LISTE DES ARTICLES

Brice Hortefeux : Ministre de l'expulsion nationale

Brice Hortefeux, Ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement, a convoqué hier une vingtaine de préfets. Il a exigé d’eux plus de fermeté envers les sans-papiers, estimant que leurs départements ne respectaient pas les quotas fixés en la matière.

Ces expulsions -hypocritement appelées « reconduites à la frontière », comme si l’on raccompagnait gentiment les immigrés- ont pourtant fortement augmenté depuis l’an dernier, portant le nombre d’expulsés par voie aérienne à 6 041 pour les cinq premiers mois de 2007. Même si le Ministre prétend que 95% d’entre elles se font sans problème, il ne nous fera pas oublier le petit garçon de 12 ans tombé du 4ème étage de son immeuble le 9 août à Amiens alors que des policiers faisaient irruption chez lui pour venir chercher ses parents, ni les forces de l’ordre allant traquer jusque dans les écoles, les clandestins… Brice Hortefeux a d’ailleurs déclaré lui-même que le seul choix laissé aux sans papiers serait celui d’un départ volontaire, peu probable quand on sait ce que ces personnes sont prêtes à endurer pour rester en France ; ou d’un départ contraint. Il faudra donc qu’il nous explique comment un départ forcé pourrait se faire sans brutalité ni violence. Quand bien même cette violence ne serait pas physique, elle existe réellement pour ces hommes que l’on arrache au pays qu’ils ont choisi pour les ramener vers des lieux qu’ils ont fuis.

Où sont passé les Droits de l’Homme, le respect de la dignité humaine, la fraternité, tout ce qui fonde notre République ? La valeur de la vie humaine ne se résume pas à des papiers, encore moins à des chiffres ou des quotas ! L’objectif de 25 000 expulsions est une injure faite à ces milliers d’hommes : époux, femmes, enfants, et au-delà d’eux, une injure faite à nous tous en tant qu’êtres humains. Nous ne nions pas que l’immigration clandestine soit un problème complexe, mais ce chiffre, clair, précis, n’est rien d’autre qu’une annonce s’inscrivant dans la ligne de politique spectacle du nouveau Président. Une politique du résultat qui veut faire oublier les causes d’un phénomène, les implications morales d’une décision, pour effacer ce qui dérange en le cachant sous une effroyable neutralité numérique. Il pourrait y avoir 25, 30 000 expulsions, ou plus, la question ne serait pas réglée. Le véritable problème n’est pas un nombre, c’est la misère d’un monde inégalitaire, autrement plus difficile à régler.

Et pendant que leur Ministre sermonnait ses préfets, les députés de la majorité à la Commission des lois de l’Assemblée nationale présenté par Thierry Mariani, celui là même qui est responsable des Français de l’étranger à l’UMP, durcissaient encore le texte sur l’immigration en adoptant un amendement préoccupant. Celui-ci encourage le recours à des tests génétiques pour obtenir un visa dans le cadre du regroupement familial. C’est non seulement contraire à l’article 16 du code civil qui interdit les test génétiques en dehors des cas médicaux ou de recherche, mais c’est surtout moralement et humainement inacceptable. Sans compter les difficultés juridiques et matérielles, il est clair que cette pratique deviendra rapidement obligatoire.

Nous condamnons donc fermement les propos de M Hortefeux, et appelons tous les députés à rejeter ce texte de loi et cet amendement inique.

Richard Yung et Monique Cerisier-ben Guiga
Sénateurs des Français établis hors de France


Publié le 14 septembre 2007