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BIP N° 67 - Ingrid Betancourt rapproche les Français

Nous avons tous bondi de joie à l’annonce de la libération d’Ingrid Betancourt, en France, en Europe, en Amérique. Merci à Joël Doglioni, notre collègue AFE de Bogota, pour son beau message relatif à la liberation d’Ingrid. Au long de ces 6 ans 4 mois et 9 jours de captivité dans la jungle, elle était devenue un symbole pour la liberté de chaque homme et femme, la résistance à la force brutale, à la violence politique et sociale qui tuent chaque année des dizaines de milliers de Colombiens.

Nous faisions ce que nous pouvions - c’est-à-dire pas grand chose : écrire un article de temps en temps, mettre un bandeau sur notre site internet pour que chaque jour son nom apparaisse, participer à des rassemblements au Trocadéro avec Mélanie et Lorenzo, ses enfants, ou devant l’Hôtel de ville de Paris avec une petite pancarte « les Français de l’étranger pour Ingrid Betancourt » .C’est même grâce à elle que j’ai participé à ma première (et pour le moment unique) manifestation publique avec un évêque (l’évêque auxiliaire de Paris, un homme extraordinaire de force et de conviction) : le comité parisien pour la libération d’Ingrid avait organisé une marche depuis le parvis de Notre-Dame jusqu’à l’Hôtel de Ville de Paris. Et personne ne s’occupait alors de savoir quels étaient nos choix philosophiques, religieux ou politiques : le seul but commun était bien de rappeler l’existence des otages et de réclamer leur libération.

Et puis il y a six mois elle était apparue sur une vidéo si fatiguée et malade que nous redoutions tous une fin dramatique.

Entre temps, les approches différentes s’affrontaient, y compris au sein de la famille Betancourt : ceux qui pensaient qu’il fallait négocier avec les FARC pour préserver la vie des otages (Hugo Chavez et la France pour des raisons différentes) ; ceux qui prônaient l’utilisation de la force pour les réduire (Alvaro Uribe et les Etats-Unis). Aujourd’hui, il est certes plus facile de se ranger du côté des derniers et de féliciter le président Uribe pour son grand succès. En réalité il était normal d’essayer toutes les voies possibles. Il en est de même pour une rançon qui aurait été payée et qui aurait permis la libération : quelle différence avec la thèse de « l’achat » des gardiens et de leur retournement ?

Mais l’essentiel est là : la voilà revenue du pays de la nuit verte, si forte, si brillante et pleine de vie, s’exprimant de manière si juste, trouvant immédiatement les mots du cœur : quelle joie et, pourquoi le cacher, un peu de fierté pour cette France qui n’oublie pas ses enfants de l’étranger !

Pourtant ce n’est pas la fin du chemin. Il reste de nombreux otages en Colombie et dans d’autres pays, d’autres lieux de violences et de violations des droits de l’homme.

Nous continuerons ensemble ce combat noble avec Ingrid Betancourt et la lumière qu’elle allumé au firmament.

Richard Yung

Monique Cerisier-ben Guiga et Richard Yung vous souhaitent de bonnes vacances d’été et vous retrouveront en septembre


Publié le 07 juillet 2008