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Voyage en Algérie du 13 au 17 mars 2013

Mercredi 13 mars

Départ à destination d’Oran sous la neige. L’atmosphère est pesante dans le hall d’attente, une douzaine de personnes affligées, certaines en pleurs, attendent parmi les passagers l’embarquement sur le même vol que moi. Que se passe-t-il? Nous embarquons, un des réacteurs est gelé, il faut procéder à son réchauffement puis au dégivrage des ailes et du fuselage de l’avion et enfin nous décollons. L’hôtesse avec qui je papote me confie la raison de la détresse de certains passagers. Ils appartiennent à la même famille et partent à un enterrement en Algérie. Comble de malheur, la mère de la famille s’est effondrée morte en arrivant sur le parking de l’aéroport…

Dans une classe de l’école El Menzeh

Arrivée à Oran avec un retard raisonnable, je suis accueillie par Fwad Hasnaoui, conseiller à l’AFE qui m’accompagnera dans toute mes visites en Algérie et par M. Jean-Louis Soriano consul général de France. Nous nous rendons directement à l’école El Menzeh dirigée par M. et Mme Hamamouche , une école privée algérienne proposant un double programme algérien et français aux familles. L’école est très bien tenue, en voie d’agrandissement et quelques familles d’expatriés y ont inscrit leurs enfants.

Visite de courtoisie au Wali d’Oran. Il m’informe des échanges économiques et culturels entre la France et l’Algérie, la présence d’entreprises françaises telles que Renault qui doit envoyer environ deux cents ingénieurs pour mettre en place une usine à proximité d’Oran dans un avenir proche, Alsthom, Lafarge et Total et le Wali me présente ses projets pour la ville d’Oran en matière d’urbanisme et de transports. Nous évoquons également le projet d’implantation prochaine d’une école française (à Oran et Annaba) au cœur des accord signés entre François Hollande et le président Bouteflika.

Nous nous rendons ensuite à l’Institut français où nous sommes accueillis par le Directeur M. Gaëtan Pellan. Situé en plein centre ville l’Institut Français d’Oran est un lieu de médiation qui favorise les rencontres et les échanges universitaires et artistiques. Nous visitons les locaux, la très belle médiathèque et le Directeur nous présente le programme de l’institut et les services qui lui sont rattachés, tel Campus France.

Visite ensuite des services du consulat suivie d’une permanence au cours de laquelle je retrouve des membres de fdm-adfe dont Guy Bonifacio, ancien délégué au CSFE. Différences questions notariales et administratives sont évoquées.

Réception à l’Hôtel Royal de la communauté française d’Oran et ses environs. C’est l’occasion d’un échange très riche sur la présence française dans la région. La demande d’ouverture d’une école française est très forte de la part de nos compatriotes.

La journée se termine par un dîner à la résidence du consul général d’Oran, M. Jean-Louis Soriano qui permet de synthétiser toutes les questions abordées dans la journée.

Jeudi 14 mars

Déjeuner avec les syndicats de recrutés locaux

Départ très tôt pour Alger où nous sommes accueillis par M. Michel Dejaegher, consul général. La première visite sera celle du consulat d’Alger qui comprend 80 agents dont une quarantaine affectés au service des visas. Le service des visas qui croule sous les demandes devrait très prochainement être soulagé puisque la collecte des données va être externalisée. A moins qu’on ne supprime des postes et qu’on ne demande aux agents d’augmenter leur rendement !

19 000 Français sont inscrits au consulat d’Alger (pour 30 000 dans toute l’Algérie) dont 90 % de binatonaux. On peut estimer que la population française y est bien supérieure car si les expatriés s’inscrivent au registre des Français de l’étranger, en tous cas, ceux qui restent un certain temps, tous les binationaux ne se font pas connaître au Consulat.

Le CCPAS sert des allocations à 149 personnes, personnes âgées, handicapées, aide à l’enfance. Une petite douzaine de stagiaires bénéficient de stages AFPA, une mise à niveau préalable est organisée. C’est l’occasion de parler de la réforme des bourses. En effet 399 enfants sont boursiers. Le nouveau système paraît extrêmement favorable aux familles.

On me signale le cas d’enfants déplacés de façon illicite, cas extrêmement douloureux et où le droit est clairement bafoué puisque le jugement français et son exequatur algérien ne sont pas respectés par la partie algérienne. Un autre problème est celui de la spoliation des biens immobiliers des Français qui ont fait le choix de rester en Algérie après l’indépendance. Le nombre de dossiers ne cesse d’augmenter et ce sujet a été évoqué lors de la rencontre de François Hollande avec le président Bouteflika de même que la simplification des formalités, dans les deux sens, pour s’établir en Algérie et en France. En effet l’autorisation de travail est longue et difficile à obtenir pour un ressortissant français souhaitant s’installer en Algérie et s’il souhaite créer une entreprise il doit prendre un associé algérien qui détiendra 51% des parts.

Lors d’une de mes permanences parlementaires

Rencontre à la Chancellerie avec M. Jean- Baptiste Faivre, Ministre Conseiller en l’absence de l’Ambassadeur ainsi que M.Benoît Combourieu, Deuxième Conseiller et M. Franck Ristori, Responsable du service commun de gestion. Une meilleure relation entre nos deux pays est sensible depuis l’élection présidentielle et la visite de plusieurs ministres français préparant celle de François Hollande en décembre ont permis de renouer le dialogue politique facilitant un retour de la confiance. Près d’une trentaine d’objectifs communs ont été définis notamment sur la question des déplacements illicites d’enfants, des biens immobiliers spoliés, sur l’ouverture d’écoles françaises à Oran et Annaba et sur la question des visas. La prochaine réunion est annoncée pour fin 2013 réunissant les ministres impliqués dans ces différents dossiers.

La question des recrutés locaux est également abordée. Ils sont surchargés de travail et souhaiteraient de nouveau être payés en euros comme c’était le cas jusqu’en 2010. On me donne des raisons très techniques à ce changement qui ne semble pas être demandé par les autorités algériennes. L’ambassade de France possède des immeubles, très dégradés, où certains d’entre eux sont logés.

Cette réunion est suivie d’un déjeuner avec les syndicats du Consulat et de l’ambassade qui confirment ce que nous venons d’entendre en y ajoutant quelques informations : le passage au versement de leur salaire en dinar leur a fait perdre environ 30% de leur pouvoir d’achat. Il s’agit de tous petits salaires qui sont à peine augmentés d’une année sur l’autre. Ils demandent donc que leur salaire leur soit versé en euros sur des comptes de non résidents en France. Dès mon retour je suis intervenue auprès du Ministre de l’Economie et des Finances pour qu’une solution soit trouvée rapidement. J’ai appris par ailleurs qu’ils avaient déposé un préavis de grève.

Une classe du lycée Alexandre Dumas

Visite de l’école primaire du lycée international Alexandre Dumas. Nous sommes accueillis par le proviseur du lycée, un établissement en gestion directe, M. Marc Demeulemeester et le directeur du primaire M. Vianney Tipa que j’avais déjà rencontré lors d’une visite à Hambourg où il était en poste. L’école a ouvert à la dernière rentrée et nous visitons le site, bien aménagé et quelques classes. Nous rencontrons les représentants des enseignants qui viennent de France et se soucient de quelques problèmes matériels qui devraient être réglés très prochainement. Ils expriment leur satisfaction de travailler au sein d’une belle équipe pédagogique et énumèrent quelques-uns des projets tels que le printemps des poètes, la « belle lessive » que j’avais entr’aperçue au lycée franco-hellénique d’Athènes. Ils posent le problème de logements des recrutés locaux, problème très sensible à Alger. Nous rencontrons ensuite les représentants des parents d’élèves, membres de l’APE et du conseil d’école. Les mères que nous rencontrons sont inquiètes de la sécurité de leurs enfants et souhaiteraient que les murs autour de l’établissement soient rehaussés et que les mesures de sécurité soient renforcées. L’école est déjà saturée, la demande est très forte et les parents souhaiteraient l’ouverture d’une autre école.

Retour au consulat pour la permanence : un problème lourd de déplacement illicite d’enfant et entretien avec une association sur les questions relatives à la kafala. J’espère que le problème sera traité dans le cadre du projet de loi sur la famille: visa humanitaire si le dossier est complet, attribution de bourses pour les enfants placés en kafala dans des familles françaises résidant en Algérie/Maroc, congé d’adoption pour les familles recueillant un enfant en kafala, acquisition de la nationalité française pour les enfants placés dans des familles françaises ne résidant pas en France. Vaste chantier !

Rencontre ensuite avec M. Joël Lascaux, conseiller de coopération et d’action culturelle. La question linguistique et la question éducative sont tout à fait centrales et la pression sur les établissements existants est très forte. 2000 élèves sont scolarisés et 20000 souhaiteraient l’être. Outre le lycée international Alexandre Dumas existe une école de la MLF mais qui ne scolarise que les enfants d’expatriés d’entreprises, d’ambassades et d’organisations internationales. Beaucoup de parents se tournent vers des écoles privées locales qui proposent le double programme français et algérien aux enfants. Ces jeunes peuvent théoriquement passer le bac français dans l’académie d’Aix Marseille en candidats libres mais il y a saturation. La situation est explosive pour les Kabyles qui ne passent que le bac français, si on leur refuse de le passer pour cause de saturation.

Comme je le disais plus haut un projet d’école à Oran et un autre à Annaba devrait bientôt voir le jour, ce qui permettrait également d’attirer des entreprises et diminuerait, peut-être, la pression. L’ouverture de ces écoles est subordonnée à l’octroi de statut pour l’école algérienne à Paris qui a ouvert en 2001.

La journée se termine par un dîner à la résidence de M. Michel Dejaegher qui réunit trois des conseillers à l’AFE, Fwad Hasnaoui, Karim Dendene et Radya Rahal ainsi que Mme Annie Barbot, consule adjointe et chef de chancellerie et Mme Roselyne Lemarie, responsable des Affaires sociales. Radya se charge d’animer la conversation qui pourtant ne languissait pas !

Vendredi 15 mars

La journée commence un peu plus tard aujourd’hui et j’ai le temps d’admirer la baie d’Alger depuis le balcon de ma chambre d’hôtel. Jean et Thérèse Gernigon viennent me voir à l’hôtel avant mon départ. Nous nous rendons à un déjeuner champêtre au jardin d’essai organisé par fdm-adfe où je recevrai pour un entretien individuel les compatriotes qui le souhaitent.

Départ pour l’aéroport pour nous rendre sur Annaba. Je m’aperçois que je n’ai pas mon passeport qui est resté à l’hôtel. Grâce à la réactivité et à la débrouillardise de Fwad, grâce à la serviabilité et la gentillesse de Marie-Claude, je récupère mon passeport juste avant l’embarquement. Nous sommes accueillis à l’aéroport par M. Samey Safty, consul général de France.

La journée se termine par un grand dîner offert par le consul général et son épouse, dîner qui réunit un grand nombre de personnalités algériennes et françaises : le maire d’Annaba, le procureur général de la Wilaya, le Directeur de cabinet du Wali, un sénateur, l’avocat du poste, le président de la Chambre de commerce, le Directeur de l’Institut français, la présidente de fdm-adfe, le Conseiller FE et les trois consuls adjoints et j’espère n’oublier personne. Le président de l’UFE, par ailleurs recruté local au Consulat au service des Français, ne pouvant répondre à l’invitation du consul général pour raisons personnelles, vient cependant m’exposer les revendications des Français d’Annaba pendant l’apéritif.

Jamais ensuite autant de politesses ne furent échangées au cours d’un dîner…

Samedi 16 mars

Dans les locaux de l’association Le Petit Prince

Visite des espaces culturels francophones de l’Association le petit Prince (FLAM) avec Mme Zoubeida Mecheri, présidente de fdm-adfe et Fwad Hasnaoui. Ces espaces offrent une large palette d’activités scolaires, éducatives, culturelles encadrées par une petite trentaine d’enseignants et d’animateurs. Bibliothèque, manifestations culturelles, sorties thématiques et échanges inter associatifs locaux, nationaux et internationaux.

Visite ensuite du chantier de réfection de la basilique saint Augustin qui domine Annaba. Les travaux sont presque terminés et ont été financés par la coopération française, l’Etat algérien et des dons. Bel exemple de coopération et de partenariat public privé!

Déjeuner à Saraidi, situé à une vingtaine de kilomètres d’Annaba avec des membres de fdm-adfe. La question de la permanence qui ne pourra plus se tenir dans les locaux du consulat est longuement évoquée et difficilement acceptable pour les membres de fdm-adfe.

L’après midi sera l’occasion d’une réception avec la communauté française. Après un petit discours et une présentation des projets gouvernementaux pour les Français de l’étranger, je reçois les personnes qui souhaitent m’entretenir de leurs problèmes.

A l’institut français

Visite de l’Institut français où nous sommes accueillis par le Directeur, M. Patrick Garaud. L’Institut est un lieu de rencontres pour les jeunes, il a un agenda culturel varié et une belle médiathèque. Des échanges de jeunes artistes se font avec la ville de Dunkerque. A cela s’ajoutent les activités de cours et celles de Campus France.

Entourée des militants de la section PS

La journée se termine par un dîner avec la section PS organisé par son secrétaire, Redha Djeghaba. La discussion est vive, animée et chaleureuse !

Dimanche 17 mars

La journée commence par une visite au Secrétaire général du Wali. Je suis accompagnée par Fwad Hasnaoui et le Consul général, M. Safty. La question du site pour l’implantation d’une école française est évoquée ainsi que celle de la présence d’entreprises françaises.

Mon séjour se termine par une visite du Consulat, au service aux Français, au service des visas et un entretien avec les recrutés locaux qui s’inquiètent beaucoup de la dégradation de leurs conditions de travail et de leur avenir (retraite).

Départ pour l’aéroport où je m’embarque pour Paris.

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