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Le petit Nicolas et les banquiers

Un texte envoyé par Philippe Moreau, Munich.

Nicolas Sarkozy fait un peu penser à un hamster : comme lui, il tourne à un rythme ininterrompu dans la roue France, donnant l’impression de la faire avancer alors même qu´il la fait reculer, et saisissant de ses petites pattes musclées par des séances de jogging hypermédiatisées la moindre noisette passant à sa portée: tantôt les pédophiles en liberté, tantôt les manèges défectueux des fêtes foraines, quand ce ne sont pas les chiens molosses qui dévorent leurs maîtres … chaque jour lui apporte de quoi nourrir son activisme débordant.

Récemment, il a attrapé au vol une noisette dont il va avoir bien du mal à briser la coquille: la BCE (Banque Centrale Européenne, à Francfort) et son Président, Jean-Claude Trichet, qu’il a vigoureusement pris à partie pour leur politique de l’Euro fort et de taux d’intérêt trop élevés, responsables, selon lui de la panne de croissance dont souffre l’économie française.

Sur le fond, a-t-il vraiment tort ? sauf erreur de ma part, ou incompréhension de ces choses bien compliquées pour le profane que je suis, il me semble bien, quand même, que le PS, il n’y a pas si longtemps, plaidait pour un plus grand contrôle politique de la BCE, exercé par un véritable gouvernement économique de l’Europe, et par l’élargissement de son mandat – actuellement limité à la seule maîtrise de l’inflation – par l’inscription des objectifs de plein emploi et de croissance. Du reste, Pierre Moscovici, dans une interview, a admis que, sur ce point précis, à savoir le rôle et le mandat de la BCE, Sarkozy n’était pas tout à fait dans le faux. Aucun être humain n’a à 100% tort, et il faut savoir admettre que même s’il accumule les mauvais choix – et Dieu sait que Sarkozy ne ménage pas ses efforts à cet égard – il peut lui arriver, parfois, d’avoir raison.

Sur le fond, donc, on pourrait partager la position de Sarkozy concernant la BCE, puisque finalement, elle n’est pas trop éloignée, semble-t-il de celle du PS jusqu’à une période récente (je ne sais plus trop maintenant, les querelles élephantines sont beaucoup plus importantes …). Ce qui est détestable, c’est, une nouvelle fois, le ton de maître d’Ecole du petit homme Président de la grande Nation, qui commence à sérieusement titiller ses partenaires européens. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas tardé à le renvoyer aux pelotes, en lui faisant observer que, parmi les pays de la zone euro, tous logés à la même enseigne monétaire, la France est lanterne rouge en termes de croissance. N’est-il pas curieux, par exemple, que l’Euro fort n’ait pas empêché à l’Industrie de l’Allemagne, redevenue premier exportateur mondial, de recouvrer sa compétitivité. Globalement, l’économie allemande va plutôt bien. Si l’on y regarde de plus prêt, le tableau est sans doute moins idyllique que ce que l’on en dit, et, si l’on s’écarte du coeur des métropoles en plein boom (Francfort, Munich, Dresde – rare exception dans l’ex RDA), on constate que les réformes « courageuses » de l’ère Schröder ont fait bien des dégats dans la population, et qu’il y a de plus en plus de nouveaux pauvres aussi en Allemagne.

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