Arche de Zoé : Sarkozy ira « chercher tous ceux qui restent, quoi qu’ils aient fait » titre la presse à la suite des déclarations du président. Après de nombreuses gesticulations le voici donc rendu à une position contraire à celle qu’il tenait au début de cette affaire, pour de simples motifs hexagonaux. Par-delà l’éclairage donné par les spécialistes de la géopolitique africaine, avec le pétrole en toile de fond, cette lamentable histoire crée un profond malaise. Pour trois raisons.
D’abord parce que le ton et le langage employés par Nicolas Sarkozy en disent long sur l’idée qu’il se fait de l’indépendance de nos anciennes colonies, en particulier de celle du Tchad. Cela a des relents du discours de Dakar. Ferait-il les mêmes déclarations péremptoires, aurait-il le même comportement hâbleur envers les Etats Unis ou l’Allemagne pour sortir de leur prison des compatriotes qui s’y trouveraient ? Aurait-il même l’idée de prétendre, par-delà les conventions judiciaires, faire juger nos compatriotes en France ? Et puis imagine-t-il une situation inverse qui verrait un président étranger venir en France sortir de nos geôles ses ressortissants sans autre forme de procès ?
Ensuite parce que la plupart de nos médias (je dis bien la plupart, pas tous), comme toujours très franco-français, semblent plus s’intéresser au devenir de nos compatriotes (tout en ne paraissant pas faire grand cas, à ce stade de l’enquête, de la présomption d’innocence) qu’aux enfants eux-mêmes.
Enfin parce que pendant ce battage médiatique sur le bras de fer franco-tchadien les journaux télévisés ne parlent du Darfour que comme étant simplement à l’origine de l’aventure des humanitaires amateurs. Pourtant le conflit meurtrier continue et des enfants meurent dans l’indifférence.
J’ai l’impression que l’on nous fait ainsi passer à côté de l’essentiel et que l’image de la France, humanitaire ou diplomate, n’en sortira pas grandie.