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Droits de l'homme / Lettre ouverte à Rama Yade

En raison de l’aggravation de la situation de la presse en Tunisie, j'ai alerté Rama Yade, ministre chargée des Droits de l’Homme, dans une lettre ouverte.


à Mme Rama Yade
Secrétaire d’Etat auprès du ministère des Affaires étrangères,
Chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme
37, quai d'Orsay 75007 Paris
 
Paris, le 12 décembre 2007
 
 
Madame la Ministre,

Je reçois de nombreux témoignages, et des plus alarmants, sur la situation de la presse tunisienne, qui subit un « verrouillage extrême » en Tunisie, verrouillage allant de pair avec les nombreux actes de répression infligés aux journalistes tunisiens indépendants.

Parmi ceux-ci, le journalistetunisien Slim Boukdhir, condamné à un an de prison ferme pour “outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions” et “atteinte aux bonnes mœurs” et victime d’un procès inéquitable.

Sont tout aussi préoccupants le maintien en détention de Mohamed Yacine Jelassi, jeune étudiant en journalisme, arrêté alors qu’il contestait la tentative d’expulsion du PDP de ses locaux, et l’exil forcé du journaliste Abdallah Zouari, déjà emprisonné pour ses publications et qui se voit depuis interdit de quitter la ville de Zarzis. De même que le cas de Lotfi Hajji, journaliste et président du Syndicat des Journalistes Tunisiens, dont les autorités refusent de reconnaître le syndicat.

La condamnation arbitraire des journalistes et des défenseurs des Droits de l’Homme en Tunisie est une pratique courante qui n’a d’autre but que de faire pression sur eux et de les faire taire, comme on l’a vu pour les procès des journalistes Neziha Rejiba, Sihem Bensedrine, Omar Mestiri, Me Mohammed Abbou, Mohamed Fourati, Abdallah Zouari, etc., ou la répression policière subie par le journaliste Lotfi Hidouri, qui s’est fait confisquer sa caméra.

J’en appelle à vous, Madame la ministre, pour faire entendre la voix de la France, faire valoir la nécessité de la liberté de la presse à ce pays réputé hostile aux journalistes, et ce conformément aux dispositions internationales ratifiées pourtant par la Tunisie.

Je remercie vivement par avance de votre attention et vous prie d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de ma haute considération.

Monique Cerisier ben Guiga


Publié le 12 décembre 2007