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Audition de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes

Mardi 26 juin 2007 

- Présidence de M. Serge Vinçon, président -

La commission a procédé à l'audition de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes.

Mme Monique Cerisier-ben Guiga a regretté que l'Union européenne s'obstine dans son ostracisme envers le Hamas, alors que cette politique a pour effet de radicaliser ce mouvement, et contribue à lui rallier un soutien croissant parmi les Palestiniens, y compris en Cisjordanie. Elle s'est également émue de la création continuelle de nouvelles colonies, qui ne pourront que susciter violence et anarchie en organisant une véritable poudrière enserrant le territoire israélien.

M. Josselin de Rohan a souhaité savoir si la politique de la France consistait à promouvoir un retour du territoire israélien aux frontières de 1967 et le respect des résolutions de l'ONU. Il a insisté pour que la France obtienne des Etats-Unis qu'ils pèsent sur Israël en ce sens. Il a déploré que les colonies israéliennes ne cessent de s'étendre en Cisjordanie, remettant ainsi en cause l'autorité, déjà affaiblie, du président palestinien.

En réponse, M. Bernard Kouchner a apporté les éléments suivants :

  • Mme Tzipi Livni, ministre israélienne des affaires étrangères, sera reçue par lui le 4 juillet prochain à Paris, et par le Président de la République. Cette réunion permettra d'évoquer les gestes suivants pour aider Mahmoud Abbas : libération d'une partie des 10.000 prisonniers palestiniens, déblocage des 600 millions de dollars dus par Israël à l'Autorité palestinienne, nécessité de mettre un terme à une colonisation qui croît au rythme de 5 % par an, et levée d'une partie très significative des 500 barrages existant en Cisjordanie. La France prendra également l'initiative de demander au Quartet une relance du processus de paix ;

  • l'actuel gouvernement israélien, même récemment renforcé par l'arrivée d'Ehud Barak au ministère de la défense, ne semble pas disposer d'une assise politique suffisante pour consentir les concessions importantes requises par la situation, alors même qu'ils est en présence d'interlocuteurs comme Mahmoud Abbas qui souhaitent la paix. Toutefois, celle-ci suppose en contrepartie la reconnaissance de l'existence d'Israël et la prise en compte de son besoin légitime de sécurité ;

  • les liens entre le Hamas et le Fatah devront être sans doute renoués, dès que possible, mais, dans l'immédiat, le processus de paix ne pourra être relancé qu'avec les autorités légitimes, c'est-à-dire le président de l'Autorité palestinienne, son gouvernement et l'OLP ;

  • les frontières de 1967 font l'objet d'un accord de la communauté internationale sur la base des résolutions 242 et 338 du conseil de sécurité. La barrière de séparation érigée par Israël répond à un besoin de sécurité mais son tracé a été rejeté par la communauté internationale car il empiète très largement sur la Cisjordanie. Il convient d'agir aussi sur l'arrêt de la colonisation et la présence d'environ 450.000 colons en Cisjordanie et à Jérusalem-est ;

A Mme Cerisier-ben Guiga, qui constatait que l'OLP ne disposait plus d'aucune légitimité parmi les Palestiniens, M. Bernard Kouchner a répondu que le Président Abbas incarnait aujourd'hui la seule autorité palestinienne légitime.


Publié le 06 juillet 2007