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Misère et mondialisation

La Journée mondiale du refus de la misère a 20 ans aujourd’hui. « Fêter » serait sans doute un abus de langage, un verbe trop joyeux pour un thème grave, encore trop présent. Nous savons que la misère existe, qu’elle concerne tous les pays, au premier rang desquels ceux du tiers monde, et que, même en France, elle touche encore 12.1% de nos concitoyens.

Mais sortons de la perspective nationale pour insister sur le caractère « mondial » de cette journée. Cette initiative s’inscrit dans le processus, parfois encore décrié, de la mondialisation. On dénonce souvent les aspects négatifs de ce phénomène : délocalisations, inégalités croissantes, précarisation… Et nous avons raison de le faire. Il faut aussi admettre que la mondialisation peut aussi être un vecteur de progrès. Elle a déjà permis à 350 millions de personnes de sortir de l’indigence et de la faim. En favorisant les échanges commerciaux, technologiques, ou culturels, elle permet aux pays les plus pauvres de l’être toujours un peu moins. On le voit particulièrement dans les pays émergents qui ont su s’adapter à cette nouvelle donne pour amorcer leur croissance. Bien maîtrisée, la mondialisation pourrait permettre un meilleur accès aux médicaments et à la santé, un développement de l’éducation et de tous les outils indispensables pour sortir de la misère. Ce sera d’ailleurs tout l’enjeu du mandat de Dominique Strauss Kahn à la tête du FMI.

On le voit, la conscience et le refus de la misère sont désormais bien mondiaux. Du Pape au Dalaï-lama en passant par la plupart des chefs d’Etat, tous s’accordent pour la dénoncer. Mais il faudra parvenir à encadrer efficacement la mondialisation pour en faire un véritable outil de lutte contre la misère.

Monique Cerisier ben-Guiga


Publié le 17 octobre 2007