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Patience et longueur de temps …

hee…font plus que force ni que rage.

Patience …

Le bar de l’hôtel Europe, à Erevan, voit se rassembler la vingtaine de Français coincés ici suite au blocage du trafic aérien. Nous avons les yeux fixés sur l’écran de la télé qui diffuse en boucle les nouvelles de France 24. Les idées les plus farfelues, alimentées par toutes sortes de rumeurs, circulent pour rentrer rapidement en France: Moscou, Tokyo, New York, Dublin car paraît-il, l’aéroport aurait rouvert, ce qui bien sûr est fantaisiste. Peu à peu cependant les esprits se calment et les naufragés, résignés, s’installent dans l’attente. Pour combien de temps ? Personne ne sait …

… et longueur de temps

Ce voyage en Arménie m’aura en tout cas permis de mesurer l’importance que revêtent dans ce pays les allocations de solidarité versées aux personnes de plus de 65 ans et, dans une moindre mesure, l’aide à l’enfance.

Les personnes les plus âgées aujourd’hui sont revenues en Arménie entre 1937 et 1947 avec leur famille. Elles étaient alors enfants ou adolescents. Seuls les plus anciens ont conservé la langue française au fil du temps. S’ils n’ont pas su, pas pu transmettre leur langue à leurs descendants, ils leur ont transmis en revanche la possibilité de devenir français et on constate un fort retour vers nationalité française depuis trois ans.

En Arménie les familles vivent ensemble sous le même toit. Deux, trois générations, les parents, les fils et leurs épouses et les petits enfants , ce qui fait beaucoup de femmes pour partager la même cuisine comme on dit ici. C’est par ailleurs synonyme de solidarité familiale. Le chômage est tellement élevé, officiellement 40% de la population active, les salaires tellement bas que les allocations de solidarité, et parfois l’aide à l’enfance, contribuent pour une large part à faire vivre toute une famille. La moindre baisse du montant de ces allocations, comme c’est le cas cette année, est catastrophique. Alors les plus jeunes décident de partir en France, sans même parler la langue, sans formation adaptée. Ils comptent sur la solidarité de la diaspora et ils savent que des prestations sociales leur seront versées en France, et qu’ils auront droit à des soins médicaux gratuits.

Ne vaudrait-il pas mieux continuer à maintenir ces aides, qui finalement coûtent peu cher à la collectivité nationale, pour que ces jeunes restent dans leur pays, là où ils ont leurs racines dont ils sont si fiers ?

J’ai eu le cœur serré de rencontrer une jeune famille prête à partir : le père ouvrier au chômage ne parlant pas un mot de français, sa jeune femme sans grande formation maîtrisant à peine mieux notre langue et deux fillettes de 2 et 5 ans. Cette dernière est celle qui se débrouille le mieux en français car élève boursière à l’école maternelle française. La motivation de la famille est, semble-t-il, avant tout médicale : permettre à la petite fille de se faire soigner les yeux en France. Certes la vie à Erevan est difficile, précaire pour la plus grande partie de la population mais une cité de Strasbourg où cette jeune famille se rend, sera-t-elle son Eldorado ? Les enfants s’en sortiront, a priori, mais les parents ? Ne seront-ils pas une génération sacrifiée?

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