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BIP N° 76 - « Rehaussement » sélectif et droits de l'homme

Le 9 décembre dernier, sur proposition de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères français et alors que la France assure la présidence tournante de l’Union européenne, l’Union européenne a décidé d’intensifier ses relations avec Israël. Le « upgrade » ou rehaussement des relations entre l’Union européenne et Israël permet à Israël d’avoir un accès privilégié aux programmes communautaires européens, et de participer, tout comme un état membre, à la plupart de ses instances.

Pourtant les Parlementaires européens avaient refusé de se prononcer sur ce texte le 4 décembre, prenant en compte la réalité de l’occupation de la Cisjordanie et du bouclage de Gaza : la construction des colonies qui s’intensifie, le bouclage des villes qui interdit toute vie sociale et économique, les violations des droits de l’Homme qui se multiplient. Si la guerre ne se poursuivait pas sous toutes ses formes en Cisjordanie et à Gaza, le rehaussement des relations de l’Union européenne avec Israël serait tout à fait justifiable : les relations scientifiques, économiques, culturelles sont de haut niveau.

Mais, dans les circonstances actuelles, cette décision du Conseil européen est extrêmement choquante puisqu’elle délivre un message signifiant clairement que la poursuite de la violation par Israël de ses engagements et du droit international ne constitue pas une entrave à son intégration toujours plus avant dans l’Union européenne. Elle obère toute conditionnalité de respect du droit international et des droits de l’Homme à la mise en oeuvre de l’accord d’association de 1999.
… Et le 10 décembre, on commémorait, à Paris et à Bruxelles, la déclaration universelle des Droits de l’Homme !

Il y a de toute évidence des peuples qui sont moins égaux que d’autres aux yeux de la France et de l’Union Européenne. La privation de droits et de liberté, la faim, la misère et la maladie soigneusement organisées, pour le plus grand malheur de tout un peuple, ne pèsent pas lourd sur le trébuchet européen quand les victimes sont un peuple arabe, majoritairement musulman.

En agissant ainsi l’Europe compromet encore un peu plus les chances d’une paix véritable fondée sur l’acceptation mutuelle et la justice, seules garantes pour la sécurité du peuple palestinien et du peuple israélien. L’Europe se déconsidère encore un peu plus dans l’opinion publique arabe.
Elle compromet dans le même temps les maigres velléités de l’Union européenne de faire entendre sa voix sur la scène politique internationale.

Monique Cerisier-ben Guiga


Publié le 18 décembre 2008