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La gauche vire-t-elle à droite ?

vlpCi-dessous un texte d’Olivier Herbelin, de Tel Haviv, lu sur le forum FFE. Ce texte mérite réflexion et … réponse. Sans être en accord avec ce qu’il dit j’apprécie son message qui nous oblige à nous situer par rapport à ses affirmations. Il pose les questions que, j’imagine, se posent de nombreux nouveaux et jeunes militants. Il ajoute un article de Libé et un sondage LH2, en préambule au forum du journal à Grenoble intitulé « Vive la politique ! ».

Re: forum-ffe guy moquet et le rugby… pourquoi tant de bêtise…

Non, ce n’est pas une question d’ombre de ce qui fut. C’est une question de société en mouvement, d’enterrement d’idéologies passées. Mais tant que l’on parlera de « droitisation de la gauche et/ou de la société » comme un slogan du type « concurrence vraie et non faussée », c’est à dire comme un chiffon rouge argumentaire sans véritable fond, on aura du mal à comprendre la défaite-victoire de Ségolène, la popularité fleuve de Sarkozy et bien d’autres choses encore.

Il est évident pour tout le monde que la société française et la gauche ne vire pas à droite. Comme dans la majorité des pays occidentaux, les valeurs de gauche sur les problèmes de société ont largement triomphé depuis 30 ans. Droit des homosexuels, des femmes, abolition de la peine de mort, droits des consommateurs, sont des valeurs défendus également par la droite aujourd’hui. Et le vote des femmes, des homosexuels, et j’en suis persuadé même des minorités visibles ou invisibles se répartissent des deux cotés de la frontière. Aujourd’hui un homosexuel déclaré peut présenter un préprime time tous les soir ou être maire d’une capitale. Parmi les spectateurs et les électeurs, des gens de droite aussi. Il y a des pays ou on va encore en prison…

L’un des grand sujet sur lequel Sarkozy fait de la droite « netto », c’est l’immigration. Je n’ai pour ma part toujours pas compris qu’elle était la proposition du PS pour résorber le problème du trop plein d’immigration, pas tant en chiffre qu’en capacité d’intégration efficace et humaine. C’est bien l’incapacité idéologique qui nous laisse accueillir dans des conditions insalubre les candidats au salut économique. L’imposition de droits et devoirs nouveaux de l’État et des immigrés l’in envers l’autre est une obligation humanitaire, pas une dérive à droite.

Les trentenaires pas contents (generation 69 et autres) reçoivent tribune dans la presse de droite. La vieille garde 68tarde pas prête à accepter la remise en cause. Et pourtant… La encore il ne s’agit pas de virement à droite mais de dire : vos repères ne sont pas nécessairement les notres.

Je pensait que j’annoncerai dès maintenant que je ne renouvellerai pas ma carte et que je me retrouverai isolé sur l’échiquier du vieux monde politique, perdu entre dans le partis de mes pères qui ne me convient pas et le parti de mes frères pas encore créé.

Le sondage de libé ci-dessous et les dernières annonces de Manuel Valls me laisse à penser qu’une recomposition de la gauche est possible, si au lieu de stigmatiser ces nouvellement étiquetés « libéraux autoritaires de gauche » on comprends que leurs revendications sont légitimes et que les réponses à leur problèmes comprennent parfois des recettes traditionnellement de droite.

Le PS va devoir choisir très prochainement s’il est décidé à accepter cette mouvance comme force principal ou si les blocages idéologiques et sociologiques le laisseront mourir de la belle mort des partis conservateurs de gauche (PC et autres). Je m’accorde une chance supplémentaire jusqu’au congrès, peu optimiste car la part de conviction a toujours été négligeable dans les votes, les courants, les motions.

Je propose par ailleurs pour le prochain congrès : annuler les motions de synthèse, sorte de gouvernement d’union nationale apportant comme toujours sectorialisme et immobilisme. Que chacun est le courage de ses opinions, avant d’avoir l’intuition politique, et ensuite que le meilleur gagne (ouf, « que le meilleur gagne », c’est de droite, pas vrai ?!!!!)

Olivier HERBELIN – Tel Aviv


Evénement :La gauche vire-t-elle à droite? (c) Liberation.fr 12 sep 07

C’est un peu le triangle des Bermudes de la gauche. Elle peut y perdre facilement une partie de son âme, mais aussi y trouver une planche de salu électoral… C’est un morceau «sociologique» de la gauche, mais qu transgresse ses frontières. C’est un bloc, mais mobile, ­infidèle, zappeur, qu lorgne parfois sur sa droite. C’est à l’arrivée, en ces temps de rénovation idéologique, un gros point d’interrogation stratégique et identitaire pour la gauche en général et le Parti socialiste en particulier

Un sondage qui nourrira le débat

Des alliances à nouer rapidement

La gauche tremble sur ses fondamentaux

Dans la livraison 2007 de son étude sur les familles de la gauche – réalisée pour Libération à l’occasion du forum Vive la politique qui va se tenir à partir de demain et pendant trois jours à Grenoble -, l’institut de sondages LH2 a identifié parmi les sympathisants de gauche qu’il a interrogés un groupe qui n’a pas fini de faire causer. Le nom de cette famille: libérale autoritaire, «numériquement la plus importante, politiquement la plus mobile, électoralement la plus décisive», résume François Miquet-Marty, directeur des études politiques à LH2.

«Bloc puissant»

Qui sont-ils? En majorité des ouvriers, des employés, des salariés du secteur privé, qui estiment pour la plupart (67%) que leur «situation au sein de la société s’est détériorée» ou que notre «société va de plus en plus mal» (90%). Economiquement, ils acceptent le système libéral, sont favorables aux baisses d’impôts et à la réduction des dépenses publiques (87%). Ils sont sensibles à la productivité dans les administrations (73%) et aux questions comme la sécurité et l’immigration. Mais se disent «plutôt à gauche» pour 51% d’entre d’eux. Au premier tour de la présidentielle, ils ont privilégié le vote Royal (à 56%), mais ont aussi voté Bayrou (10%), Sarkozy (7%), ou Besancenot (6%).

Combien sont-ils ?

35% des sympathisants. Ce qui en fait la famille de gauche la plus nombreuse. Devant la famille sociale-libérale (26%), étatiste (24%) ou antilibérale (15%). «Au cœur de l’ensemble de l’échiquier politique s’est installé un bloc puissant qui se réclame de la gauche mais qui affiche des valeurs libérales et autoritaires et qui est à même de briser la cohérence de la gauche au profit de la droite, et de nourrir la popularité de Nicolas Sarkozy», analyse le directeur de LH2.

Giron

Dans le rétro de la campagne présidentielle, c’est cette famille que Ségolène Royal a tenté de ramener dans le camp de la gauche après la défection massive des ouvriers le 21 avril 2002, avec les conséquences que l’on sait pour le candidat socialiste Lionel Jospin. Les armes de séduction royalistes, son discours sur «l’ordre juste» et son positionnement antisystème, ont permis à la candidate PS d’en ramener une partie dans le giron de la gauche. Mais une partie seulement. Après la défaite, l’enjeu est désormais de savoir quelle importance accordera le PS à cette famille dans ses débats sur sa rénovation idéologique. «Tout le travail de la gauche consiste à proposer une offre politique qui fédère durablement cette famille libérale et autoritaire, mais sans renier les valeurs en lesquelles se reconnaissent les antilibéraux, les étatistes et les sociolibéraux», explique Miquet-Marty. Pas simple quand on sait que les premiers veulent à 85% s’opposer «radicalement à la mondialisation», aspirent à des renationalisations (61%) et se reconnaissent dans Besancenot (51%). Que les deuxièmes sont opposés à 70% aux baisses d’impôts. Et que les derniers, majoritairement des cadres, trouvent que leur situation s’est globalement améliorée (49%) et se reconnaissent dans Dominique Strauss-Kahn pour porter la croissance économique.

Fermeté

Pas simple en résumé de «vertébrer» un nouveau projet capable de répondre «aux tentations centristes et droitières d’une gauche désarticulée». Travaux pratiques: le débat de ces derniers jours sur la réforme des régimes spéciaux, qui a vu les socialistes, de Jean-Luc Mélenchon à Manuel Valls, décliner une gamme impressionnante de positions. Le prochain débat parlementaire, à l’occasion de l’examen de la nouvelle loi sur l’immigration, devant leur fournir une nouvelle occasion de grand écart.

A l’arrivée, et ces débats recouperont évidemment ceux sur les alliances électorales à nouer (lire ci-dessous), c’est bien à la question de sa droitisation que la gauche devra faire face, puisque prêt de la moitié de ses sympathisants (si on cumule les familles libérale autoritaire et sociale-libérale) est réceptive au discours centriste et de droite en matière économique et au discours de fermeté sur les questions plus sociétales… Comme dans le même temps, les sympathisants de gauche sont plus nombreux qu’il y a deux ans à remettre au goût du jour le clivage gauche-droite, la voie est décidément bien étroite.

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