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Audition de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes

Commission des affaires étrangères
Mardi 11 décembre 2007

Mme Monique Cerisier-ben Guiga a évoqué le récent sommet Union européenne-Afrique, qui vient de se tenir à Lisbonne dans le cadre de la présidence portugaise de l'Union européenne, et a relevé le refus général des pays africains de conclure les accords de libre-échange, proposés par l'Union européenne en conformité avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ces accords, dont la date d'entrée en vigueur était prévue pour le 1er janvier 2008, auront pour effet, s'ils ne sont pas renégociés, de pénaliser fortement les activités vivrières et artisanales des pays africains, et de les priver des droits de douane qui constituent souvent leurs seules ressources fiscales.

Puis, elle a mis en garde le ministre contre une appréciation trop positive du processus de négociation, récemment lancé à Annapolis, estimant notamment qu'il n'existe plus de base géographique disponible pour créer un Etat palestinien viable. Outre la captation de l'eau potable par les colonies israéliennes, la répartition de ces colonies s'oppose à la constitution d'un ensemble géographique cohérent permettant à la population palestinienne de constituer un Etat. Elle a déploré que la partie israélienne ne manifeste aucun réel désir de paix, comme l'illustre la récente autorisation, par le Gouvernement d'Ehud Olmert, de la construction de 300 nouveaux logements israéliens à Jérusalem-Est. Elle a souligné que la progression de l'influence du Hamas en Cisjordanie découlait de l'absence d'un réel soutien apporté, par les puissances occidentales, au Président Abbas lors de son élection à la tête de l'Autorité palestinienne, il y a deux ans, et a conclu que l'ensemble de ces éléments ne pouvait conduire qu'à un constat d'absence totale de perspectives positives. Ce pessimisme est encore renforcé par le rôle joué par les Etats-Unis, qui ne se conduisent pas comme « un honnête courtier », mais soutiennent systématiquement le Gouvernement israélien, qui s'est méthodiquement employé à détruire toutes les infrastructures financées, dans les territoires palestiniens, par l'Union européenne. Elle en a donc conclu que les financements européens conduisaient, en réalité, à faciliter l'occupation israélienne dans les territoires palestiniens. Dès lors, elle s'est interrogée sur la légitimité de la conférence de Paris.

 


Publié le 20 décembre 2007