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What about .. ?

fcUn ami de Munich me racontait récemment une scène à laquelle il avait assisté à la terrasse d’un café dans un quartier « branché » de Paris. Deux hommes plutôt jeunes s’entretenaient en anglais, un anglais teinté d’un bon accent français et de temps en temps ils se demandaient, en français dans le texte, « et comment dit-on … ? » Entraînement linguistique entre amis ou collègues ? Snobisme ? Je ne sais et ne saurai jamais ce qui a bien pu motiver ces deux personnes … En tous cas un pur plaisir, pour eux certainement, et peut-être pour les voisins de table …

En feuilletant le Monde Diplomatique d’août, je découvre un article de Bernard Cassen « contre le tout anglais » qui dénonce les difficultés auxquels se heurtent les salariés lorsque le « tout anglais » devient la règle dans l’entreprise. Et dans ce cas on ne peut plus parler du plaisir de parler anglais !

Pour nous qui vivons à l’étranger, parler une langue étrangère, deux parfois plus, fait partie de notre quotidien et ne provoque généralement pas de stress particulier. Mais pour quelqu’un qui « doit » absolument se (re)mettre à l’anglais, cela constitue parfois une pression insoutenable. Je le vois quotidiennement dans mon travail. Des employés qui souhaitent accéder à un poste de cadre, des cadres moyens qui veulent monter dans la hiérarchie ou simplement des personnes qui espèrent éviter la perte de leur emploi, tous se voient contraints de rafraîchir leur anglais scolaire ou de le réapprendre. L’anglais est en effet devenu du jour au lendemain la langue de l’entreprise. L’équipe d’enseignants que j’encadre doit faire preuve autant de psychologie que de pédagogie pour lever les blocages et leur permettre d’atteindre leur objectif.

Je comprends que les syndicats en France s’élèvent contre ce qui paraît parfois comme des chicaneries sans grande utilité. Que les dirigeants s’expriment en anglais, pourquoi pas, leur formation les a normalement préparés à cela et ils doivent négocier au niveau mondial. Mais forcer les salariés à communiquer entre eux en anglais alors que leur langue commune est le français, cela frise l’absurde. Selon Bernard Cassen « la non maîtrise de cette langue (l’anglais) devient un critère de discrimination dans une logique de licenciements pour convenance boursière ». S’appuyant sur la loi Toubon les syndicats ont à plusieurs reprises obtenu gain de cause devant les tribunaux. Plusieurs entreprises ont été condamnées, comme par exemple Europ Assistance qui a dû faire traduire en français ses logiciels comptable et commercial édités en anglais dans un délai de trois mois avec une astreinte de 5000 euros par jour de retard !

Deux questions se posent : pourquoi contraindre des salariés à utiliser une autre langue que la leur dans leur propre pays si cela n’est pas nécessaire ? D’autre part, quand va-t-on renforcer, France, l’enseignement des langues pour être mieux armé face à la globalisation des échanges ? Dans ce domaine il faut faire plus, plus tôt, et mieux. Et mieux, cela veut dire notamment que l’enseignement des langues doit être dispensé par des enseignants locuteurs natifs.

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