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Le ventre de l’Atlantique

fdRencontrée à Nairobi, Fatou Diome a éveillé ma curiosité par l’énergie qui se dégage de sa personne, son franc-parler et son parcours que j’ai découvert sur les panneaux d’une exposition au lycée Denis Diderot. Nous avons fait connaissance au cours des deux heures passées ensemble dans la voiture qui nous ramenait à notre hôtel, coincées dans les embouteillages de Nairobi. De retour à Paris, je me suis plongée avec intérêt dans son premier roman « Le ventre de l’Atlantique ».

L’immigration, clandestine, est au cœur de ce récit d’inspiration autobiographique. La France est vue comme une sorte d’eldorado par ces jeunes hommes sans formation qui rêvent d’un avenir de grand footballeur. Beaucoup d’appelés et peu d’élus … Personne au village ne veut croire aux difficultés de ceux qui partent, le cœur plein d’espoir avec des rêves de réussite dans la tête, pour finalement atterrir dans un foyer de travailleurs immigrés ou un squat et vivre de petits boulots précaires, entre racisme quotidien et crainte de la police. Ils taisent leurs difficultés à ceux qui sont restés, entretenant ainsi par leur silence le mythe de la France, terre promise. Ceux qui sont restés au village font peser sur ceux qui partent un poids terrible, ces derniers n’ayant aucun droit à l’échec. Et pourtant…

C’est un beau texte entre espoir et désillusion sur le malaise de l’exilé qui restera toujours l’Autre dans son pays d’adoption et le devient finalement aussi dans son pays d’origine, servi par une langue imagée et poétique, puissante et un ton plein d’humour et de nostalgie.

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