1

Le droit de mourir dans la dignité

Stewart a choisi de nous quitter. Ses souffrances étaient devenues intolérables, il se sentait de plus en plus affaibli, il refusait l’idée, devenue inéluctable, d’entrer dans un hôpital à Munich où il habitait car il craignait de ne pas recevoir les soins attentifs dont il avait besoin et d’être branché malgré son opposition à des appareils qui le maintiendraient en vie coûte que coûte, et ceci  pour combien de temps?

Une vie qui, en tous cas, ne répondait plus à l’idée qu’il s’en faisait.

Stewart aimait la vie, il aimait rire, il aimait la nature. Victime d’un grave accident de la route il y a onze ans, il s’était retrouvé paralysé et avait dû renoncer aux randonnées en montagne, aux voyages et à son travail de coach qui le mettait en contact quotidiennement avec de nombreuses personnes. Il était devenu brutalement dépendant pour tous les gestes de la vie. Il avait dû apprendre à renoncer, à vivre la plupart du temps entre ses quatre murs, les amis se faisant plus rares et sa famille vivant aux Etats-Unis. Le bouddhisme et les philosophies orientales l’ont aidé au cours de ces onze années à surmonter les affres de la douleur et de la solitude. Il vivait entouré de fleurs, de belles photos, méditait pour donner un sens à sa vie.  Mais son état de santé déclinait et il n’en pouvait plus de se battre pour survivre.

Il a choisi de partir, entouré de quelques amis. Pour cela il a dû se rendre en Suisse où le droit de mourir dans la dignité est autorisé. En Allemagne, en France, il aurait pu se suicider mais il n’a pas voulu de ce départ seul, à la sauvette.

Stewart est décédé le 23 août à 16 heures à Forch en Suisse.

La loi du 22 avril 2005 relative aux droits des patients en fin de vie a constitué une avancée considérable en légalisant la possibilité d’arrêter l’acharnement thérapeutique. Depuis, plusieurs propositions de loi, la dernière il y a quelques mois, portant sur l’aide active à mourir ont été discutées par l’Assemblée nationale ou par le Sénat. Aucune n’a été adoptée.
Aujourd’hui, il nous faut pourtant aller plus loin et créer pour tous, dans le respect des principes d’égalité et de liberté, ce droit de mourir dans la dignité. La société y est prête, comme en témoigne, notamment, le récent sondage Harris Interactive sur l’attitude des Français à l’égard de l’euthanasie active.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*