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BIP N° 86 - Le 7 juin, votons pour une Europe politique

La tourmente financière, la crise sociale, l’aggravation des risques écologiques, les guerres du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Asie, tout nous incite à nous comporter en citoyens européens actifs. Participons par procuration, puisque c’est le seul moyen qui nous est concédé au scrutin du 7 juin prochain.
L’Europe a bouleversé l’équilibre du monde pendant sa grande période d’expansion et d’impérialisme. Aujourd’hui, on attend partout de l’Union européenne qu’elle sache jouer un rôle dynamique dans un XXIème siècle qui garantira à tous les hommes, à toutes les femmes, aux enfants, l’accès aux biens nécessaires à la vie, à la santé, à l’éducation, à la liberté et le respect de leur dignité humaine.

Nous en sommes très loin : l’Europe, dont aujourd’hui l’Union européenne est la voix et le bras, doit prendre beaucoup plus énergiquement ses responsabilités.
Au Moyen-Orient, où la mission confiée par le Sénat m’a fait beaucoup voyager ces derniers six mois, on attend que l’Union mette enfin en conformité ses principes proclamés et les grandes lignes de sa politique : difficile rupture avec les impérialismes du passé et du présent. Même si l’unanimité ne peut pas être établie entre les 27, des groupes de pays peuvent prendre des positions fermes et mettre en œuvre des politiques favorables à la résurrection de la confiance des non-européens envers les Européens.

Je donnerai deux exemples : la Turquie, la Palestine et Israël.

La Turquie : il est permis de mesurer toutes les difficultés auxquelles se heurte son adhésion à l’Union européenne. Mais il est inconséquent et dangereux d’agir comme l’ont fait dimanche dernier à Berlin Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, agitant comme un chiffon rouge la question de l’élargissement, la Chancelière allemande rappelant son opposition à l’adhésion de la Turquie et le Président français dénonçant l’idée d’une « Europe sans frontière ».
Les négociations d’adhésion engagées avec la Turquie y ont permis des progrès incontestables que ce soit au regard des droits de l’homme que de l’Etat de droit. Depuis 2001 Ankara a adopté un train impressionnant de réformes démocratiques : la peine de mort abolie, les prérogatives constitutionnelles de l’armée revues à la baisse, l’identité kurde reconnue… Demeure la question du génocide arménien pour laquelle les intellectuels turcs sont de plus en plus nombreux à inviter le pays à regarder son passé en face. Quant à Chypre, le Premier ministre a accepté le plan de paix de l’ONU – c’est au contraire le gouvernement chypriote grec qui l’a rejeté. De telles évolutions auraient-elles été possibles sans la perspective de l’adhésion ? Sûrement pas.
Pour ce qui est du Proche-Orient, l’Union européenne se déconsidère depuis Oslo. Le rehaussement de l’accord de partenariat, aujourd’hui gelé, témoignait d’un mépris inconcevable pour l’Autorité palestinienne, qu’on prétendait soutenir par ailleurs.
Pour retrouver de la crédibilité dans le monde, l’Union européenne doit retrouver son idéal et agir en cohérence avec lui, en son sein et sur la scène internationale.

Les socialistes sont des partisans résolus de la construction européenne parce qu’elle a garanti la paix, l’Etat de droit, la démocratie et que cette vocation ne peut être stoppée.
Mais aussi parce que l’Europe est nécessaire à une grande politique de réformes économiques et sociales. Nous devons renouer avec l’ambition des fondateurs : une Europe politique, porteuse non seulement d’un modèle social, mais aussi porteuse d’un idéal de civilisation. Pour cela chacun doit voter pour les listes socialistes.

Monique Cerisier ben Guiga


Publié le 14 mai 2009