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Hartz IV, vous connaissez ?

Le jour du 1er mai, notre section de FdM-adfe tient chaque année un stand au côté de toutes les associations de gauche, d’extrême gauche, d’Amnesty international, d’Attac, des syndicats et autres coopératives, dans le centre de Munich fermé à la circulation pour l’occasion. C’est l’occasion de nous faire mieux connaître auprès des Munichois et de nouer des contacts. Ainsi avions-nous rencontré, il y deux ans, les responsables de Radio Lora, une radio locale, et avions obtenu une heure d’antenne par mois. Nous avions également noué des contacts avec une association qui œuvre pour la laïcité en Bavière.

Chaque année nous avons aussi l’occasion de retrouver des Français perdus de vue au cours du temps, mais toujours présents à Munich et toujours proches de notre sensibilité. Certains visiteurs sont en revanche des fidèles du 1er mai, ainsi cette Française de Wasserburg que nous retrouvons chaque année avec plaisir.

Par-delà la convivialité, le 1er mai est avant tout l’occasion pour les syndicats de défiler, assez symboliquement d’ailleurs, de l’ Agence fédérale pour l’emploi jusqu’à la place principale de Munich puis de s’exprimer sur la politique économique et sociale du gouvernement. Le Maire de Munich, Christian Ude, SPD, participe lui aussi à cette manifestation.

Malgré le redressement économique qui fait la une des journaux, les syndicats ont lancé cette année un avertissement sévère contre la scission qui est en train de se produire dans la société allemande. Une société à deux vitesses est en effet en train de s’installer : les pauvres deviennent de plus en plus pauvres, les prestations sociales et les retraites ne suivant pas la hausse galopante du coût de la vie, tandis que les riches continuent à s’enrichir. La classe moyenne s’appauvrit également et tend à se réduire. Tous subissent l’augmentation des produits alimentaires, qui atteint cette année des records, et celle bien sûr du prix du carburant.

Les Allemands ne croient plus en la célèbre phrase – devenue depuis théorème – d’Helmut Schmidt : « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les investissements de demain sont les emplois d’après demain ». Les bénéfices des entreprises augmentent mais parallèlement les salariés sont licenciés et si de nouveaux emplois sont créés, c’est dans le meilleur des cas plus loin vers l’Est, en Roumanie, par exemple. Les revenus du capital augmentent, tout comme l’angoisse des salariés … Le 1er mai a retrouvé une nouvelle vigueur cette année, non pas grâce à une nouvelle stratégie des syndicats qui n’en finissent pas de se réformer, mais grâce à « Hartz IV ». En effet l’allocation de chômage longue durée a été supprimée pour laisser la place à une aide sociale nouvelle formule (Hartz du nom de son créateur, un proche de Gerhard Schröder) qui a transformé les chômeurs de longue durée bénéficiant d’allocations dégressives en assistés percevant environ 400 € par mois. On est donc passé d’une logique d’assurance à une logique d’assistance. La peur du lendemain et du déclassement social est omniprésente chez tous les salariés. Et ce n’est pas le débat actuel sur une limitation des salaires des dirigeants d’entreprise qui changera les choses !

Le 1er mai est redevenu cette année en Allemagne synonyme de lutte pour plus de justice sociale.

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