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Inquiétudes au Centre culturel André Malraux à Sarajevo

Alertée par Louis Sarazin sur la situation finacière préoccupante du centre culturel André Malraux de Sarajevo, Monique Cerisier ben Guiga est intervenue le 19 novembre au ministre des Affaires étrangères.

Voici la réponse du ministre.

"Madame la Sénatrice,

J'ai bien reçu votre lettre du 19 novembre 2008 et vous en remercie. Je me réjouis de votre intérêt pour le Centre André Malraux. Ainsi que vous le soulignez, c'est indéniablement un outil majeur de notre influence en Bosnie-Herzégovine. Son rayonnement auprès des autorités et du public bosniens, ainsi que sa capacité à mobiliser intellectuels et artistes français, sont un atout essentiel pour notre Ambassade.

L'Etat, plus particulièrement ce ministère, soutient le Centre depuis ses origines, depuis la période difficile du siège de Sarajevo, jusqu'à aujourd'hui. En 2009, ce soutien prendra une nouvelle dimension, puisque nous allons consentir un effort financier supplémentaire en faveur du Centre. Sur mes instructions, notre Ambassade s'est engagée à ne pas faire supporter à la subvention de 150 000 euros dont le Centre bénéficie depuis plusieurs années la baisse de l'ensemble de nos crédits de coopération. Comme les années précédentes, des aides spécifiques sur opérations lui seront également consenties en fonction de ses propositions, notamment pour les Rencontres Européennes du Livre qui constituent le coeur de sa programmation culturelle. Enfin, à partir de février, un assistant technique secondera son directeur dans ses tâches de gestion et de réflexion.

Plus largement, notre Ambassade cherche constamment des synergies entre sa politique de coopération et les activités du Centre, à l'instar du programme de coopération médicale poursuivi depuis plus de 10 ans et auquel l'Ambassade a apporté, à l'été 2008, le concours d'un assistant technique affecté au CHU de Sarajevo.

L'appel à financement lancé par le Centre il y a quelques semaines vient nous rappeler sa fragilité structurelle. C'est pour nous tous un sujet de préoccupation au moment où il fête ses 15 ans d'existence, ses 15 ans d'engagement au service de la liberté et de la culture. Je sais que le Centre souhaite renforcer sa dimension européenne, qu'il cultive avec bonheur depuis sa création, en recherchant un financement global des institutions de L'Union européenne. La diversification des ressources est en effet indispensable à une institution associative qui fait de son indépendance une spécificité revendiquée. Pour sa part, ce ministère poursuivra son soutien et sa coopération qui s'est révélée si fructueuse et ce, malgré nos fortes contraintes budgétaires actuelles.

Bernard KOUCHNER "

Extrait du courrier de Monique Cerisier ben Guiga en date du 19 novembre 2008 alertant Bernard Kouchner sur l’avenir incertain du Centre André Malraux de Sarajevo pour raisons financières.

Ce centre est né d’un acte de résistance individuelle pendant le siège de la ville, il aura bientôt quinze ans. Il est aujourd’hui devenu une référence en matière de coopération entre initiative privée et puissance publique.

Quinze ans de présence française au cœur des Balkans, quinze ans de rencontres, d’échanges, d’initiatives culturelles, d’événements artistiques, quinze ans de combats pour une certaine idée de la France et de l’Europe. Pourtant, cet anniversaire ne sera pas célébré dans la joie.

Le Centre André Malraux - créateur des Rencontres Européennes du Livre - connaît aujourd’hui de graves difficultés. Majoritairement autofinancée, cette institution singulière bénéficie de subventions publiques, indispensables à son fonctionnement. Depuis deux ans ces apports sont en constante réduction, malgré un bilan d’exception largement reconnu, malgré le soutien fidèle de très nombreuses personnalités des milieux artistiques, culturels et politiques du monde entier.  


Publié le 09 janvier 2009