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Projet de loi action extérieure de l'Etat: compte rendu de la commission mixte paritaire

Jeudi 8 juillet 2010

Le projet de loi sur l’action extérieure de l’Etat vient d’être examiné en commission mixte paritaire et adopté par la majorité des deux chambres, tandis que l’opposition socialiste et communiste s’abstenait. Il devra encore, pour la forme, être présenté en discussion générale dans les deux hémicycles lundi 12 juillet prochain.

J’avais qualifié le texte qui nous avait été soumis en première lecture par le gouvernement de « mécano juridico-administratif » et tous les orateurs majorité comme opposition avaient souligné son absence de contenu.

Le Sénat, puis l’Assemblée nationale ont donné à ce texte des muscles et des nerfs. Mais nous savons, connaissant le projet triennal de budget, que l’énergie manquera cruellement pour mettre en œuvre les structures créées. En effet, le ministère des Affaires étrangères, y compris l’action culturelle extérieure perdrait 5% de ses crédits en 2011, puis 7,5% en 2012 et 10% en 2013, et les suppressions d’effectifs de fonctionnaires ( 3 sur 4 départs à la retraite) concerneront surtout les fonctionnaires détachés des autres ministères, c’est-à-dire ceux venus de l’Education nationale (143) qui animent actuellement le réseau culturel.

En quoi le Parlement a-t-il modifié le projet de loi initial ? Sur quels points le gouvernement a-t-il tenu bon ?

1)La création des EPIC

Un point positif : on a séparé l’EPIC chargé de l’accueil des étudiants étrangers qui gardera le nom de Campus France de l’établissement qui aura en charge la mobilité et l’expertise internationale qui portera le nom de France Expertise internationale qui reprend l’ancien France coopération internationale.

Pour les personnels : des garanties de délai pour leur passage à un statut de droit privé ont été apportées ainsi que la possibilité, pour les personnels de l’Institut français,de revenir dans la fonction publique

Les collectivités territoriales sont associées au Conseil de surveillance de ces établissements.

Nous avons pu rétablir la présentation du rapport annuel de ces établissements devant l’Assemblée des Français de l’étranger.


2)L’établissement public Campus France

Point positif : il sera placé sous la tutelle conjointe du ministre des Affaires étrangères et du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ce qui permettra l’entrée progressive du CNOUS (centre national des œuvres universitaires et scolaires) dans le dispositif.Ainsi, un doublon coûteux en matière d’accueil des étudiants étrangers et de gestion de leurs bourses universitaires devrait être progressivement supprimé.

2ème point positif : l’aide à la délivrance des visas et à l’hébergement de ces étudiants étrangers relèvera de Campus France.

3ème point positif : un rapport sera remis avant le 1er juin 2011 au Parlement pour préparer l’intégration définitive du CNOUS dans Campus France

3)L’institut Français

Point négatif : ce ne sera pas un EPA (établissement public administratif) comme l’AEFE mais un EPIC (établissement public industriel et commercial). C’est une des raisons du vote contre en 1ère lecture et de l’abstention en CMP des socialistes.

Point positif : l’institut français aura un droit de regard sur la nomination des personnels du réseau (recrutement affectation, formation et gestion des carrières) et il concourra et à l’animation et à la gestion du réseau culturel, ce qui représente un pas en avant vers la mise en cohérence de l’Institut Français et du réseau culturel à l’étranger.

Le conseil d’orientation stratégique auraaussi un droit de regard sur l’audiovisuel extérieur

Autre point positif, l’objectif de la fusion du réseau avec l’Institut Français est inscrit dans le texte. Dix missions diplomatiques devront conduire une expérimentation de rattachement pendant trois ans. Chaque année, un rapport d’évaluation prospective des résultats de ces expérimentations sera soumis au Parlement. Si l’expérimentation n’est pas concluante, le rétablissement des personnels dans leur statut initial sera de droit.

4)En ce qui concerne les dispositions relatives aux opérations de secours à l’étranger, il n’a pas été possible d’obtenir que des catégories tels que les journalistes ou les chercheurs soient exonérés du remboursement des dépenses de secours. C’est aussi une des raisons de notre abstention sur le texte.

Le travail parlementaire sur ce projet de loi a porté plus de fruit que dans de trop nombreux textes législatifs où le gouvernement fait voter au canon ses propositions.

Ici, le travail préalable de la commission des Affaires étrangères et des affaires culturelles du Sénat au 1er semestre 2009, au cours du quel nos propositions avaient été intégrées, a été assez largement repris dans la version finale du texte.

Ce texte ne répond certes pas à toutes nos attentes mais son contenu est infiniment supérieur à ce que souhaitait le gouvernement.


Publié le 08 juillet 2010