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14 juillet: la réponse de Bernard Kouchner à son courrier

Voici la  réponse de Bernard Kouchner au courrier de Monique Cerisier ben Guiga du 13 mai. Une réponse très intéressante où le ministre des Affaires étrangères reconnaît sans détour que les moyens de fonctionnement des postes diplomatiques ont baissé de 3 millions d'euros en 2 ans.
La France continue à prétendre jouer un rôle mondial mais elle se prive des moyens de le faire.
La RGPP va abattre la hache sur des budget que le ministère des Finances rognait jusqu'ici aux ciseaux. Le pire est devant tous ceux qui croient que, dans la mondialisation, le sort de la France et des Français se joue partout dans le monde et pas seulement dans l'hexagone.

Courrier de Bernard Kouchner du 6 juin :

"Votre lettre du 13 mai concernant les crédits alloués pour les réceptions du 14 juillet a retenu toute mon attention. Elle appelle de ma part les réactions suivantes.

Comme tous les autres ministères, le Quai d’Orsay est contraint de diminuer ses dépenses de fonctionnement courant. L’ampleur de cet effort est fixée par le «contrat de modernisation» 2006-2008 signé par mon prédécesseur et son homologue du budget et elle est entérinée par le Parlement, qui vote notre budget.

Cet effort porte en particulier sur l’enveloppe de fonctionnement de nos ambassades et de nos consulats, qui a baissé de trois millions d’euros de 2006 à 2008. Or, dans le même temps, leurs dépenses incompressibles ont augmenté, en raison notamment de la hausse du coût de l’énergie et de la forte croissance des prix de l’immobilier.

Le ministère a donc été contraint de réduire dans des proportions importantes les autres postes de dépenses de nos ambassades et de nos consulats. Après avoir diminué en 2006 et 2007 les frais de représentation (hors 14juillet) et les frais de mission, le ministère n’a eu d’autre choix que de revoir, cette année, les enveloppes allouées pour le 14 juillet.

Toutes les précautions ont été toutefois prises pour limiter l’impact de cette baisse. En premier lieu, il a été tenu compte, dans l’allocation des crédits aux consulats, de leur mission à l’égard de la communauté française. Ainsi, l’ampleur de cette baisse a été modulée selon les pays pour tenir compte de la taille de la communauté française et de la possibilité de recourir à des sources de financements complémentaires. Il a aussi été demandé à nos postes de faire appel au partenariat avec nos entreprises, comme beaucoup le font d’ailleurs déjà.

Il n’a donc jamais été question de ne plus inviter la communauté française aux réceptions du 14 juillet. Il ne serait d’ailleurs pas envisageable de donner des instructions valables partout, compte tenu de la diversité des situations. Dans certains pays, l’importance de la communauté française - plusieurs dizaines de milliers de personnes - ne permet pas à l’ambassadeur d’inviter tous ses compatriotes. La révision des enveloppes du 14 juillet peut certes conduire à un recentrage des invitations mais celui-ci affecte tout autant les autorités locales et le corps diplomatique que la communauté française.

Il est pour moi évident que l’une des fonctions prioritaires de nos ambassadeurs et, à plus forte raison, de nos consuls généraux, est de maintenir le lien avec la communauté française. Notre fête nationale est un moment privilégié pour manifester cette priorité et elle revêt sans doute chez nous une importance symbolique qu’elle n’a pas chez nos principaux partenaires.

Mais ce lien avec la communauté française doit être entretenu tout au long de l’année, par une politique d’invitation de nos ambassadeurs et de leurs principaux collaborateurs. C’est une instruction qui leur a été donnée à l’occasion de la révision des enveloppes du 14 juillet. Tout comme il n’est pas question d’écarter la communauté française de la célébration du 14 juillet, il n’est pas non plus normal qu’une invitation au 14 juillet tienne lieu de contact annuel. ".

Courrier du 13 mai de Monique Cerisier ben Guiga qui alertait le ministre sur l’émotion suscitée dans de nombreux pays suite à l’exclusion des Français de l’étranger des festivités du 14 juillet, et ce au motif de restrictions budgétaires.

Cette attitude désobligeante meurtrit profondément les Français établis à l’étranger dans ce qu’ils ont de plus affectif, dans leur sentiment d’appartenance à la Nation : voir flotter le drapeau, écouter le discours de l’Ambassadeur, entendre la Marseillaise, rencontrer des compatriotes, amener ses enfants souvent binationaux pour leur faire prendre conscience de leur nationalité française, rien de cela n’est anodin.

C’est pourquoi elle est choquée que, partout dans le monde, nos ambassades se préparent à restreindre l’accès de nos compatriotes aux cérémonies du 14 juillet.

Mieux vaudrait renforcer le caractère populaire de cette journée qui commémore, rappelons-le, la première grande journée révolutionnaire, plutôt que de maintenir une réception et des mondanités réservées à quelques uns.

Elle a demandé que cette mesure soit réexaminée.


Publié le 14 mai 2008
Mis à jour le 13 juin 2008