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Kouchner selon Monsieur P

MonsieurKDans son dernier livre, Le monde selon Monsieur K, Pierre Péan dresse un portrait accusateur, inquiétant, voire diabolique, du ministre des affaires étrangères…

Le populaire « French doctor » y apparait comme un homme ambitieux, assoiffé de gloire et de profits prêt à tout pour donner de lui l’image d’un sauveur héroïque, quitte à manipuler les faits et à porter préjudice à ceux qu’il prétend défendre. Pierre Péan part d’une analyse simple de la psychologie kouchnérienne pour construire son portrait : ‘Monsieur K’ est un juif qui n’a pas compris qu’un peuple ait pu se laisser faire ainsi durant la seconde guerre mondiale. C’est ce moteur, cette rébellion, qui le pousse à s’investir à corps perdu dans toutes les causes, en se souciant bien moins de justice que du combat lui-même et de la gloire qu’il peut rapporter. Selon Pierre Péan, c’est de là que découle toute l’action de Kouchner : belliqueuse, bêtement pro américaine, où les causes ne sont choisies qu’en fonction de leur valeur médiatique ou au gré des amitiés douteuses du ministre… Cette politique, que Péan s’emploie à critiquer avec virulence, trouve son incarnation idéologique dans le ‘Droit d’ingérence’, concept qui fait frémir l’auteur et que Kouchner aurait volé à ses conseillers afin de justifier ses interventions discutables du Biafra à la Somalie, en passant, bien entendu, par le Rwanda… car c’est bien de là que semble partir la véritable haine que l’écrivain voue au ministre.

Pierre Péan est en profond désaccord avec l’interprétation que fait Bernard Kouchner du génocide rwandais en se faisant le partisan de la ‘cause tutsie’, ethnie victime des génocidaires Hutus quand Péan défend la thèse du double génocide où les violences auraient eu lieu des deux côtés et où les autorités françaises n’auraient rien à se reprocher… L’auteur est également en désaccord avec les méthodes de Kouchner, son interventionnisme humanitaire et l’usage qu’il fait des médias et il l’est aussi avec la personne même du ministre sur lequel il s’acharne.

L’ouvrage est un vrai brulot où se déverse la colère d’un Péan qui se prétend enquêteur mais qui a perdu toute objectivité. Il porte des accusations graves qui sont aussitôt frappées de soupçon tant la diatribe est violente et sans nuance. Kouchner, sa femme, leurs activités, leurs personnes, tout y passe en s’appuyant s’il le faut sur des témoignages qui viennent conforter les propos d’un Péan révolté… Mais au final, bien peu de preuves réelles. Il s’agit plus d’une opinion sévère, d’une tribune à charge, que d’une enquête… C’est une attaque en règle où s’affrontent deux visions du monde. Pierre Péan veut y faire triompher la sienne quitte à tout mélanger. Son livre est celui d’un moraliste énervé, pas celui d’un journaliste.

Nous n’avons pas besoin de tout ce tintamarre déplaisant pour avoir notre idée sur le ralliement de Bernard K à Nicolas S. entre les deux tours et pour nous demander s’il a plus que de la peine à respecter ses idéaux humanistes en menant la politique étrangère de la France !

Richard Yung


Publié le 16 février 2009