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Voyage à New York, 10 au 15 octobre 2006

A l’occasion de mon bref séjour privé à New York, j’ai pu participer à la réunion de la section PS, rencontrer le proviseur du Lycée français, rendre visite au Consul général et à ses adjoints, faire la connaissance des initiatrices de « Education Française à New York » (EFNY) qui a ouvert les premiers programmes FLAM à la rentrée 2006, et enfin assister à la conférence donnée par Plantu à l’invitation de l’ADFE.

EFNY (Education française à New-York) –groupe FLAM

Florence NASH et son équipe, femmes super actives et bénévoles, mettent au point des solutions complémentaires aux écoles françaises implantées à Manhattan et adaptées à la demande des familles. Avec plus de 1300 élèves à la rentrée 2006, le lycée Français a atteint le maximum de ses capacités actuelles d’accueil. Le lyceum Kennedy est dans la même situation. Les tarifs du Lycée français sont dissuasifs pour la majorité des familles et le bénéfice des bourses reste trop aléatoire. Des familles ont dû retirer leurs enfants en cours de scolarité et d’autres s’endettent.

EFNY a donc organisé, pour cette rentrée scolaire, trois programmes FLAM. J’ai visité celui de Brooklyn à l’école publique PS 38 avec Christophe Monnier, conseiller à l’AFE et Théo Chino, membre du bureau national de l’ADFE-Français du Monde. Les coordinatrices de ces programmes sont Catherine Poisson, mère d’élève et Marie-Powel Thomas, américaine parfaitement francophone qui soutient efficacement le programme auprès des services scolaires de Brooklyn. 45 enfants répartis en 3 groupes d’âge et de niveaux de langue bénéficient de six heures de Français hebdomadaires réparties sur deux après-midi.

Après un mois de fréquentation, l’attitude des enfants envers le français a déjà changé. Les parents rencontrés constatent que leurs enfants parlent plus volontiers français, leur répondent en français. Ceux qui ont des enfants adolescents pour lesquels ils n’ont bénéficié d’aucun appui pour la pratique du Français m’ont exprimé leur satisfaction de voir les cadets consolider leur français dans une structure appropriée.

Au-delà des groupes FLAM, il faudrait rapidement organiser la mise en place de classes bilingues primaires dans les écoles publiques partenaires, puis dans une autre étape, il faudra des classes bilingues dans des établissements secondaires. Cela permettrait à des élèves désireux de passer le bac français pour faire leurs études supérieures en France d’intégrer le Lycée français en seconde. Une scolarité complète au Lycée français est hors de portée financière pour la majorité des familles. Trois ans de second cycle, avec des bourses de l’Etat et de l’établissement seraient utiles pour eux, pour l’établissement et pour l’enseignement supérieur français.

L’ampleur de la demande (500 familles ont déjà contacté EFNY) et la difficulté des problèmes à résoudre supposent un réel appui des services diplomatiques. L’enjeu est de taille : à New York, plusieurs milliers d’enfants français nés de familles pluri-nationales perdront entre 5 et 11 ans l’usage du français, comme la majorité de leurs aînés, si ces projets ne sont pas réalisés. Au-delà, ce sont les francophones, très nombreux, Haïtiens, Maghrébins, Libanais, Africains de l’Ouest, qui sont concernés. Apprendre le français à ceux qui l’ignorent complètement, c’est bien. Agir pour que les enfants qui le reçoivent en famille ne le perdent pas dès qu’ils sont scolarisés, c’est encore plus efficace. Loin des discours, la francophonie passe par des actions inventives et généreuses comme celles de EFNY.

La conférence de Plantu

Cliquez pour une image plus grandePlantu a offert aux membres de l’ADFE de New York une magnifique leçon d’engagement politique.
Tout d’abord, Plantu a accepté d’offrir son temps à une association. Le fait mérite d’être salué. Puis, il nous a expliqué comment il travaillait, toujours dans l’urgence du bouclage quotidien du Monde. Le stylo-feutre à la main, il nous a fait comprendre la genèse intellectuelle et graphique de chaque dessin. C’est un homme qui pense en images. Le trait vif et sûr de son dessin correspond à son intelligence acérée, à sa lucidité dans l’analyse des faits politiques. L’économie de moyens est la règle, et suppose une adéquation absolue entre l’idée et l’image. Les contraintes tels que le politiquement correct, la volonté de ne pas s’acharner sur une personnalité, le risque de procès, sont vécus par Plantu comme des incitations à l’inventivité plus que comme des entraves. Cette conférence, à la fois orale et graphique, était éblouissante de finesse et de talent.


Publié le 20 octobre 2006