Audiovisuel international / CFII, l'enfant de vieux du président

La Chaîne française d’information internationale (CFII) vient de naître après des années de gestation difficile. L’enfant est bâtard, mal conformé, non-viable.

A l’heure où l’information passe de la presse et de la télévision à Internet, la France met en danger son réseau audio-visuel existant, TV5 monde, RFI, Euronews, pour lancer une concurrente vaincue d’avance et ringarde de BBC World, de CNN, d’Al Jazira, qui occupent une place inexpugnable dans les réseaux mondiaux

La construction de la chaîne est en effet une aberration : l’association à égalité, dans une seule structure, de TF1, chaîne privée, et de France Télévisions, consortium public, porte en germe conflits d’intérêts, rivalités, gaspillages. On peut s’attendre à une guerre de tranchées entre TF1 et France Télévisions au sein de CFII.

Si au moins on pouvait croire à la réussite de la CFII ! Mais les 95 M€ de financement public qui lui sont alloués pour son démarrage sont largement insuffisants pour créer et diffuser dans le monde de l’information. TF1 et France Télévisions n’ont pas de rédaction internationale, rien de ce qui fait la valeur de RFI, de TV5, d’ARTE, d’Euronews. Où trouvera-t-elle les images originales qui sont la base d’une information novatrice et indépendante des grands médias anglo-saxons, fournisseurs exclusifs de TF1, France 2 et France 3, dès qu’elles sortent de l’hexagone ?

Dans le domaine de l’audiovisuel comme dans tous, la politique du gouvernement est marquée par l’étroitesse de vue, la ringardise et les choix politiciens. CFII, c’est la version franchouillarde du libéralisme : TF1 ne met pas un euro dans CFII mais sera chargée de sa gestion, bref, l’argent du peuple géré par une société privée. Avec pour résultat une propagande de droite encore plus servile sur TF1 pour les présidentielles de 2007.

Le 1er décembre 2005
Monique Cerisier ben Guiga
Sénatrice des Français établis hors de France