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La position des sénateurs socialistes sur la politique de défense nationale

- Le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale n’a pas suscité l’adhésion des socialistes. Les parlementaires ont été frustrés d’un débat, et d’un vote, sur un texte voulu, écrit et diffusé par l’Elysée. La France n’a pas eu, à l’occasion de la sortie de ce nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, la possibilité de connaître un grand débat national sur les questions militaires, la condition de ses soldats et le sens de sa défense. Les militaires ont eu le sentiment d’être marginalisés dans les travaux préparatoires du Livre blanc. Ils craignent aussi d’être durement traités dans les arbitrages qui s’annoncent en terme budgétaire et de restructuration. Depuis l’arrivée de N. Sarkozy à la présidence, les signes de l’existence d’un malaise au sein des armées se sont multipliés.

- Par ailleurs, ce document manque singulièrement de contenu européen et consacre l’alignement de la France derrière une politique atlantiste.

- Ce Livre blanc s’accompagne de l’exercice de révision générale des politiques publiques, la RGPP ; elle est appliquée à la défense sans transparence, sans concertation, avec comme finalité principale la réduction drastique des fonctions « soutien et logistique interarmées », la réduction du format et l’externalisation pour réaliser des économies. Nous craignons que les forces opérationnelles en paient le prix fort des réductions à venir. Nous ne partageons pas cette politique.

- Les arbitrages en cours de réalisation sur les équipements et sur les formats des armées sont conditionnés par deux exercices, pas forcément convergents : la « prochaine » loi de programmation militaire (qui n’a pas encore été votée par le Parlement,) et les budgets afférents, d’une part, et la révision générale des politiques publiques, la RGPP, d’autre part. D’ores et déjà nous savons que les objectifs physiques et financiers mentionnés dans le Livre blanc ne seront qu’autant de vœux pieux : la carte militaire, la liste des restructurations et les montants des crédits militaires sont là pour le démontrer. Hélas, il s’agit de faire avaler aux militaires et aux personnels civils de la défense une potion très amère.

- Les réformes en cours, y compris la révision générale des politiques publiques se traduiront par une baisse des effectifs de 54 000 hommes. Avec la future loi de programmation militaire, les efforts promis au profit de la condition du personnel ne semblent plus à l’ordre du jour. Or, dans une armée professionnelle en permanence engagée dans des opérations, souvent dans des conditions difficiles, la motivation des hommes revêt un caractère essentiel. Elle suppose non seulement des conditions de vie et de travail en rapport avec les exigences qui leur sont imposées, mais aussi, de manière plus générale, une perspective de nature à entraîner l’adhésion. Faute de quoi, des difficultés pourront apparaître en matière de recrutement et de fidélisation des personnels. Nous avons aujourd’hui la forte impression qu’on sacrifie ainsi notre outil militaire à des impératifs financiers. Le nouveau Livre blanc consacre cette politique de renoncement.

-La professionnalisation des armées incite aussi à accorder aux militaires une plus grande liberté de parole sur leurs conditions de vie, leurs missions et leur métier. Il est grand temps que dans notre pays on libéralise en pratique le droit d’expression des militaires et qu’on modernise dans les principes leur droit de représentation collective. Hélas, le gouvernement ne prend pas ce chemin.

- Les socialistes suivent avec attention les dossiers relatifs aux réorganisations en cours ; ainsi, il s’agit de contraindre le gouvernement pour que les fermetures ou transferts d’unités militaires soient complétées par un large dispositif d’accompagnement qui comporte un volet social au profit des personnels militaires et civils de la défense touchés par ces transferts et un volet territorial ayant pour objectif principal la création de nouveaux emplois.

Les parlementaires membres du groupe socialiste resteront vigilants face aux évolutions de notre dispositif de défense et aux conséquences de la réforme Sarkozy-Fillon-Morin sur la condition militaire, sur les droits des personnels civils et militaires, sur les restructurations et, en particulier, sur la cohérence et l’efficacité de notre outil de défense, garant de la sécurité de la Nation.


Publié le 04 mai 2009