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Ethique et République

Atteinte d’une maladie orpheline incurable qui la fait atrocement souffrir et qui la défigure, sans aucun espoir de guérison, Chantal Sébire souhaite partir dans la dignité, entourée des siens.

« Mais pourquoi ne peut-elle plus vivre ? » s’est interrogée Christine Boutin sur RMC-info. « Parce qu’elle dit qu’elle souffre mais il y a les médicaments qui peuvent empêcher cette souffrance, parce qu’elle est difforme mais la dignité d’une personne va au-delà de l’esthétique de cette personne. » Celle qui avait brandi la Bible à l’Assemblée nationale au moment du débat sur le Pacte civil de solidarité (Pacs) ne s’arrête pas là: « Vous croyez vraiment que donner la mort c’est un geste d’amour, non, ce n’en est pas un, c’est un non-respect de la dignité de toute personne. » Pour le président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), Jean-Luc Romero, « oser qualifier Chantal de personne difforme est indigne de la part d’un ministre de la République, comme oser prétendre que l’esthétique de Chantal la pousse à demander la mort est aussi scandaleux que mensonger ». En matière de dignité Christine Boutin se pose en effet un peu là …

L’aider à mourir relèverait de l’euthanasie active, ce qui n’est pas autorisé par la loi Leonetti votée en 2005. Peur d’aller trop loin ? Peur des dérives ? mais ces dérives par rapport à la loi existent déjà : si l’on augmente la dose de médicaments pour tuer la douleur, on abrège, parfois sciemment mais sans le dire, la vie du patient atteint d’une maladie incurable. Selon la loi « si le médecin constate qu’il ne peut soulager la souffrance d’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qu’en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie», l’application de ce traitement n’est pas passible de poursuites. Alors quelle est cette hypocrisie qui pousse à se réfugier derrière les mots, des mots qui bien sûr ont une connotation affreuse … euthanasie active. En d’autres temps, en d’autres lieux, il s’agissait de supprimer des vies que la société décrétait sans valeur.

Mais il s’agit ici de bien autre chose : le choix de mourir au moment où on le décide, quand la vie n’est plus supportable. C’est une question fondamentale de liberté individuelle, de liberté de choix en faveur de laquelle nos voisins européens, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg ont déjà tranché. Quand aurons-nous le courage de les suivre ?

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