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Déplacement en Bosnie-Herzégovine 23 au 27 octobre 2017

Mon déplacement en Bosnie-Herzégovine s’inscrit dans le cadre de la réunion annuelle de  l’Assemblée régionale Europe de l’APF (Assemblée parlementaire de la Francophonie). Je suis accompagnée de M. Jacques Krabal, député de l’Aisne et président de la délégation et de Mme Valerie Checketts, fonctionnaire au service des relations internationales  à l’Assemblée nationale.

La Bosnie-Herzégovine est membre observateur mais nous ne rencontrerons que peu d’interlocuteurs bosniens  francophones. (le terme bosniaque étant réservés aux citoyens musulmans de ce pays).

Arrivés dans l’après-midi nous nous rendons à une réception à l’Hôtel de Ville organisée pour les parlementaires francophones. Ce bâtiment est l’ancienne Bibliothèque Nationale et Universitaire incendiée lors du siège de Sarajevo qui a duré du 5 avril 1992 au 14 février 1996 et a opposé les forces de la Bosnie-Herzégovine, qui avaient déclaré leur indépendance de la Yougoslavie, et les paramilitaires serbes qui voulaient rester attachés à la Yougoslavie. Si les traces de la guerre restent visibles un peu partout, l’Hôtel de Ville qui abrite également un musée sur l’histoire du pays est magnifiquement restauré.

Mardi 24 octobre 2017

La première matinée est consacrée, après les discours d’ouverture d’usage,  à l’enseignement du français et à la place de la langue française dans le monde professionnel. Trois témoignages  sont prévus et les interventions sont suivies d’un débat. Tout d’abord nous entendons M. Jean-François  Le Roch propriétaire et président du Collège international français de Sarajevo. M. le Roch a également développé quatre autres écoles françaises dans la région (Pristina, Skopje, Odessa et Tirana). Le CIFS compte 250 élèves dont 37 Français. M. Le Roch présente le réseau  des écoles françaises à l’étranger l’AEFE et la Mission laïque française avec l’aide de laquelle l’école de Sarajevo a été fondée.

Le deuxième intervenant est M. Emmanuel Mouriez, Conseiller de coopération culturelle et scientifique et en même temps Directeur de l’Institut français de Bosnie-Herzégovine. Outre l’enseignement du français à l’institut pour des publics de tous âges, l’Institut apporte un soutien à l’enseignement du français dans les écoles bosniennes.

Enfin la troisième personne à intervenir était Mme Osmanovic, chef du département de Français de l‘ université de Sarajevo. Mme Osmanovic constate le primat  de l’anglais dans le canton de Sarajevo. La deuxième langue s’apprend vers l’âge de 10 ans, il s’agit de l’allemand le plus souvent et ce n’est que plus tard que le français s’apprend en tant que troisième langue étrangère. Le français est en recul devant le turc. Le français n’est enseigné en première langue que dans trois écoles. Les liens historiques avec l’Autriche et l’Allemagne expliquent bien entendu la place de l’allemand ; l’attrait économique dont bénéficie ces deux pays doit également être pris en compte.

Un peu gênée par le tour franco-français que prenaient les interventions (c’est compliqué parfois la Francophonie), j’ai relancé l’idée de convergence sur les programmes scolaires des pays francophones et sur un bac francophone. Propos repris  par les collègues de Belgique. L’idée est à creuser!

L’après-midi a été consacrée à l’audition de quatre intervenants sur l’atout ou non  que représente le français dans le monde du travail. Mme Lalic, étudiante en droit et M. Delimustafic, étudiant en relations internationales témoignent de leur expérience de l’utilisation des langues et notamment du français dans la période d’orientation post-lycée.

Nous entendons ensuite M. Denisot, attaché de coopération éducative et linguistique de l’Institut français de  Budapest qui pose la question de savoir si le français est un atout dans le monde du travail. Il plaide pour le plurilinguisme où le français trouverait toute sa place.

Enfin Mme Brino, professeur d’interprétariat/traduction qui se fait le porte-parole des inquiétudes des traducteurs/ interprètes  et se demande si le choix du français, au-delà du romantisme qu’il continue à véhiculer favorise l’emploi.

Mercredi 25 octobre 2017

La matinée est réservée à l’intervention d’une représentante de l’Union européenne sur l’agenda des réformes et les entreprisses privées dans le processus d’intégration européen de la Bosnie-Herzégovine. Son intervention est optimiste malgré les difficultés institutionnelles du pays qui freinent les évolutions.

Sa présentation est suivie de celle de Mme Mingansson, franco-bosniaque, l’une des fondatrices de l’association Udruzene (« femmes unies ») ayant  pour objectif de permettre à des femmes victimes de traumatismes de guerre de réintégrer la société par un travail psychosocial et une activité  économique.

Cette association permet à environ deux cents femmes de gagner leur vie en utilisant le savoir-faire traditionnel. Au cours des années leur technique s’est améliorée, elles travaillent avec des créateurs de mode et les produits sont distribués dans le monde entier. Une action concrète utile et une présentation sobre qui passionne l’auditoire.

Dernière intervention de la matinée Mme Selmanagic, avocate à Sarajevo. Elle nous parle de la formation et de l’encadrement de l’entreprenariat, notamment féminin : des instruments stratégiques au service de la création d’emploi.

L’après-midi nous assistons à la projection d’un film promotionnel sur le français en Bosnie-Herzégovine puis d’un film de présentation de l’Andorre où doit se dérouler l’assemblée régionale Europe en 2018. Enfin, nous assistons à la présentation d’une pièce de théâtre par des élèves francophones d’un lycée bosnien et du Collège français. Malheureusement l’endroit choisi, complètement inapproprié et bruyant ne nous a pas permis d’apprécier à sa juste valeur le travail des élèves et de leurs enseignants. Dommage !

M.Mouriez nous emmène visiter l’Institut Français situé en face du tristement célèbre marché Markale. La première attaque, le 5 février 1994, fit 68 morts et 144 blessés, tandis que la seconde, le 28 août 1995, fit 37 morts et 90 blessés. Dans les deux cas, la provenance des tirs fut controversée.

Après la seconde attaque, l’OTAN déclencha une campagne de bombardements sur Sarajevo qui fut décisive.

L’Institut occupe trois étages et les locaux modernes et confortables tranchent avec l’aspect extérieur de l’immeuble. Médiathèques, salles de classe, bureaux, les locaux sont à la fois fonctionnels et accueillants.  Nous rencontrons le directeur adjoint, la médiathécaire, la secrétaire générale et toute l’équipe qui fait tourner l’Institut.

Nous profitons des derniers rayons du soleil pour aller visiter la vieille ville de Sarajevo, rues étroites, échoppes, mosquées jouxtant des bâtiments de l’époque austro-hongroise et un peu plus loin encore des gratte-ciel. Ici et là les traces de la guerre encore proches, sont visibles : impacts de balles, d’obus. L’hôtel où nous résidons, situé le long de la « sniper  allée » est un bâtiment « historique » d’où furent tirés les premiers coups de feu lors du conflit et qui  servit de QG aux journalistes tout au long de la guerre.

Nos hôtes nous emmènent passer la soirée à la montagne olympique de Jahorina. La nuit tombe à 18 heures, nous n’avons malheureusement pas vu le paysage mais nous avons senti l’air frais et limpide de la montagne et vu les premières neiges de l’année.

Jeudi 26 octobre 2017

La journée du jeudi est réservée à une visite culturelle et c’est ainsi que nous nous rendons à Mostar. La ville est magnifique, le site est grandiose mais les traces de la guerre sont encore plus présentes qu’à Sarajevo.

Nous rentrons à Sarajevo juste à temps pour le dîner offert par l’ambassadeur  afin  de permettre à notre délégation, M. Krabal et Mme Checketts de compléter sa vision de la Bosnie Herzégovine, dont les institutions qui datent des accords de Dayton sont très complexes et rendent les relations culturelles ou économiques difficiles. C’est apparemment une terre de mission pour la France!

La communauté française compte entre 300 et 400 Français et plus de 50% sont des binationaux. Des Bosniens qui ont fui la guerre en France, ont acquis la nationalité française et reviennent au pays tenter leur chance et participer à la renaissance du pays. Sur les 37 Français, scolarisés au CIFS la moitié des élèves est boursière. C’est l’occasion de retrouver M. Guillaume Rousson l’ambassadeur et son épouse, M. Jean-Marie Démange, chef du service  économique régional basé à Sofia, M. Bertrand Le Tallec qui a lui, aussi un passé en Allemagne et que je connais de ma vie munichoise, en poste à la mission économique à Zagreb, M Emmanuel Mouriez, Cocac et M. Marc Trouyet, Consul que j’ai déjà rencontré alors qu’il était en poste à Toronto.  Soirée très intéressante!

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