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La danse des milliards et les pays pauvres

Tout a commencé avec les 700 milliards de dollars du plan Paulson, une somme astronomique semblant dépasser toutes les limites pour tenter de sortir les Etats-Unis de la crise…. Puis il y eu le plan Sarkozy à 360 milliards et le plan européen dont la totalité s’élève à plus de 1700 milliards….

 Désormais, on ne compte plus. On annonce. On croit rêver. Un plan de plusieurs milliards d’euros qui sort la France de la crise sans rien coûter aux contribuables. Et qui pourrait même rapporter de l’argent à l’Etat. Seul super Sarkozy pouvait y penser.

Le plan repose sur une idée simple : la crise est surtout due à des facteurs psychologiques, il suffit de redonner confiance aux acteurs financiers et aux banques pour en sortir. Les 320 milliards d’euros de la caisse de refinancement qui vient d’être créée ont donc pour but de rassurer. Ils ne seront, nous dit-on, de toute façon pas déboursés. Ils sont là pour refinancer les banques qui le demanderaient. Mais ces dernières devraient payer une prime pour bénéficier du service. L’Etat, qui empruntera la somme sur les marchés financiers à un taux avantageux, grâce à la garantie du Trésor, les re-prêtera aux banques à un taux plus élevé. Pour limiter les risques, il est prévu que chaque refinancement soit gagé sur des biens –type prêt à la consommation ou prêt immobilier- pouvant être revendus en cas de défaillance de l’établissement. Bref, une solution apparemment miracle a été trouvée.

 Mais, est-ce si sûr ? 320 milliards d’euros c’est plus de la totalité du budget de la France –qui s’élèverait à 278,5 milliards pour 2009-. Que se passerait-il si la crise poussait les banques à réclamer cet argent ? Et surtout, si les actifs pris en garantie faisaient défaut ? Les cas de Freddie Mac et Fannie Mae, dont les prêts étaient garantis par l’Etat américain et qui ont quand même succombé à la crise de subprimes, nous prouvent que cette hypothèse est envisageable. Où irait-on chercher tout cet argent ? Ni l’endettement, ni les contribuables ne pourraient rassembler une telle somme. Surtout si la récession perdure, ce qui est fort probable en l’absence de véritable plan de relance… On vient de voir avec l’Islande que même un Etat peut faire faillite.

 Et l’on commence d’ailleurs à voir, ça et là, de vrais milliards sortir au secours de telle ou telle banque. La Société de prise de participation de l’Etat (SCPP) –second volet du plan Sarkozy- qui a pour but de renflouer les fonds propres des banques, dispose de 40 milliards qui sont, eux aussi, bien réels…

 Rapprochons un instant tous ces chiffres d’un autre montant, trop souvent oublié : celui de la dette des pays en développement. Celle-ci s’élevait à 1 600 milliards de dollars en 2006, soit moins de la totalité du plan Européen. L’annuler complètement ne nous aurait pas fait débourser plus que tous ces plans magiques. Mais ça aurait aidé des pays qui subissent une pression trop lourde à s’en sortir. Ce que l’on trouve pour les banques, on ne le trouve pas pour des Etats qui tentent de se développer. C’est inquiétant.

 

Monique Cerisier ben-Guiga

 

 

 


Publié le 03 novembre 2008