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Chinoises

Xinran, collection « Picquier Poche », éd. Philippe Picquier

Entre 1989 et 1997, l’animatrice de radio Xinran a invité des femmes à venir s’exprimer librement à l’antenne sur leur condition et leur vie au quotidien. Dans. « Chinoises », Xinran nous explique tout d’abord comment elle en est venue à s’intéresser au sort des femmes de son pays. Suivent ensuite différentes histoires qui ont marqué la journaliste: des témoignages reçus dans son courrier, sur le répondeur de la radio ou qu’elle a recueillis au cours de ses reportages.
Ce livre est bouleversant et difficile à lire, car les histoires des 12 Chinoises que la journaliste a choisi de présenter sont toutes plus émouvantes, déchirantes et terribles les unes que les autres. On le referme temporairement et il nous hante, on ne peut s’empêcher de repenser aux souffrances auxquelles elles ont été confrontées. Et puis finalement, on le finit rapidement , non pas par voyeurisme, mais pour essayer de comprendre, d’en savoir plus sur le destin des femmes chinoises, et sur cette Chine cachée, mais que dévoile ce livre admirable.
En Chine, la femme a deux fardeaux à porter : le poids de la tradition et l’oppression de la Révolution Culturelle. Culturellement la femme doit être respectueuse des coutumes, soumise à sa famille et avoir une conduite irréprochable avec les hommes pendant sa jeunesse. Une fois mariée elle doit être soumise à son mari, être bonne épouse, bonne amante et bonne mère. Elle doit en outre être travailleuse sans jamais se plaindre, mettre au monde au moins un fils et, le tout, en restant jolie. La Révolution Culturelle en a rajouté une couche en imposant encore d’autres diktats aux femmes.
Les 12 témoignages du livre attestent de cette réalité. Battues, violées, mariées de force, rendues folles par la cruauté des hommes et de la société, les femmes ne connaissent que souffrance et malheur. Peu importe leur condition, éduquées ou non, qu’elle gravitent dans les hautes sphères du Parti ou qu’elle soient paysannes au fin fond de la région la plus reculée de la campagne chinoise, ces femmes souffrent et se battent pour sauver ce qui peut encore l’être (leur famille, leurs enfants). Elles portent un message d’amour malgré toutes les épreuves endurées. Xinran n’est d’ailleurs pas en reste : son histoire personnelle, évoquée au détour des récits, n’est pas exempte de malheurs.

AF


Publié le 13 juin 2007