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De retour du Mali

bkoEn quelques jours passés à Bamako j’ai rencontré de nombreuses personnes qui m’ont aidée à me faire une idée de la réalité extrêmement complexe du pays et de la situation de la communauté française au Mali. Briguer un mandat de sénatrice représentant les Français établis hors de France, c’est aussi se préoccuper des conditions de vie de ceux que l’on souhaite représenter. C’est pourquoi mes entretiens avec l’ambassadeur de France et avec le consul général ont porté principalement sur les préoccupations de la communauté française du Mali, notamment sur le lycée Liberté, sur les Commissions et Comités consulaires et sur le Centre médico-social de Bamako. J’ai pu ensuite recouper les informations lors de mes rencontres avec les amis de l’ADFE et du PS.

Une chaleureuse mosaïque

Nos compatriotes constituent au Mali – comme bien souvent ailleurs – une chaleureuse mosaïque qui voit chacun de ses éléments, par-delà des attentes individuelles ou communautaires, se réunir autour de cette idée de nationalité française qui nous rassemble partout dans le monde : outre des expatriés temporaires et des coopérants, la communauté française est fortement double nationale. J’ai été particulièrement touchée de constater que, finalement, plus grande est la distance avec la France plus fort semble l’attachement que celle-ci suscite.

Le lycée Liberté

J’ai visité le lycée Liberté qui accueille aujourd’hui près de 1200 élèves du cours préparatoire à la terminale : un peu plus de 50% d’enfants français, 30% d’enfants maliens et moins de 20% de nationalités tiers ( dont quelques enfants Chinois), tout cela avec un taux de réussite au bac qui fait rougir de fierté son proviseur ! Comme beaucoup de lycées français à l’étranger, le lycée Liberté manque de place mais devrait pouvoir s’agrandir sur des terrains avoisinants. Une mise aux normes s’avère également nécessaire. Reste à espérer que les crédits suivent …

Protection sociale

Le Comité consulaire pour la protection et l’action sociale (CCPAS) ne suit actuellement qu’une quarantaine d’allocataires, cas les plus extrêmes. Rappelons que le gel des taux de base des allocations ainsi que la disparition totale dans ce poste des allocations à durée déterminée laissent démunie une population française bien supérieure aux quarante allocataires précités. Les problèmes rencontrés sont aussi des problèmes de formation professionnelle parfois même d’alphabétisation d’une partie de notre communauté : les enfants de l’immigration nés en France entre 1973 et 1993 ont bénéficié du droit du sol et sont donc français. Mais certains, rentrés très tôt au Mali en milieu rural, n’ont pas toujours été alphabétisés. Aujourd’hui ce sont des adultes susceptibles de venir travailler en France. Conscients des enjeux humains l’administration française et les communautés française et malienne font leur possible pour donner à ces personnes une formation qui corresponde à leurs attentes.

Alphabétisation et formation professionnelle

Malheureusement le Comité pour l’emploi et la formation professionnelle, pour sa part, n’offre plus comme c’était le cas il y a quelques années encore de cours d’alphabétisation mais simplement des formations professionnelles dans les métiers du bâtiment, de la restauration et de l’hôtellerie en partenariat avec des structures maliennes. Parallèlement Marie-Hélène Beye, élue à l’AFE, a initié un projet proposant aux élèves qui ne sont pas en mesure de suivre un enseignement général menant au bac, une formation professionnelle assurée par un centre malien, formation complétée par des cours de culture générale dispensés par des enseignants français du lycée Liberté.

Rescapé de la LOLF

Je me suis d’autre part rendue au Centre médico-social, un des quinze « survivants » en Afrique (il en existe un seizième en Asie). Celui de Bamako, s’il est subventionné en grande partie par l’ambassade, est constitué en association d’adhérent (2000) soumis à cotisation, association qui cadre et gère le budget du CMS, suivant la convention passée avec le poste consulaire. Le CMS tourne grâce à une petite équipe qui reçoit les malades le matin et l’après-midi et est prête à intervenir 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour faire les premiers soins, établir un diagnostic et dans les cas plus graves décider du rapatriement ou du transport dans une structure hospitalière locale.

La clientèle de ces centres, initialement composée du seul personnel de coopération rattaché aux représentations françaises, a beaucoup évolué. La diminution spectaculaire du nombre de coopérants ces 15 dernières années a amené le ministère des Affaires étrangères à réfléchir à la mission de ces CMS (en langage diplomatique cela donne cela : le rattachement des centres médico-sociaux au programme 151, dans le cadre de la LOLF, a été l’occasion de revoir leur situation pour tenir compte de l’évolution de l’offre locale de soins et de la clientèle). L’Ambassadeur – comme beaucoup d’autres – semblait pessimiste sur l’avenir de cette structure qui pourtant rend d’inestimables services.

La solution réside peut-être dans l’intérêt que d’autres pays européens manifestent pour des structures du type CMS, les Pays-Bas par exemple, pays qui seraient prêts à contribuer à l’effort par des subventions. Il y a là une piste à suivre, les CMS pourraient alors devenir une structure européenne, à condition de trouver un montage qui préserve les médecins maliens d’une concurrence déloyale.

Lors de la session de septembre de l’Assemblée des Français de l’étranger, la commission des Affaires sociales avait auditionné Eric Lamouroux, sous-directeur des affaires sociales, de l’expatriation et de la Maison des Français de l’étranger au MAE, sur la situation des CMS. Il nous a assuré que la réforme n’en étant qu’à sa première année une évaluation sera effectuée suivie, s’il y a lieu, d’ajustements. La commission s’est émue de la fermeture de certains centres et des difficultés de recrutement souvent rencontrées et a demandé qu’un tableau de bord de fonctionnement soit créé pour chacun d’eux.

Visas – (il est minuit à Tokyo, il est 5 heures au Mali, quelle heure est-il au paradis ? *)

J’ai aussi évoqué avec le Consul général la question des visas. Comme bien souvent dans ce cas, la réponse de l’administration a été de souligner le manque de moyens (humains et financiers) pour assurer sa mission (4 guichets reçoivent 20 personnes par heure) et la difficulté pour les agents du service des visas à établir la véracité et l’authenticité des documents présentés. Le premier point est régulièrement évoqué et défendu par nos élus auprès du ministre. Des périodes de formation plus régulières devraient par ailleurs permettre aux agents d’effectuer leur travail plus sereinement.

Echanges

Ma visite s’est terminée par la rencontre avec la section PS de Bamako. Après avoir fait connaissance j’ai répondu aux nombreuses questions de la trentaine de participants, parlant de mon parcours, de mes engagements associatifs au Sénégal et au Vietnam et de mon action politique au PS et au PSE. Un débat s’en est suivi sur l’Afrique bien sûr, sur l’Europe aussi et sur la gauche en France sans oublier évidemment la rénovation du PS.

Je reviendrai dans un autre message sur ces trois derniers thèmes.

Merci à toutes celles et à tous ceux qui m’ont si chaleureusement accompagnée durant mon séjour. Je ne vous oublie pas.

* Sénégal fast food – Manu Chao, Amadou et Mariam :

Refrain (traduction) :

Nous qui quittons nos pays

Il ne faut pas que les enfants du pays nous oublient

Nous qui sommes dans cette chose

Chose là aucun de nous ne saurait la nommer

Nous qui sommes dans des pays lointains

Il ne faut pas que les enfants du pays nous oublient

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