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Audiovisuel extérieur : « Chaque média conservera sa spécificité »

Quatre mois après sa nomination à la direction de l’Audiovisuel Extérieur de la France (AEF), qui regroupe France 24, Radio France Internationale (RFI) et Monte Carlo Doualiya (MCD), Marie-Christine Saragosse devrait soumettre, mi-février, son projet de plan stratégique de la holding à ses ministères de tutelle (affaires étrangères, finances et communication).

Ce plan devrait servir de base pour la négociation du Contrat d’objectifs et de moyens (COM) qui sera prochainement signé entre l’Etat et l’AEF.

Pour le rédiger, Mme Saragosse et ses équipes ont changé les méthodes de travail. A travers de nombreux « séminaires transversaux », ils ont écouté les personnels des trois médias « traumatisés » par deux plans sociaux et une fusion à marche forcée, menée par l’ex-PDG Alain de Pouzilhac, remercié à l’été 2012 par le nouveau gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

PLUS PERSONNE NE PARLE DE FUSION

« Il était fondamental de faire tomber les cloisons et revisiter les frontières », pointe un journaliste de RFI, qui a payé le prix fort pour sa résistance à la fusion et au déménagement avec le départ de deux cents salariés. « Tout avait disjoncté », poursuit un autre journaliste de France 24.

Aujourd’hui, le calme est revenu. Les trois médias ont finalement été réunis sans heurts sur le même site à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), et plus personne ne parle de fusion.

Après l’oral, il y a eu l’écrit. Sur la base du volontariat, employés et journalistes ont envoyé des contributions écrites portant sur les nombreux thèmes abordés lors des prises de parole comme, entre autres, les valeurs démocratiques, la déontologie, la distribution ou les nouveaux médias. Une synthèse en a été faite pour en dégager les grands axes.

« Chaque média souhaite conserver sa spécificité mais le multiculturalisme doit se voir sur toutes les antennes et de nouveaux territoires doivent être conquis », précise Mme Saragosse.

PUBLICS DIFFÉRENTS

De cette synthèse, il ressort que France 24 (diffusé en français, anglais et arabe) « doit casser le parallélisme des trois antennes », car chacune s’adresse à des publics différents vivant en décalage horaire avec Paris.

Cela n’empêchera pas ces antennes de réaliser, au cas où, des éditions spéciales sur un gros événement avec un chef d’édition commun. « France 24 doit être réactive, rigoureuse et référente », insiste Mme Saragosse.

Ces « Trois R » s’appliqueront également à RFI. Avec sa diffusion en douze langues, la radio a pour mission d’élargir son audience au-delà de l’Afrique, son berceau historique.

« RFI n’est pas une radio d’informations continues mais un média d’explications et de réflexions qui a déjà fait ses preuves », explique la patronne de l’AEF.

Quant à MCD, qui n’est pas diffusée en France « faute de carte de séjour » ironise un de ses cinquante journalistes, elle devra s’inscrire comme « la radio de la liberté et de l’universalisme » dans un monde arabe en pleine effervescence.

CHANGEMENT DE NOM

Côté financier, l’enveloppe budgétaire sera, cette année, maintenue à 244 millions d’euros, mais elle sera amputée de la dotation de TV5 Monde (75 millions d’euros) sortie du giron de l’AEF.

Avec ce budget, la holding va devoir gérer au plus serré. Elle restera la moins dotée des grandes chaînes d’informations internationales comme Al Jazira (600 millions de dollars), la BBC (400 millions) et la Deutsche Welle (290 millions) qui sont ses principales concurrentes.

« Il faut que l’AEF retrouve son statut novateur », insiste Mme Saragosse en indiquant que, cette année, l’AEF changerait d’appellation.

Daniel Psenny

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