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Premier débat entre candidats à la présidence de la Commission: ayons le courage de changer d’Europe!

Hier, Martin Schulz et Jean-Claude Juncker, candidats respectifs du Parti Socialiste Européen (gauche) et du Parti Populaire Européen (droite) à la présidence de la Commission européenne, ont débuté leur campagne par un premier débat, en français, diffusé sur France 24 et RFI, hier mercredi 9 avril. Un nouveau président de la Commission doit en effet être choisi suite au renouvellement du Parlement européen le 25 mai prochain, et en adéquation avec la majorité sortie des urnes.

L’Allemand Martin Schulz est actuellement, et depuis 2012, président du Parlement européen, dont il est député depuis 1994. Premier ministre et ministre des finances luxembourgeois de 1995 à 2013, Jean-Claude Juncker a également été président de l’Eurogroupe (réunion mensuelle et informelle des Ministres des finances de la zone euro) de 2006 à 2013.

Ce débat de 50 minutes avait vocation à poser les bases de la campagne, plutôt qu’à détailler les programmes des deux candidats. Ce qui serait d’ailleurs un exercice difficile, dans la mesure où le PPE n’en a pas, alors que le PSE a adopté dès mars dernier son Manifeste, dont les propositions sont détaillées sur le site français de la campagne.

Il est intéressant de noter que Jean-Claude Juncker approuve de nombreuses propositions de Martin Schulz, cherchant ainsi à brouiller le débat et à renforcer l’idée que le clivage politique gauche/droite est un leurre, idée avancée par les partis eurosceptiques pour affirmer qu’ils sont la seule alternative réelle. Mais ce qu’approuve M. Juncker diffère largement de la politique menée par le parti populaire européen depuis dix ans qu’il dirige la Commission et est le premier parti du Parlement européen. La question de ce qui les différencie a été posée aux deux candidats lors du débat. Martin Schulz, rappelant que Jean-Claude Juncker adhère à ses propositions (et l’en remerciant), a souligné à juste titre que se pose davantage la question de la réelle proximité entre les positions de M. Juncker et le PPE.

Le débat a toutefois permis de mettre en exergue ces différences bien réelles. Concernant les politiques de lutte contre la crise, Martin Schulz a estimé qu’ « on aurait dû changer de cap plus tôt » et qu’ « il faut de la discipline budgétaire, mais il aurait également fallu faire des investissements ». Jean-Claude Juncker a quant à lui tenu à réaffirmer que la rigueur, certes regrettable, n’était autre que la conséquence de « dérapages ». Il prétend par ailleurs que le PPE était favorable aux investissements, mais force est de constater que telles n’ont pas été les politiques mises en œuvre.

Au sujet des politiques à mener pour relancer la croissance et créer des emplois, on trouve également des différences d’analyse. Martin Schulz souligne que le problème majeur est que les petites et moyennes entreprises, qui ont du potentiel et sont « la colonne vertébrale de l’économie dans beaucoup d’Etats » peinent à exploiter ce potentiel car elles n’ont pas suffisamment accès au crédit. Il faut résoudre ce problème en fluidifiant cet accès, notamment grâce à la Banque publique d’investissement. Jean-Claude Juncker reste dans le flou en expliquant qu’il faut « moderniser l’économie européenne, regarder vers l’avenir, sans mobiliser des montants budgétaires énormes ».

Martin Schulz a expliqué que la croissance allemande est une bonne chose, mais qu’il faut qu’elle tire les autres pays de l’UE vers le haut, qu’elle soit une locomotive. En outre, il a rappelé que le modèle allemand, qui a certes permis la croissance, mais est basé sur la prime à la casse et le travail partiel, n’est pas le seul. Il a salué le modèle choisi par la France pour sa relance. Jean-Claude Juncker a simplement souligné que « les pays qui ont les déficits les moins élevés sont ceux qui ont les meilleurs taux de croissance ».

En matière de politique étrangère, le candidat socialiste a tenu à nuancer les critiques qui sont formulées contre Madame Ashton, que l’on tient souvent responsable du manque d’unité de la politique étrangère européenne, alors même que les réticences viennent des Etats. Il a affirmé que, à la tête de la Commission, il essayerait de les convaincre.

Enfin, Martin Schulz témoigne d’une réelle préoccupation pour le rapprochement entre l’Europe et les citoyens. Interrogé sur son attitude à la tête de la Commission, il a expliqué vouloir « rendre public qui fait quoi, intégrer les citoyens citoyennes dans les processus de décision et leur demander leur avis ». Jean-Claude Juncker s’est contenté de définir les priorités de la Commission (croissance et emploi) sans mentionner les citoyens. Or, le manque de proximité et de transparence est précisément l’un des principaux reproches adressés aujourd’hui à l’Union européenne, et expliquant le peu d’intérêt des citoyens à l’approche de l’élection de mai.

Ce débat marque le vrai début de la campagne pour les élections européennes. Une victoire des socialistes européens sera notre chance de changer pour une Europe, plus forte, efficace, démocratique et sociale, parce que comme le rappelle Martin Schulz, « l’austérité seule ne sert à rien ».

Cliquez ici pour (re)voir le débat.

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