cette alternative à l’hospitalisation classique et permettent ce suivi global réalisé uniquement par une sage-femme tout au long de la grossesse, jusqu’après l’accouchement.

La sécurité demeure cependant l’exigence primordiale et il est indispensable qu’elle se coordonne correctement avec l’autonomie de choix qu’il est légitime de conférer à la femme enceinte.

Il va donc de soi que cette alternative ne pourra être proposée qu’aux femmes dont la grossesse et l’accouchement se déroulent de façon physiologique, c’est-à-dire sans pathologie particulière. Seulement, le risque zéro n’existe pas et des complications peuvent surgir en cours d’accouchement et exiger une intervention médicale d’urgence. Même si je comprends bien que l’intérêt même de cette proposition de loi réside dans la mise en place de ces maisons de naissance à l’extérieur des murs de l’hôpital, la sécurité ordonne l’extrême proximité d’un plateau technique permettant un transfert rapide des parturientes.

Aujourd’hui, plusieurs expériences de maisons de naissance existent en France déjà depuis plusieurs année, comme au Centre hospitalier de Cergy-Pontoise ou encore à la maternité des Bluets. Elles donnent toute satisfaction. De surcroit,  le Collège national des gynécologues et obstétriciens français vient de donner un avis favorable à cette expérimentation. Je suis donc très favorable à cette proposition de loi.

Mais, en cette veille de la journée internationale des droits des femmes,  il me parait essentiel d’affirmer haut et fort que ces maisons de naissance n’ont pas vocation à être des maternités de moindre qualité et donc à moindre coût. Il ne saurait être question ici de faire des économies sur le dos des femmes enceintes, mais, au contraire de répondre davantage à leurs attentes, dès lors qu’elles sont compatibles avec la sécurité.

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