1

Egalité : ne transigeons pas !

CLTel était le mot d’ordre choisi par les associations pour la marche des fiertés lesbiennes, gays, bi et trans organisée à Paris le 30 juin.

« Nous n’avons jamais été aussi visibles » se réjouit de son côté le conseiller municipal munichois Thomas Niederbühl, élu sur la Rosa Liste lorsqu’il parle des homosexuels de Munich une semaine avant le Christopher Day. La presse ces jours-ci s’émeut de la situation des homosexuels vieillissants qui sont plus que d’autres victimes de la solitude et qui refusent d’entrer dans des maisons de retraite. Ils sont nés à l’époque du nazisme, ont grandi sous l’ère puritaine d’Adenauer et ils ne sont pas habitués à affirmer leur homosexualité. Ils craignent le regard souvent peu amène de leurs contemporains. Un projet d’habitat en colocation pour éviter la solitude et la maison de retraite est en train de se mettre en place, encouragés par les services sociaux de la Ville, mais il est difficile de surmonter les appréhensions des personnes de cette génération face à une vie commune car ils ne l’ont en général pas expérimentée.

Malgré cette visibilité aucune raison vraiment de se réjouir car en dépit des acquis des dernières années la situation stagne. Certes l’homosexualité est dépénalisée en Europe, en France elle l’est depuis 1982 grâce à François Mitterrand. Mais l’homophobie rampante est toujours là et souvent dans le cercle le plus rapproché, la famille, l’école, l’entreprise. Cependant comme le révèle un sondage de la Sofrès l’opinion dans son ensemble est devenue favorable à 70% .

S’il existe une loi en Allemagne reconnaissant la vie en couple de personnes de même sexe, les homosexuels souhaitent pouvoir se marier comme les couples hétérosexuels, avoir les mêmes droits en matière de succession et enfin pouvoir adopter dans les mêmes conditions. Leurs revendications sont donc les mêmes qu’en France, même si le Pacs créé en 1999 va un peu plus loin que la loi allemande en matière de succession et de droit fiscal. Cependant le cœur du problème, c’est bien le mariage et l’adoption. Il s’agit de la définition même de la famille.

La notion de famille, de mariage a tellement évolué ! Il ne s’agit plus depuis longtemps de protéger et de transmettre le patrimoine familial. Il s’agit aujourd’hui d’une relation de personne à personne. Les attentes entre les partenaires sont très élevées. Si les deux partenaires sont économiquement autonomes, il n’y a plus d’obligations de rester ensemble et si la vie commune n’est plus satisfaisante, on y met fin. Le but du mariage n’est plus toujours la procréation qui se fait aussi bien hors mariage. Les enfants sont quelquefois une raison de rester ensemble. C’est une bonne chose, certes, si le couple formé par les parents n’est pas un enfer quotidien qui les déstructure plus qu’il ne les aide à grandir. Dans ce contexte d’union de deux individualités pourquoi ne pas accepter le mariage entre personnes du même sexe ?

Adopter un enfant, c’est un projet de personnes adultes désireuses de transmettre amour et valeurs à un enfant, l’aider à se structurer, en faire un adulte responsable. Pourquoi ne serait-il pas possible à un couple d’homosexuels, hommes ou femmes de mener à bien un tel projet ? La question de l’identité est souvent avancée. Mais tant d’enfants sont élevés par des familles monoparentales avec peu ou pas de contacts avec l’autre parent ! Les enfants ont également pour modèles d’autres adultes. Ils ne vivent pas en vase clos.

Il faut donc continuer à s’engager pour l’égalité des droits, les socialistes ont déposé des propositions de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. La droite s’y oppose. Il ne faut pas baisser les bras .

Voir sur ce thème une analyse intéressante de Christophe Monier, New York.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*