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Interview au petitjournal.com Barcelone

Je me suis rendue les 25, 26 et 27 septembre à Madrid puis Barcelone. Au cours de ce déplacement, j’ai répondu aux questions du petitjournal.com Barcelone. Entretien.

Lepetitjournal.com : Quel a été le programme de votre visite en Espagne ?
Claudine Lepage (Photo archives LePetitJournal.com Bangkok) : A Madrid, je me suis entretenue avec la Consule Générale de France Christine Toudic, sur les diverses problématiques spécifiques à l’Espagne, comme la mise en place de la réforme de l’aide à la scolarité ou l’action du comité consulaire d’aide sociale. J’ai déjeuné avec plusieurs représentants d’associations françaises puis j’ai visité le foyer Saint-Louis, avant d’assister au pot de rentrée de la section espagnole de Français du monde-adfe. A Barcelone, j’ai visité le Lycée français, que je ne connaissais pas et où j’ai pu échanger avec certains enseignants et les parents d’élèves. Je suis allée rendre visite au nouveau Consul, Edouard Beslay, puis j’ai terminé la journée avec les amis de Français du monde adfe et du PS. J’étais également accompagnée des conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger, Soledad Margareto, Monique Morales et Jean Nessins à Barcelone, qui font un travail de terrain remarquable.

Lorsque vous vous déplacez à l’étranger de la sorte, comment est-ce que cela se passe ? Vos interlocuteurs vous transmettent leurs requêtes particulières ? Leurs complaintes ?
Il arrive parfois que certaines personnes me transmettent des demandes particulières. Mais c’est surtout important en tant que Sénatrice, de venir sur le terrain pour disposer d’une vue générale de l’expatriation des Français dans le monde, et pouvoir comparer les situations des uns et des autres, selon les pays. En Espagne, j’ai notamment pu constater les actions menées à destination des citoyens en grande difficulté, avec le travail du Consulat, qui aide plus de 80 personnes en détresse, mais aussi grâce à l’implication des associations de Bienfaisance. Indéniablement, la crise a nettement aggravé la situation de nombre de nos concitoyens.

Compte-tenu de cette situation, on vous a transmis beaucoup de requêtes ?
Non, pas vraiment. Je crois que nos concitoyens d’Espagne ont conscience que la France fait déjà beaucoup pour eux. L’Espagne est ainsi l’un des derniers pays d’Europe où persiste un comité d’aide sociale consulaire, avec un budget de 265.000 euros par an. Par rapport à d’autres pays, l’Espagne bénéficie en outre d’un bon niveau de prestations de la part du gouvernement français, notamment en termes de services consulaires et d’agents en poste. Les personnes que j’ai rencontrées ont notamment conscience qu’il y a d’autres pays où l’on supprime des postes pour en créer de nouveaux ailleurs, dans les pays émergents par exemple. A cet égard l’Espagne est plutôt préservée. Cela dit, au cours de cette visite j’ai surtout entendu un plaidoyer pour conserver le nombre d’écoles françaises sur le territoire.

Justement, qu’en est-il du cas du Lycée français de Palma de Majorque ?
Les cas du Lycée de Palma a longuement été débattu lors du dernier conseil d’administration de l’AEFE, dont je suis membre. Si auparavant l’école était endettée et s’il y avait des craintes de départs d’élèves, il semblerait qu’aujourd’hui le nombre d’enfants inscrits s’est maintenu et qu’une partie des dettes a été épongée. Par ailleurs les parents s’engagent pour que l’école puisse continuer, tant financièrement qu’au niveau de leur implication dans l’établissement. On se trouve donc dans une situation où l’on peut envisager des perspectives d’avenir beaucoup plus sereines. Afin d’atteindre le point d’équilibre, l’augmentation du nombre d’élèves serait bienvenue. A cet égard, il serait nécessaire de lancer un projet immobilier pour agrandir les locaux, projet qui pourrait débuter à l’été 2014 si les garanties de prêt sont obtenues.
Lors de ma visite à Madrid, j’ai recueilli plusieurs témoignages optimistes sur l’établissement, mais je crois que j’irai me rendre compte sur place moi-même, d’ici l’été.

Toujours dans le domaine du scolaire, la disparition de la PEC, dont le budget a été réparti sur 3 ans sur le système des bourses, a soulevé un certain nombre de mécontentements. Quels sont les aménagements qui pourraient être mis en place en Espagne ?
La mise en place de la réforme de l’aide à la scolarité s’est déroulée en Espagne avec quelques difficultés  mais c’est inhérent à toute réforme. Tant que la 2e commission nationale de bourses ne s’est pas tenue -elle se tiendra en décembre- il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Toujours est-il que les prochaines commissions locales, courant octobre, devront d’ores et déjà  réfléchir à des ajustements, en fonction des spécificités de chaque zone. Il faudra notamment envisager un seuil immobilier plus en lien avec la réalité du pays. D’autres questions se posent quant à la possession de biens immobiliers : par exemple est-il normal que des personnes qui disposent de plusieurs propriétés, même modestes,  puissent bénéficier de bourses ? La valeur du bien prise en compte doit être elle celle d’acquisition ou celle de marché ? Bref, il reste une réflexion à mener sur la question.
Enfin je voudrais souligner que nous nous sommes aperçus que le nouveau calcul des bourses désavantage les familles monoparentales. Nous devons donc mener une réflexion pour aider les personnes seules qui ont des enfants à charge, afin qu’elles bénéficient d’un coup de pouce supplémentaire.

Vous avez vous même été une femme expatriée pendant plus de 30 ans. Aujourd’hui membre de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, quel est votre regard sur l’expatriation au féminin ?
Même s’il y a de plus en plus d’hommes qui suivent leur femme en expatriation, les femmes qui vivent à l’étranger restent dans leur majorité des femmes qui ont abandonné leur carrière professionnelle pour accompagner leur conjoint -ou pour rejoindre un natif, qui vivait déjà dans le pays. Souvent, pour ces femmes, s’expatrier c’est tout recommencer depuis zéro, dans un pays où l’on ne parle pas forcément la langue, où les diplômes ne sont pas forcément reconnus.
Quand on s’expatrie, il faut être consciente qu’il y a une rupture et qu’il faut repenser complètement son projet professionnel. Je l’ai personnellement vécu et je l’ai vu autour de moi, même s’il me semble qu’aujourd’hui les nouvelles générations d’expatriées sont mieux préparées à ce qui les attend.

D’autres déplacements prévus prochainement ?
Oui, je devrais notamment voyager en Chine en octobre.

Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com – Espagne) Mardi 1er octobre 2013

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