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Inquiétudes sur l'avenir de l'enseignement des sciences économiques et sociales

Le ministre de l'Education nationale répond le 22 04 2010 à ma question écrite déposée le 26 11 2009 suite à l'émotion suscitée par l'annonce d'une réduction des heures d'enseignement des Sciences économiques et sociales  

Question écrite publiée le : 26/11/2009
 
Mme Claudine Lepage appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les vives inquiétudes soulevées par les premières lignes du projet de réforme du lycée qu'il vient de dévoiler. Il en ressort en effet que l'enseignement de sciences économiques et sociales serait réduit de manière significative dans les trois niveaux d'enseignement et que l'enseignement des sciences économiques et sociales (SES), discipline pourtant indispensable à la formation des futurs citoyens, serait marginalisé.
Alors qu'il faudrait que tous les élèves aient accès à des savoirs solides, validés par les universitaires, qui leur permettent de comprendre scientifiquement le monde qui les entoure, le projet de réforme diminue les horaires des SES et la place faite à cette matière, réduisant l'accès des élèves à une formation économique et sociale essentielle à leur compréhension du monde. Car les SES se réfèrent à différentes sciences sociales telles que l'économie, la sociologie et la science politique. Elles permettent en outre, dans un contexte de tertiarisation accrue des emplois, une ouverture en termes de débouchés correspondant aux principales évolutions de la société. S'il appartient désormais aux professeurs d'histoire-géographie et de philosophie d'analyser les faits économiques dans leurs cours, les faits de société risquent de n'être étudiés par les élèves qu'au travers de l'"enseignement civique juridique et social" sans apport de savoirs scientifiques et savants.
La réduction - voire la marginalisation - des sciences économiques et sociales se traduira également par un affaiblissement de la pédagogie à l'autonomie. Car les sciences économiques et sociales se distinguent par une méthode d'enseignement basée sur le travail sur document écrit (texte, tableau statistique, graphique). Les élèves qui suivent cet enseignement acquièrent une méthode de travail et se révèlent plus aptes à passer certains concours, basés sur l'exploitation de documents, comme ceux des écoles d'infirmières ou des écoles de commerce qui recrutent à l'issue du baccalauréat.
Elle lui demande de préserver la place de l'enseignement des sciences économiques et sociales au lycée afin de ne pas priver les élèves de savoirs et savoir-faire indispensables à une meilleure compréhension des enjeux du monde contemporains et qui leur permettent de réussir dans l'enseignement supérieur grâce à une plus grande maturité et une plus grande autonomie.

Réponse du minitre de l'Education nationale le 22 04 2010 :
Le Président de la République a présenté le 13 octobre dernier les ambitions de la réforme du lycée, qui entrera en vigueur à la rentrée 2010. Cette réforme, qui vise à permettre la réussite de chaque élève et à mieux préparer aux études supérieures, poursuit trois objectifs principaux : mieux orienter chaque lycéen, mieux accompagner chaque élève et mieux adapter le lycée à son époque. Pour atteindre ces objectifs, le ministre de l'éducation nationale a en particulier proposé que la spécialisation intervienne plus progressivement, afin de permettre, encore en classe de première, des changements de parcours pour les élèves qui se seraient trompés dans leur choix en fin de seconde et qui exprimeraient le souhait de changer de série. Cela suppose une évolution du rôle assigné à chacune des trois années du lycée. La classe de seconde sera ainsi réaffirmée dans sa vocation de classe de détermination. Elle sera essentiellement consacrée aux enseignements généraux, tout en permettant d'explorer deux disciplines ou champs disciplinaires nouveaux, à raison de 1 h 30 min hebdomadaire chacun contre un seul aujourd'hui d'une durée de trois heures (2 h 30 min pour les SES). La vocation de ces enseignements d'exploration est de mieux éclairer les choix d'orientation vers les différentes voies ou séries offertes à partir de la classe de première. Toutefois, parmi ces deux enseignements d'exploration, chaque lycéen choisira au moins un enseignement d'économie (sciences économiques et sociales ou principes fondamentaux de l'économie et de la gestion). En effet, les évolutions de notre monde et la crise récente révèlent plus que jamais le besoin de comprendre l'économie et la place que celle-ci occupe dans nos sociétés contemporaines et dans la vie quotidienne de chacun. Cette initiation à l'économie offerte dorénavant à tous les lycéens est une innovation importante qui était attendue par tous les Français. Cet enseignement d'économie devrait, en outre, permettre à tous les lycéens de mieux identifier les parcours de formation au lycée puis dans l'enseignement supérieur. La classe de première, tout en amorçant un début de spécialisation, sera bâtie sur un ensemble important de disciplines (français, histoire et géographie, langues vivantes, éducation physique et sportive, éducation civique juridique et sociale), communes aux différentes séries générales (ES, L ou S) et constitutives d'une culture partagée. Les changements de série seront ainsi facilités car les élèves n'auront qu'à acquérir les contenus des disciplines spécifiques de la nouvelle série d'accueil, ce qui sera possible dans le cadre des « stages passerelles » organisés à cette fin. La classe terminale enfin, grâce à une spécialisation plus affirmée, permettra une meilleure préparation aux études supérieures. Cette réorganisation pédagogique, qui vise aussi le rééquilibrage entre les différentes séries, préservera, sur l'ensemble du lycée, les grands équilibres entre les disciplines actuellement enseignées. Ainsi, la place des sciences économiques et sociales n'est en aucun cas remise en cause. Les SES demeurent la discipline dominante des classes de première et terminale ES. Avec l'enseignement d'exploration en classe de seconde, un élève de la série ES, durant sa scolarité au lycée, aura bénéficié d'un enseignement de SES de plus 400 h, et même plus de 450 h pour ceux qui choisiront l'enseignement de spécialité. Encore ce calcul ne tient-il pas compte du temps consacré à cette discipline dans le cadre de l'accompagnement personnalisé. En effet, pour répondre aux besoins spécifiques de chaque élève, le ministre de l'éducation nationale a proposé la création d'un temps d'accompagnement personnalisé, destiné à tous les élèves, de la classe de seconde à la classe terminale. Cet enseignement pourra prendre la forme d'un soutien personnalisé, d'une aide méthodologique, d'un approfondissement ou encore d'une aide à l'orientation. D'une durée de deux heures par semaine, l'accompagnement personnalisé sera intégré à l'emploi du temps des élèves. Il est en effet important de ne pas alourdir davantage la semaine des lycéens, qui figure déjà parmi les plus chargées en Europe. Sa mise en place suppose donc une redéfinition des horaires et des programmes par discipline. Ces dispositions sont de nature à renforcer l'efficacité des apprentissages dans toutes les disciplines grâce à une réponse pédagogique mieux adaptée aux besoins des élèves, sans remettre en cause, de quelque manière que ce soit, le niveau des enseignements dispensés.

 

 


Publié le 22 avril 2010