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Supression des allocations familiales : une mesure injuste et inefficace

Comment imaginer un instant que la suppression des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire puisse être une réponse adéquate au problème posé ? C’est une aberration qui témoigne, de plus, d’une méconnaissance complète des réalités sociales.

L’absentéisme touche en priorité les quartiers défavorisés, les statistiques le prouvent. C’est un problème sérieux qui peut conduire à la marginalisation et au décrochage scolaire. Les familles concernées ont besoin de soutien et d’accompagnement, certainement pas qu’on leur enlève des aides. Cette mesure est parfaitement injuste car elle touche en priorité les familles en difficulté financière et sociale et elle va rendre les familles monoparentales encore plus fragiles. Elle est également inefficace : en Grande Bretagne, un des modèles préférés de notre président, les taux d’absentéisme scolaire n’a cessé d’augmenter bien que les parents jugés « irresponsables » soient pénalisés financièrement et même emprisonnés. Depuis la mise en place de ces mesures extrêmement coercitives, l’absentéisme a enregistré une hausse de plus de 40% !

En fait la possibilité de supprimer les allocations familiales pour absentéisme scolaire sur décision du président du conseil général existe déjà : elle est inscrite dans la loi du 31 mars 2006 relative à l’égalité des chances. Mais comme le déplore Eric Ciotti, l’auteur de la proposition de loi, lui-même président de conseil général « malheureusement très peu de conseils généraux y recourent effectivement ». Il s’agit donc aujourd’hui de durcir la loi.

L’absentéisme et le décrochage scolaire sont des problèmes sérieux qui méritent des solutions autres que répressives. L’absentéisme, puis le décrochage résultent de la politique d’éducation. Il faut agir bien en amont. Lorsqu’on sait qu’à la sortie de l’école primaire, un quart des élèves n’assimilent pas le contenu d’une lecture et que 15 % d’entre eux ont de graves difficultés de compréhension, on comprend mieux que l’absentéisme est le résultat de nombreuses années d’échecs successifs. Le combat contre ces fléaux passe par la mise en place de dispositifs relais (classes et ateliers), qui ont su, en quelques années, montrer leur utilité dans la lutte contre le décrochage scolaire, et par l’individualisation des réponses. La stigmatisation des « mauvais » parents ne fera qu’aggraver la fragilité des familles concernées.

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