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« La vie normale » des Français de Bamako

J’ai accompagné Hélène Conway, ministre déléguée chargée des Français de l’étranger, avec Pouria Amirshahi, député de la circonscription à Bamako et à Niamey. L’objectif du déplacement portait sur les dispositifs de sécurité, les comités de sécurités ont été  réunis dans les deux villes  et tout particulièrement  autour des lycées français : le lycée Liberté à Bamako et le lycée La Fontaine à Niamey.

A Bamako, le lycée français est toujours fermé, alors que la demande de réouverture est forte de la part des parents même si l’équipe pédagogique a mis au point un dispositif par internet pour communiquer avec les élèves, envoyer les cours, recevoir et corriger les devoirs, doublant ce dispositif  d’une possibilité d’obtenir les cours sur support papier pour ceux qui ne pourraient se connecter. Depuis plusieurs années des travaux ont été effectués pour sécuriser le lycée, on ne peut l’approcher en voiture mais les autorités françaises préfèrent le laisser fermer. Peut-être François Hollande aura-t-il entendu les parents lors de sa visite la veille? Les deux écoles homologuées Les Lutins et les Angelots ont rouvert ce lundi. Mes collègues députés et moi même avons rencontré nos homologues maliens qui nous ont tous dit leur immense reconnaissance envers la France, envers François Hollande, insistant sur le fait que sans l’intervention militaire de la France le Mali n’existerait plus.

 Le lendemain à Niamey nous nous sommes également rendus sur le site du lycée qui a rouvert après une semaine de fermeture. Là aussi le dispositif de sécurité a été renforcé et la vie scolaire a repris. Nous nous sommes entretenus avec la communauté scolaire qui nous a fait part de ses préoccupations. La délégation était accompagnée du secrétaire général de l’AEFE qui a pu leur faire quelques annonces pour apaiser le climat très tendu.

 A Bamako comme à Niamey nous avons rencontré la communauté française et l’ambiance qui règne dans les deux villes est  bien différente.  La population française à Bamako est calme, apaisée et n’envisage pas de partir, la vie a peu changé et les personnes rencontrées se disent rassurées par les nombreux contrôles de police.  En revanche, à Niamey, les Français que nous avons vus, à commencer par les enseignants,  sont angoissés. Ils ressentent une menace diffuse, invisible.  Ils vivent très mal le confinement auquel ils sont soumis.  Ils ne sont pas autorisés à quitter la ville de Niamey sauf par avion. L’ambiance à Niamey est pesante.

Nous avons également rencontré nos homologues de l’Assemblée nationale et le président nous a fait une rétrospective et une analyse extrêmement pertinente, intéressante  de la situation dans le Sahel, reprenant les mises en garde entendues au Mali contre le MNLA. Ils ont également salué l’intervention de la France au Mali et l’action de François Hollande.

 Après la guerre,  la paix, et la reconstruction au Mali passera par une réconciliation nationale et bien entendu par  de la formation à tous les niveaux pour permettre aux Maliens de valoriser leur magnifique pays. La coopération française, européenne devra être au rendez-vous.

Voir ci dessous l’article du JDD

Bamako

REPORTAGE – Ils disent n’avoir presque rien changé à leurs habitudes de vie depuis l’intervention militaire française au Mali. Rencontre avec la communauté française de Bamako.

Pour eux, ça n’a presque rien changé. A entendre les Français qui vivent à Bamako, l’intervention militaire française n’a pas bousculé leurs habitudes de vie. Certes, ils se disent plus vigilants, « plus sages quant aux sorties nocturnes », mais leur quotidien d’aujourd’hui est similaire à celui qu’ils avaient avant le 11 janvier, jour où les troupes françaises ont débarqué dans le pays pour faire la guerre aux islamistes. « La reprise rapide du nord du Mali a eu vocation à rassurer pas mal de personnes », racontait dimanche dans l’avion qui l’amènait à Bamako la ministre déléguée chargée des Français de l’étranger, Hélène Conway.

Sur place, les habitants confirment : « La guerre est invisible ici, la menace n’est pas perceptible », raconte une franco-malienne. « Aujourd’hui, la vie ici est presque normale », résume aussi l’ambassadeur de France au Mali, Christian Rouyer. Qui prévient toutefois que « la menace terroriste est toujours présente ». Le député socialiste des Français à l’étranger (Afrique du Nord et de l’Ouest), Pouria Amirshahi – qui fait partie de la délégation de la ministre – abonde : « Ils ne sont ni inquiets ni paniqués même s’ils ont parfaitement conscience d’être des cibles potentielles. »

« Ça nous rassure d’être contrôlés »

Certains détails de leur vie le leur rappellent. A commencer par la fermeture des trois établissements scolaires français de Bamako, trois jours après le début de l’intervention française. Deux écoles ont rouverte lundi matin mais le lycée français est toujours fermé. Aussi, dès que la situation évolue, les ressortissants recensés sur le registre de l’ambassade reçoivent par mails ou SMS un point sur la situation et les consignes à suivre en cas de menace potentielle.

Dans la ville, les barrages de police se sont démultipliés : « Mais ça nous rassure d’être contrôlés », assure une habitante française. « En une semaine, on a fait tout ce que Paris nous avait demandé. Je n’ai jamais vu le gouvernement malien réagir aussi rapidement! » s’amuse un cadre de l’ambassade française à Bamako. L’ambassade française a segmenté Bamako en neuf « ilôts », comme elle le fait toujours à l’étranger. Pour chaque quartier, un « ilotier » se charge de remonter les impressions des ressortissants français.

« Hollande passe pour un héros »

Finalement, l’intervention militaire française les a davantage rassuré qu’inquiété.  « On savait que si l’armée n’intervenait pas, on faisait tous nos bagages », raconte Chantale Guilloton, présidente de l’association Bamako accueil. Plusieurs d’entre disent avoir ressenti le changement d’attitude des Maliens à leur égard. « D’habitude, les Maliens sont pudiques. Mais là, ils n’arrêtent pas de nous dire qu’ils sont contents. Hollande passe pour un héros », raconte une Française qui vit à Bamako. En témoigne les drapeaux bleu, blanc, rouge accrochés aux grillages dans certaines rues de Bamako sur lesquels on peut lire « Merci la France » ou encore « vive Hollande ».

C’est en fait au moment du coup d’état le 22 mars dernier que tous ont ressenti une vraie inquiétude. « Quand on a entendu les coups de kalachnikov à quelques mètres, là, on a eu peur! » raconte un haut fonctionnaire français. « Il y a eu un petit vent de panique à ce moment là », confirme Valérie Beilvert, présidente de l’Union des Français de l’étranger. « La peur n’a duré que quelques heures. Depuis, on vit avec et on relativise », résume Yves Gueylard, conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France.

Aucun n’envisage de quitter le Mali. « Les Français ont la particularité de rester pendant les conflits. Ils étaient là avant, ils seront là après », analyse la ministre, Hélène Conway. « On ne va pas se laisser impressionner! On ne va pas s’arrêter de vivre pour ça », tempête Marianne Sotbar, directrice de l’école française Les Lutins, qui vit là depuis 35 ans. Une habitante française résume, dans un sourire : « A Bamako, la vie est belle. »

Caroline Vigoureux, à Bamako (Mali) – leJDD.fr

 

 

 

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