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Déplacement en Ecosse 9 -12 mars 2014

photo EcosseJ’ai effectué un voyage de trois jours en Écosse avec Axelle Lemaire, députée de la circonscription, Morgane Marot, présidente de Fdm-adfe Royaume-Uni. Maud Pidou, la collaboratrice parlementaire d’Axelle Lemaire était également du voyage.

L’objectif de ce déplacement était double : la présence française en Écosse et le prochain referendum sur l’indépendance qui se déroulera le 18 septembre prochain et qui occupe tous les esprits, nous le constaterons très vite.

Pour la partie française de notre programme nous avons donc eu des entretiens avec le Consul général M. Alain-Pierre Coffinier, avec  le Directeur de l’Institut, M. Vincent Guerin , Mme Marie-Christine Thiébaut, attachée de coopération, Mme Emeline Javière , consule adjointe et Mme Anne-Colette Lequet, conseillère à l’AFE.

Lors d’un premier entretien avec le Consul général, celui-ci nous expose la problématique de l’indépendance de l’Ecosse et ses enjeux économiques, sujets sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir avec nos interlocuteurs écossais. L’avenir des bâtiments, Consulat, Institut est également évoqué:  la question immobilière est délicate à Édimbourg, la ville étant figée d’un point de vue architectural.

5586 Français sont inscrits au registre d’Edimbourg, ce qui représente 3100 électeurs. Une dizaine de personnes en situation sociale très précaire sont connues du consulat, qui dispose d’un budget de 500 euros annuels pour leur venir en aide. Le rôle de l’agent, recrutée locale, qui s’occupe des affaires sociales depuis des années est, au delà de l’écoute, de les diriger vers les services sociaux écossais. La société de bienfaisance, qui reçoit une subvention de 1200 euros du Ministère des Affaires étrangères, soutient le service d’action sociale.

Dans le domaine culturel, des accords importants ont été signés entre le festival d’Avignon et le festival Édimbourg, il s’agit essentiellement d’échanges sur l’ingénierie de festivals. De même un accord existe entre le festival du Livre de Saint Malo Grands Voyageurs et le Book Festival Édimbourg sur la programmation et sur l’organisation de tournées communes. Des échanges gastronomiques avec de grands chefs ont également lieu avec l’école hôtelière de Dinard, des repas à la française avec des produits écossais, d’excellente qualité.

D’autre part des projets, de type Leonardo sur fonds européens, portés par la Chambre de Commerce, essaient de se mettre en place. Une cinquantaine d’apprentis français viennent pour travailler dans des hôtels, restaurants en Écosse sur des durées allant de 2/ 3 semaines à 6 mois. Un beau projet financé par l’Europe qui se voit freiné par des rigidités administratives, côté français, inexplicables !

Pour ce qui concerne les cours, ils ont augmenté de 170% en trois ans alors même que leur nombre avait fortement chuté puisque l’Institut luttait pour sa survie il y a trois ans. L’expérimentation de rattachement direct de l’Institut à l’Institut français de Paris a pris fin en décembre 2013 et l’on est revenu à la situation administrative antérieure, c’est à dire le rattachement au service culturel de l’ambassade. Tous ces changements sont perturbants pour les personnels mais leurs contrats ont été préservés.

Des échanges culturels ont lieu au plus haut niveau lors du sommet bi-annuel. Le prochain sommet aura lieu du 12 au 14 août 2014 et la visite d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, est attendue par Fiona Hyslop, son homologue écossaise. Bien sûr, l’on espère ici  des retombées économiques à ces échanges culturels.

La place de la langue française est assurée dans les écoles écossaises puisqu’elle est enseignée dans 99% des établissements scolaires. Le gouvernement écossais promeut l’enseignement des langues étrangères mais s’oppose à la création d’école française, polonaise ou autres, considérées comme des écoles communautaristes. Ils ne sont pas prêts non plus, (pas encore ?) à mettre en place des filières bilingues dans leurs établissements. Deux enseignants français sur  programme Jules Verne se trouvent en Ecosse mais il n’y a aucune réciprocité. Selon Marie-Christine Thiébaud les académies en France sont peu enclines  à envoyer des enseignants sur programme Jules Verne.  Le professeur continue, en effet, à être rémunéré par son académie qui  doit parfois faire face  à une pénurie d’enseignants. En revanche, un programme de  coopération est mis en place dans 8 académies en France avec des « councils » pour former des  enseignants de langues écossais en France.

A Édimbourg comme à Glasgow les parents français se sont organisés pour créer des petites écoles afin que les enfants français gardent un contact avec la langue et la culture françaises. A Édimbourg nous rencontrons Mme Nicole Hall. La petite école, qui a été créée en 1983, accueille 70 enfants répartis sur plusieurs cours de différents niveaux. Il y a même une liste d’attente. Les cours ont lieu dans une école secondaire mais les locaux sont mal adaptés aux tout petits. Nicole Hall mentionne un souci au niveau de la formation des enseignants. L’Institut français les aide beaucoup à ce niveau. Nicole Hall espère que cette coopération bénéfique continuera après le départ de Marie-Christine Thiébaud prévu cet été.

A Glasgow nous visitons la crèche francophone, le club Picoti,  qui se  réunit une fois par semaine dans une salle paroissiale, et qui accueille les enfants dès leur plus jeune âge. Nous rencontrons ensuite Mme Véronique Miller,  que j’ai plaisir à revoir, qui est la directrice des cours de l’Ecole buissonnière qui compte 5 classes avec des enfants de 3 à 11 ans. Elle est  hébergée  dans une école primaire. Comme à Édimbourg la petite école essaie de mettre en place un groupe pour les enfants qui entrent dans le secondaire. Mais c’est difficile car les pré-adolescents ont d’autres priorités à cet âge, d’autres intérêts et il faut sans doute leur proposer des activités différentes commet théâtre, BD ou autres.

Côté culture toujours  je fais une très brève visite à l’Alliance françaisede Glasgow avant de repartir pour  l’aéroport. L’Alliance, que j’avais visitée lors de mon précédent passage,  loue une partie des locaux du Goethe Institut. L’année 2014 sera une année décisive pour elle car son bail avec l’Institut Goethe doit être renégocié avant le 1er juillet et la Directrice, qui part à la fin de l’été, et ne sera pas remplacé. Une subvention de transition  devrait permettre un recrutement local pour diriger l’Alliance…

Pour ce qui concerne la question de l’indépendance de l’Ecosse, elle nourrira tous les entretiens que nous aurons avec Mme Margaret Porteous, haut fonctionnaire de sa Majesté, Mme Fiona Hyslop ministre de la Culture du gouvernement écossais, membre du parti nationaliste écossais (NSP) Mme Christina McKelvie (NSP), Mme Annabel Goldie ( Tory) et M. Malcolm Chisholm (Labour), députés  au parlement écossais. Cette question sera également au centre des conversations lors du déjeuner avec  le Franco-Scottish  Business Club dont les membres sont divisés sur la question  et du dîner offert par M. et Mme Coffinier avec M. Christian Allard , un compatriote, membre du parlement écossais (NSP) , M. Brian Taylor, journaliste et son épouse Pamela, et Mrs Maureen Watt, également du parlement écossais et NSP (National Scottish Party).

Le parti nationaliste écossai,s au pouvoir en Ecosse depuis 2011, est dirigé par Alex Salmond. Le NSP a remporté les élections avec  44,04 % des voix,  soit 68 sièges au Parlement écossais.

COMPOSITION DU PARLEMENT ÉCOSSAIS 2011

Parti

Députés

Parti national écossais (SNP)

68

Parti travailliste écossais

37

Parti conservateur écossais

15

Démocrates libéraux écossais

5

Parti vert écossais

2

Indépendant

1

Selon ses membres le NSP n’est pas un parti nationaliste au sens où nous, Français, l’entendons, ce n’est pas un parti fermé, c’est au contraire un parti de centre gauche ouvert sur l’extérieur. Ses priorités sont la santé et l’éducation  et la défense des services publics. Ils considèrent la politique sociale, la redistribution comme tout aussi importantes que la politique économique qui tourne autour de l’énergie (pétrole, gaz et énergies renouvelables) et la finance.

Le gouvernement britannique ne souhaite pas engager de négociations avant le referendum et il veut garder l’Ecosse au sein du Royaume-Uni. Il dénonce le manque de clarté du programme des indépendantistes écossais. Mme Margaret Porteous rappelle que si l’Ecosse veut intégrer l’Europe, elle doit avoir une banque centrale. La question de la monnaie se pose également. Quelle monnaie pour une Ecosse indépendante ? En tous cas selon les résultats du referendum le gouvernement britannique semble prêt à bouger pour plus d’autonomie pour l’Ecosse. Le mot fédération a même été prononcé. Les élections générales auront lieu d’ici un an en Grande Bretagne. Il est évident que le referendum sur  l’indépendance de l’Ecosse et le referendum possible sur la sortie de l’Europe, sont autant de cailloux dans la chaussure britannique.  Le gouvernement tory joue sur l’incertitude et les craintes des gens en prédisant le départ de  toutes les entreprises si le oui l’emporte!

Le gouvernement écossais voit l’indépendance comme une  chance  de développement. Selon Mme Fiona Hyslop, l’Ecosse est une nation pas une région. La désindustrialisation à l’époque de Margaret Thatcher dans le secteur des mines, de la sidérurgie, de l’automobile a transformé la région. Le secteur de l’énergie, l’agro-alimentaire (whisky et saumon), les services financiers, les jeux vidéo, le cinéma  ouvrent de nouvelles opportunités.  Actuellement les principales compétences sont du ressort du gouvernement britannique : fiscalité, finances, monnaie, régulation de l’énergie et des transports nationaux. Seuls l’environnement, les transports locaux, l’aménagement du territoire au niveau local, l’agriculture et la pêche outre l’éducation, la justice, la culture et la santé,  sont « dévolus » au gouvernement écossais.  Le gouvernement britannique verse une subvention globale fonction de la démographie pour financer les politiques «dévolues ».

Le gouvernement écossais  place  la jeunesse au cœur de ses priorités. Il souhaite rester dans l’Union européenne, indépendamment d’un possible referendum de Londres sur la sortie de la Grande Bretagne de l’Union européenne.   Pour attirer de nouvelles entreprises les Écossais  pourrait, sur le modèle irlandais,  baisser l’impôt des sociétés, on parle de 12%, ce qui va à l’encontre de l’harmonisation fiscale que nous,  Français, souhaitons. A titre transitoire ?

En tous cas les Écossais veulent garder la livre Sterling, rester dans l’Union européenne et garder la Reine !

Après une visite du parlement écossais (je ne peux m’empêcher de penser au polar d’Ian Rankin qui se déroule sur le site pendant sa construction) les trois députés Mme Christina McKelvie (NSP) Mme Annabel Goldie (Tory) et M. Malcolm Chisholm (Labour) poursuivent le débat. C’est le débat constitutionnel qui est au cœur de leurs préoccupations. Si le oui l’emporte au referendum s’ouvriront deux négociations, l’une entre l’Ecosse et la Grande Bretagne et l’autre entre l’Ecosse et l’Union européenne. Si le non l’emporte, il y aura quand même des évolutions, là encore le mot fédération tombe.

C’est en toute hypothèse un débat complexe qui enflamme les conversations, nous le voyons lors du déjeuner avec le Franco-Scottish Business Club,  qui selon nos interlocuteurs divise les familles  et pour lequel tous les habitants de l’Ecosse, Ecossais ou non  se passionnent. Tous à partir de 16 ans, quelle que soit leur nationalité, pourront voter le 18 septembre.  Toute autre question est occultée actuellement.

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