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Fiches techniques sur l'AEFE

Sommaire :

1 Le réseau des Écoles françaises à l'étranger
2 L'AEFE en chiffres
3 AEFE État des lieux
4 Les publics du réseau de l'AEFE
5 Place de la politique scolaire dans l'action culturelle française à l'étranger
6 Plan d'action pour l'AEFE dans l'Union européenne

1 - Le réseau des Écoles Françaises à l'étranger

Ce sont :
- 277 établissements
- implantés dans 125 pays
- fréquentés par 157 000 élèves dont :
    64 000 élèves français (40%)
    93 000 élèves étrangers
- Coût de scolarité à la charge des familles moyen par élève/an : 12 000 Francs
- Budget : 3,4 milliards de Francs dont 1,7 milliards payés par les familles

Ce réseau est géré par l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Etranger :

L'AEFE

L'AEFE est un établissement public de l'Etat créé par la loi du 6 juillet 1990. Cette agence est placée sous la double tutelle des ministères des Affaires étrangères et de la Coopération (loi n°90-588).

Cette réforme visant à rationaliser la gestion de nos établissements de l'étranger donnait à l'AEFE la mission :

  1. de contribuer, notamment par l'accueil d'élèves étrangers, au rayonnement de la langue et de la culture française ;
  2. de contribuer au renforcement des relations de coopération entre les systèmes éducatifs français et étrangers au bénéfice des élèves français et étrangers ;
  3. d'assurer, en faveur des enfants de nationalité française résidant à l'étranger, les missions de service public relatives à l'éducation ;
  4. d'aider les familles des élèves français ou étrangers à supporter les frais élevés liés à l'enseignement élémentaire, secondaire ou supérieur de ceux-ci, tout en veillant à la stabilisation des frais de scolarité ;
  5. d'accorder des bourses aux enfants de nationalité française scolarisés dans les écoles et les établissements d'enseignement français à l'étranger dont la liste est fixée par arrêté conjoint du ministre de l'Education nationale, du ministre des Affaires étrangères et du ministre de la Coopération.

REALISATION DES MISSIONS DE L'AEFE :

1 - Mission 1 et 2 : l'AEFE doit être l'un des agents de la diplomatie d'influence de la France

Cette mission est très imparfaitement remplie.

Nos écoles attirent de moins en moins les futures élites étrangères.

La coopération est inexistante ou médiocre, sauf exception avec les systèmes scolaires des pays d'accueil

Beaucoup d'écoles, limitées au cycle primaire et très petites restent confidentielles (ex : Etats-Unis)

2 - Mission 3, 4 et 5 : l'AEFE doit offrir la scolarisation française républicaine au plus grand nombre d'enfants français de l'étranger.

Les coûts de scolarité à la charge des familles sont la principale raison de l'exclusion des enfants de la classe moyenne française à revenus locaux (70 à 80% des Français à l'étranger). Les écoles ne sont accessibles qu'aux enfants de fonctionnaires et de cadres expatriés d'entreprises grâce aux primes ou au paiement des écolages par les entreprises. Elles sont accessibles aussi aux enfants de familles très défavorisées, bénéficiaires de bourses scolaires (197 millions de francs au budget 1998 au bénéfice de 15 000 élèves).

Seuls 30% des enfants français immatriculés dans les consulats, soit 20% des enfants français, fréquentent une école du réseau.

CONSTAT :

Ces écoles tendent à devenir des établissements privés, dont la majorité des enfants français sont exclus ainsi que ceux des élites intellectuelles francophiles du pays d'accueil.

Leur « clientèle » est constituée de familles très aisées qui jugent le rapport qualité/prix intéressant par rapport aux écoles privées du pays ou aux écoles américaines et allemandes. Les motivations linguistiques et culturelles sont marginales.

Un nombre de plus en plus faible de ces élèves poursuivent des études supérieures en France.

Si la France laisse ces dérives se poursuivre, ce réseau n'accomplira plus, dans moins d'une décennie, les missions pour lesquelles il a été conçu.

LES PROPOSITIONS DE L'ADFE :

L'AEFE, étranglée par les contraintes financières, gère le quotidien. Il faut qu'elle puisse mener une politique dynamique, remplir ses missions et se développer pour répondre à la demande française et étrangère.

Cela passe par les axes suivants :

1 - Autonomie de l'Agence

Elle doit pouvoir se comporter en véritable établissement public administratif de l'Etat et non dépendre hiérarchiquement, comme c'est le cas aujourd'hui, de la direction générale des relations culturelles scientifiques et techniques (DGRCST) du ministère des Affaires étrangères.

Pour cette raison, la présidence du Conseil d'administration de l'Agence devrait être confiée à une personnalité reconnue et indépendante.

2 - Double tutelle

  •  Ministère des Affaires étrangères et Secrétariat d'Etat à la Coopération, car il s'agit de diffusion culturelle
  •  Ministère de l'Education nationale car les établissements français servent à former les étudiants étrangers de demain et sont une vitrine de la pédagogie française. De plus, le MEN doit contribuer à la formation des enfants français de l'étranger.

3 - Pédagogie

La spécificité d'un enseignement qui s'adresse à des enfants majoritairement bilingues et imprégnés d'une autre culture doit être respectée et mise en valeur partout dans le monde.

La mise en place d'une politique spécifique dans les pays de l'Union Européenne doit favoriser le plurilinguisme et la construction d'une citoyenneté européenne.

4 - Financement

Le budget devrait être calculé sur une base pluriannuelle : la subvention de l'AEFE et sa progression devraient être négociées indépendamment des moyens alloués aux ministères de tutelle. Le financement de ses deux missions devrait être identifié :

  • financement de la diplomatie d'influence en fonction des priorités politiques
  • financement de la scolarité des enfants français à parité avec le coût de scolarisation d'un élève en France.

5 - Les Bourses

Augmentation des crédits de bourses scolaires de façon significative afin de permettre aux classes moyennes françaises à revenus locaux (70% des immatriculés) de suivre une scolarité française. " Aucun enfant français ne doit être exclu du système scolaire français à l'étranger pour des raisons économiques " n'est plus un slogan vide de réalité.

Des bourses d'étude pour les nationaux méritants de la classe moyenne francophile qui n'ont pas toujours des moyens d'accéder à nos établissements, enfants d'universitaires par exemple.

2 - L'AEFE en chiffres

277 établissements :
  - 212 conventionnés
  - 65 gestions directes

157 000 élèves : 
  - 64 000 Français
  - 93 000 étrangers

18 000 agents : 
  - 1 900 Expatriés
  - 3 700 Résidents fonctionnaires
  - 400 CSN
  - 12 000 recrutés locaux

Salaires 
  - Expatriés : 975 750 000 F (AEFE 100%)
  - CSN 67 000 000 F (AEFE 100%)
  - Résidents 374 500 000 F (AEFE 53,50%) 
                      325 190 000 F (familles 46,50%)
  - MENRT 15 000 000 F

Charges totales pour :
  - l'AEFE : 1 706 307 000 F 49,76%
  - MENRT : 15 000 000 F 0,41%
    Total 50,17%

Charges totales pour :
  - les familles : 1 633 000 000 F 46,76%
  - pays d'accueil : 76 000 000 F 2,22%
    ou sociétés

Coût total du dispositif : 3 430 000 000 F
  soit 21 800 F par élève
  dont 11 000 F à la charge de la France

3 - AEFE: Etat des lieux

La réforme de 1990, créant l'AEFE, lui a assigné deux missions précises.

  • assurer, en faveur des enfants de nationalité française résidant à l'étranger, les missions de service public relatives à l'éducation.

  • contribuer, par l'accueil d'élèves étrangers, au rayonnement de la langue et de la culture française et au renforcement des relations de coopération entre les systèmes éducatifs français et étrangers.

  • Sept ans après sa création, ces deux missions ne sont que très imparfaitement remplies.

    1) Les familles françaises des classes moyennes à revenus locaux (70% des Français scolarisés dans nos établissements) ne parviennent plus à scolariser leurs enfants en raison du coût élevé des droits de scolarité et de l'insuffisance du budget des bourses qui ne s'adressent plus qu'aux cas sociaux.

    2) De même, les familles étrangères de classes moyennes intellectuelles et francophiles : universitaires, chercheurs, professions libérales, enseignants, renoncent à scolariser leurs enfants dans nos établissements trop onéreux pour eux et ne garantissant pas, par manque de bourses de 1er et 2ème cycle, des études supérieures dans une université française.

    Une décision politique doit être prise. Revivifier le réseau en faisant de ces établissements la vitrine pédagogique d'un enseignement français pluriculturel qui reste à inventer. Ou alors, il faut l'abandonner au secteur privé, ce qui nuirait à sa compétitivité par rapport aux écoles concurrentes (allemandes, américaines) et priverait la France d'un des outils essentiels de sa politique d'influence culturelle.

    4 - Les publics du réseau de l'AEFE

    Au niveau mondial, 93 000 élèves étrangers (60%) et 64 000 élèves français (40%), dont plus de 60% de binationaux, fréquentent les établissements de l'AEFE.

    A - Quels sont les publics actuellement accueillis ?

    Si l'enseignement local est de qualité (Angleterre, Allemagne, Etats-Unis, Europe du Nord) : 
      - enfants d'expatriés temporaires 
      - étrangers tiers, diplomates 
      - enfants de l'élite intellectuelle locale

    Si l'enseignement local est défaillant : 
    - enfants de Français expatriés et émigrés
    - enfants d'étrangers tiers, élite et oligarchie locale

    Des variations géographiques importantes :
    Asie du Sud-Est : - public d'expatriés français
    Amérique latine : - vieille tradition familiale de scolarité française d'une partie de la bourgeoisie.

    B - Les évolutions en cours :

    En Europe, la situation est stationnaire, bien qu'en Espagne, on note que les enfants de la bourgeoisie commerçante se substituent à ceux de l'intelligentsia libérale qui se tourne vers l'enseignement espagnol (anglais 1ère langue) et les universités américaines.

    En Afrique et au Maghreb, l'effondrement des systèmes scolaires locaux entraîne un attrait fort pour les établissements français, par les familles de la classe moyenne et des milieux privilégiés en dépit de l'obstacle financier.

    En Amérique latine, on constate une fuite massive des élites intellectuelles vers les établissements de langue anglaise et les universités américaines.

    Partout, les familles françaises à revenus locaux : (cadres, professions intermédiaires, employés), soit 85% des immatriculés, sont progressivement exclus du système. Les bourses scolaires bénéficient pour l'essentiel aux seuls cas sociaux en raison de la modicité du crédit global.

    C - Comment reconstituer dans le réseau de l'AEFE le vivier d'étudiants étrangers et français de l'étranger des universités françaises ?

    A court terme, il faudrait modifier la politique pédagogique et la politique de recrutement des élèves.

    a) Politique pédagogique :

    Voir  : 
      - Place de la politique scolaire dans l'action culturelle
      - Interview de Jean Duverger

    b) Politique de recrutement des élèves

    1 Les Français

    Aider, par des bourses, les enfants issus de l'émigration française à conserver leur langue et leur culture par la fréquentation de nos établissements scolaires (tout particulièrement au sein de l'Union européenne dans des établissements qui seraient bilingues et biculturels, de même au Maghreb et en Afrique). C'est la condition pour que ces jeunes Français binationaux viennent faire des études supérieures en France plutôt que dans les universités de leur pays de résidence ou, pour les binationaux Américains et Latino-américains, aux États-Unis ou au Québec.

    2 Les étrangers

    Organiser un système de bourses sur des critères académiques à l'entrée dans le cycle secondaire. Ainsi aidée, l'élite intellectuelle pourrait-elle confier à nouveau ses enfants à nos établissements. Puis, ces mêmes élèves, sur les mêmes critères, devraient être accueillis à l'université française en 1er cycle et en 2ème cycle.

    La réalisation de tels objectifs n'est possible que si le MENRT s'implique activement dans le fonctionnement de l'AEFE aux côtés du ministère des Affaires étrangères.

    5 - Place de la politique scolaire dans
    l'action culturelle française à l'étranger

    On constate un éparpillement coûteux des actions culturelles françaises à l'étranger :

  • établissements culturels : centres et instituts

  • services culturels, bureau d'action linguistique, etc.

  • établissements scolaires de l'AEFE.

  • L'action de toutes ces institutions chargées du rayonnement culturel de la France devrait être sérieusement coordonée.

    Il serait nécessaire que le ministère de l'Education nationale pilote et apporte son soutien logistique à ce dispositif en complément du ministère des Affaires étrangères.

    En ce qui concerne les établissements de l'AEFE, il faudrait une véritable cellule pédagogique, capable de saisir la richesse du réseau et de l'utiliser comme fer de lance de nos relations culturelles.

    Nos établissements pourraient développer des conventions avec des établissements du pays d'accueil, être des lieux de stages et de formation continue des enseignants locaux du français. Là, pourrait être mis au point une pédagogie multiculturelle pour former des élèves français et étrangers parfaitement bilingues. Ce seraient des lieux d'échanges, de savoir faire pédagogique qui profiteraient en retour à l'enseignement français dans l'hexagone.

    Une première expérience pourrait être mise en place à peu de frais au niveau européen (Voir fiche : propositions pour les établissements de l'AEFE en Europe).

    Si on veut des étudiants étrangers de qualité pour les universités françaises et développer la dimension internationale du ministère de l'Education nationale, il ne faut pas laisser tarir le vivier potentiel que sont les établissements français à l'étranger.

    Des bourses d'université sont vitales mais, en amont, la formation d'élèves francophones venant des milieux intellectuels francophiles doit être développée.

    6 - Plan d'action pour l'AEFE dans l'Union européenne
    (Contribution de Jean Duverger)

    1. Le contexte européen.

    Depuis le traité de Maastricht (articles 126, 127), l'éducation n'est plus pour l'Europe communautaire un sujet tabou et les coopérations éducatives et linguistiques se multiplient.

    Actuellement, deux programmes européens importants fonctionnent - Socrates et Léonardo - impliquant l'enseignement primaire et secondaire (Comenuis, Lingua) tout autant que l'enseignement supérieur (Erasmus) ou encore l'enseignement professionnel (Léonardo).

    Le livre blanc de l'éducation de l'Union européenne (Edith Cresson) largement discuté au sein de la Commission XXII, met l'accent sur la nécessité de coordonner les systèmes de formation, au plus grand profit des futurs citoyens européens.

    Deux institutions européennes travaillant en synergie participent largement à ces rapprochements et mises en relation des différents systèmes éducatifs des pays membres de l'Union.

    • Eurydice, à Bruxelles, qui a édité depuis plus de dix ans une cinquantaine d'études comparatives.

    • Le Conseil de l'Europe, à Strasbourg, qui organise, depuis une vingtaine d'années, des séminaires, des colloques débouchant sur des propositions éducatives (plus de 100 publications).

    2. Dans ce contexte, les écoles de l'AEFE, en Europe, peuvent-elles continuer à promouvoir et gérer le « franco-français » ?

  • N'est-ce pas aller à l'encontre de la construction de l'Union européenne ?

  • N'est-ce pas en contradiction avec la position officielle de la France ?

  • N'est-ce pas construire des ghettos et gaspiller les ressources intellectuelles et culturelles potentielles de ces établissements ?

  • N'est-ce pas dommageable aux enfants français (et aux autres) qui peuvent rater ainsi leur rôle d'acteur de la citoyenneté européenne ?

  • N'est-ce pas se couper des élites intellectuelles des pays d'accueil, qui n'ont aucune raison de scolariser leurs enfants au sein d'un établissement franco-français ?

  • 3. Quelques grands principes d'une évolution de ces établissements AEFE d'Europe.

     

    Mais ce bilinguisme structurel, développant des compétences métalinguistiques, évoluerait rapidement vers un plurilinguisme (au moins 3 langues, comme dans les « écoles européennes », gérées par Bruxelles).

    Cet objectif de plurilinguisme ne pourrait être atteint que si ces établissements s'ouvraient résolument aux cultures européennes au-delà de la culture française et de celle du pays d'accueil.

    Par ailleurs et en cohérence avec ce qui précède, ces établissements devraient être des lieux privilégiés de création et de développement d'une « conscience européenne », de cette « citoyenneté européenne » qui se construit sous nos yeux et qu'il est de l'intérêt de tous de bien maîtriser.

    4. Quelles propositions, pour mettre en œuvre ces évolutions ?

    Identifier les partenaires, au sein des pays d'accueil : niveau ministériel ? niveau régional ? (Il conviendrait de tenter d'engager nos partenaires qui ont des établissements d'enseignement en France (Espagne, Italie) dans les mêmes perspectives).

    Négocier alors des nouveaux statuts à ces établissements

  • au plan juridique

  • au plan administratif

  • au plan pédagogique

  • Au cas par cas (pays par pays) définir par conséquent des projets d'établissement.

    Devenant binationaux, ces établissements deviendraient cogérés (au plan administratif comme au plan pédagogique) et de nombreuses modalités sont possibles, avec des modèles déjà existants dont on pourrait évaluer le fonctionnement (écoles européennes, écoles franco-allemandes).

    Les financements seraient naturellement partagés, selon des règles à négocier. Des soutiens de Bruxelles seraient envisageables, dans le cadre de ces évolutions conformes aux projets de l'Union (appliquant le principe de subsidiarité cher à Bruxelles).

    Il faudrait sans doute distinguer le cas des établissements binationaux publics, où, à terme, l'enseignement serait gratuit (comme dans les écoles européennes) et les établissements binationaux privés, qui passeraient convention avec les deux pays.

    Il conviendrait de négocier, pays par pays, des programmes permettant de déboucher sur la double certification (comme c'est le cas actuellement pour plusieurs établissements français et allemands, au-delà des trois lycées franco-allemands de Buc, Sarrebruck et Fribourg).

    Il semble indispensable de négocier la définition et la formation du personnel de ces établissements, qu'il s'agisse du personnel administratif ou du personnel enseignant. Cette formation serait obligatoire.

    l'AEFE est un établissement public de l'Etat créé par la loi du 6 juillet 1990. Cette agence est placée sous la double tutelle des ministères des Affaires étrangères et de la Coopération (loi n°90-588).
    Ces établissements deviendraient tous, à terme et très explicitement, des établissements binationaux et, par conséquent, structurellement bilingues.
    Publié le 10 août 2007