LA DEMOCRATIE DANS LE MONDE : APRES LES AVANCEES, LE RECUL ?
Colloque de la Fondation Jean Jaurès -Reims, les 13 et 14 novembre 2008.
Introduction de la deuxième table ronde : Les visions de la démocratie, par Monique Cerisier-ben Guiga, Sénatrice des Français établis hors de France.
Sénatrice des Français à l’Etranger, j’ai la chance d’avoir le monde pour horizon quotidien. Ce mandat est un observatoire privilégié. Les droits fondamentaux des citoyens progressent-ils ? Dans la Péninsule arabique où je viens de passer deux semaines la réponse est négative, d’abord parce que les habitants, autochtones ou étrangers, n’ont pas encore accédé au statut de citoyens.
Comme beaucoup de militants socialistes dont l’engagement s’enracine dans l’internationalisme, j’ai pu constater le recul de l’international, de la culture internationale et de la place de la solidarité internationale dans la vie quotidienne de notre parti. Et ce au moment où l’information est plus riche et variée que jamais, souvent manipulatrice ou sélective et rend plus difficile la réflexion.
C’est pourquoi je me réjouis de l’initiative de la Fondation Jean Jaurès qui, depuis plusieurs congrès, organise en ouverture un moment international. Il s’agit de rappeler cette dimension constitutive de nos valeurs et aussi d’écouter les délégations étrangères, de les écouter dans une approche fraternelle.
L’effondrement des dictatures commencé en Europe du Sud avec l’Avril portugais de 1974, poursuivi par ceux d’Amérique Latine, par l’effondrement des grandes dictatures asiatiques : Corée, Philippines, Indonésie ainsi que l’implosion de l’empire soviétique n’a pas signifié pour autant la victoire de la démocratie.
Au cours des huit dernières années les choix désastreux des neo-conservateurs américains ont décrédibilisé la démocratie pour avoir voulu en faire l’étendard d’une croisade, pour avoir voulu l’exporter les armes à la main en l’associant étroitement à l’ultralibéralisme économique. Les effets ont été ravageurs dans le monde arabe -trou noir de la démocratisation. D’une façon générale, la « guerre contre la terreur » a entraîné un recul général des Droits de l’Homme, qui sont le cœur de la démocratie.
Nous voyons aujourd’hui dans un monde plus désorganisé que multipolaire des affirmations de puissance pure et brutale :
- la Chine au Tibet,
- la Russie en Géorgie, en Tchétchénie.
Vous avez pu bien examiner ce qui se passe dans les décors de théâtre de la démocratie où nous vivons :
La pièce y est-elle jouée ?
en tout ou partie ?
Est-elle une réalité, une illusion ou une parodie ?
Les jeux en coulisse obéissent-ils aux mêmes règles que sur la scène ou en sont-ils un envers terrorisant d’intimidation, d’arrestations arbitraires, de torture, de condamnations par des tribunaux civils et militaires aux ordres ?
Ce matin, nos trois intervenants vont nous proposer de réfléchir aux incarnations diverses d’une authentique démocratie.
Je donnerai la parole successivement à :
John Mason, professeur à la William Paterson University, New Jersey
Jean-Luc Domenach, chercheur au CERI
Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’IRIS
