3

La France attire les groupes chinois

Mercredi 26 mars, alors que le président chinois Xi Jinping était en visite officielle en France, le constructeur automobile chinois Dongfeng est entré à hauteur de 14 % dans le capital du groupe français PSA. Le groupe chinois, qui coopère déjà aujourd’hui avec Peugeot et Citroën, veut profiter de l’expérience ancienne, du savoir-faire et de la renommée du groupe.

C’est la même logique qui pousse l’un des groupes chinois les plus prospère, le conglomérat privé Fosun, à vouloir entrer davantage dans le capital du Club Med. Fosun est aujourd’hui l’un des deux principaux actionnaires de l’entreprise française, dont il détient 9,96 % du capital et 17 % des droits de vote. Ce partenariat est particulièrement stratégique du fait de la forte croissance du marché chinois du tourisme et de l’expérience du Club Med dans ce domaine. C’est pourquoi le conglomérat souhaite entrer dans le capital de l’entreprise à hauteur de 46 %. Envisagée dès 2010, annoncée en 2013, l’opération est actuellement suspendue à la décision, attendue le 29 avril, de la cour d’appel de Paris, suite au recours d’actionnaires minoritaires. Elle n’est donc pas encore actée, mais témoigne par son envergure de l’attrait de cet imposant groupe chinois pour l’entreprise française.

Le groupe chinois Bluestar a également racheté en 2006 le groupe Adisseo spécialisé dans la nutrition animale et, en 2007, la branche silicone de Rhodia, l’un des principaux groupes de l’industrie chimique française. Hainan Airlines a acquis en 2012 48 % du capital de la compagnie aérienne française Aigle Azur. On constate donc que de nombreux secteurs attirent les groupes chinois.

L’un d’eux les intéresse toutefois particulièrement : l’agroalimentaire, car la Chine rencontre de nombreux problèmes dans ce domaine, notamment depuis le scandale du lait contaminé en 2008. L’industrie chinoise vient chercher en France la qualité qui lui fait défaut : le producteur de lait Synutra a ainsi investi 90 millions dans le Finistère pour construire des infrastructures permettant de produire 100 000 tonnes de lait en poudre par an.

A noter que si l’expérience et le rattrapage technologique motivent les groupes chinois qui s’installent en France et entrent au capital d’entreprises françaises, il s’agit également pour eux d’accéder aux marchés français.

Certes, l’investissement chinois en France reste modeste. Les implantations d’entreprises chinoises en France sont limitées par rapport au nombre de sociétés françaises installées en Chine : 250 contre 9 000. Les investissements directs chinois en France ne représentent que 0,8 % des IDE sur notre territoire en 2012. En valeur absolue, les investissements français en Chine sont quatre fois supérieur aux investissements chinois en France (16,7 milliards contre 4,2 milliards en 2012). La Chine, deuxième investisseur mondial, n’est que le huitième investisseur français.

Mais c’est ici la dynamique qu’il faut considérer. L’attrait des groupes chinois pour notre pays est réel, en témoigne les exemples précédemment cités. Si les investissements chinois restent limités en valeur absolue, leur progression est impressionnante. Les investissements directs chinois en France ont augmenté de 506 % depuis 2007. En 2012, 92 groupes chinois se sont implantés en France, permettant la création de 12 000 à 15 000 emplois. Ce dynamisme fait figure d’exception en Europe, où tous les autres pays ont vu les investissements chinois reculer.

Dans ce contexte, la visite en France du président chinois la semaine dernière a été l’occasion de reconsidérer le partenariat franco-chinois et d’évoquer son avenir. Il est important de soutenir la dynamique à l’œuvre et d’accélérer le rééquilibrage des investissements. 50 accords, parmi lesquels celui scellant le rapprochement PSA / Dongfeng, ont ainsi été signés, pour une valeur de 18 milliards d’euros.

Le développement de nos relations économiques avec la Chine est une bonne chose pour notre pays, notamment pour la création d’emplois. Toutefois, le peu de considération pour la démocratie lors des négociations sur l’accord de coopération sur les services entre Taïwan et la Chine continentale, qui a déclenché des mouvements contestataires à Taipei il a deux semaines, nous rappelle, une nouvelle fois, que le non-respect des droits de l’homme demeure un problème persistant en Chine. Nous devons porter nos valeurs, et œuvrer pour que l’ouverture économique du pays s’accompagne d’une véritable garantie des droits de l’homme.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*