J’assistais hier après-midi au Conseil d’administration extraordinaire de l’Audiovisuel extérieur de la France. Nous avons pris connaissance, en début de réunion de la démission du président de AEF, Alain de Pouzilhac. Le CA a, par ailleurs, souhaité « que soit proposé un projet de nouvelle organisation d’AEF, fondée sur des rédactions distinctes pour France 24 et RFI, préalablement soumis aux instances représentatives du personnel ».
Voici donc peut-être venu l’épilogue de plusieurs années de conflits dans l’entreprise. Depuis 2008 et la création de la holding, à la demande de Nicolas Sarkozy, qui nomma à sa tête M. de Pouzilhac, AEF vit dans la tourmente: quasi crise diplomatique dès sa mise en place, au sujet de TV5 Monde, plus longue grève de l’audiovisuel public, lamentable guerre des chefs, tensions sociales exacerbées par la fusion de RFI et France 24…
Et en définitive, loin d’améliorer la cohérence de la politique audiovisuelle extérieure de la France, ainsi que la lisibilité de ses orientations stratégiques, AEF a bel et bien affaibli chacun de ses acteurs. Pourtant la fusion a été menée à marche forcée par M. de Pouzilhac qui, l’a fait entériner par les assemblées générales extraordinaires dès février 2012, avant que le rapport d’information de l’Assemblée nationale ne soit rendu et qui a poursuivi les travaux d’aménagement des locaux destinés à accueillir France 24 et RFI, malgré le moratoire sur la fusion décidée par le gouvernement.
Dès sa nomination, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti s’est clairement prononcée contre la fusion des rédactions de la troisième radio internationale et de la toute jeune chaine de télévision: » il serait logique d’arrêter cette procédure qui conduit parfois à faire de la radio à la télévision et de la télévision à la radio ».
Je me félicite donc que le conseil d’administration ait souhaité une nouvelle organisation reposant sur des rédactions distinctes.
Pour l’avenir, le rapport de Jean-Paul Cluzel, remis au gouvernement il y a quelques jours, évoque trois hypothèses: la création d’une société nationale de programme qui succéderait à AEF, qui semble avoir la préférence, la transformation de RFI et France 24 en filiales respectives de Radio France et France télévisions ou encore la transformation de France 24 en filiale de l’AFP.
Reste que, quelque soit le choix qui sera fait, il importe aussi que, conformément aux vœux de la ministre, les mesures nécessaires soient prises pour que RFI puisse retrouver sa mission, et que le budget de la radio RFI soit préservé, face à une chaîne de télévision, par essence beaucoup plus couteuse.