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Médecins à diplômes étrangers, l'injustice persiste

Une attaque, un malaise, un accident… où allez-vous ? Aux Urgences bien sûr. Mais vous êtes-vous déjà demandé qui vous y soignait ? Autant vous dire que sans les  5700 praticiens détenteurs d’un diplôme étranger, les urgences et d’autres services fondamentaux ne survivraient pas. Ces services sont déjà, on ne le sait que trop bien, bondés, à cause du manque de médecins, dû à une politique de formation malthusienne depuis près de 40 ans. Heureusement donc qu’ils sont là nos 3000 internes, et nos 2700 assistants venant de l’étranger.

Ils nous soignent tous les jours et pourtant on leur refuse le droit de s’inscrire à l’Ordre des médecins. Quelle en est la raison ? Pas leur incompétence, bien entendu (ou alors qu’on les renvoie vite !) mais pour le simple fait qu’ils n’ont pas obtenu leur doctorat de médecine en France mais ailleurs. Beaucoup d’entre eux ont pourtant passé l’internat et leur spécialisation dans notre pays de la même façon que leurs condisciples Français. Une grande partie d’entre eux sont d’ailleurs Français, nés à l’étranger ou naturalisés. 400 d’entre eux ont un diplôme de spécialité français. Ils ont souvent des activités de recherche, publient des articles, enseignent, ou dirigent des Services. Mais ils doivent repasser un examen académique de même nature que ceux que les étudiants préparent de façon intensive pendant deux ans, alors qu’eux travaillent à l’hôpital à temps plein. La réussite est exceptionnelle. Et comme si cela n’était pas suffisant, les lauréats passent ensuite devant une Commission qui accorde ou non, leur droit à exercer. Ainsi, en 2006 et 2007, 199 autorisations seulement ont été accordées pour 389 lauréats sur près de 6000 praticiens en fonction dans les hôpitaux français !

J’ai donc proposé hier des amendements au projet de loi de finance de sécurité sociale pour 2008 qui permettraient à ces médecins, comme ils le méritent, d’exercer leur métier dans de bonnes conditions avec une rémunération normale sans effectuer ce parcours du combattant. La droite l’a rejeté, prétextant une rupture d’égalité avec les médecins français qui eux, à 18 ou 19 ans, ont réussi le concours de première année, et la régulation des flux migratoires.  Les besoins médicaux français et la qualité de la médecine hospitalière n’ont donc pas été pris en compte, ni même un principe évident de justice. Politique à courte vue.

Lire ici le compte-rendu de la discussion en séance de ces amendements


Publié le 17 novembre 2007