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Précisions sur la crise Birmane

Relatant les évènements qui bouleversent la Birmanie, la télévision nous a montré l’image furtive du visage défait et des larmes d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, trois ans après sa dernière apparition. Une vision lourde de sens.
 
Car la réalité de la répression a fini par éclater, et elle concerne un peuple tout entier il ne s’agit pas d’une Révolution des Bonzes. Bien entendu, les moines bouddhistes ont participé activement et massivement aux manifestations, et il est évident que leur implication et leur répression par la junte birmane ont sans doute renforcé la mobilisation. Il faut rappeler que 80% des Birmans sont bouddhistes et que la violence exercée sur les bonzes, religieux très respectés manifestant pacifiquement, a profondément choqué la population. Mais il serait faux et injuste de ne pas parler des autres citoyens qui ont été déportés ou qui ont disparus par centaines.
 
Dans ce contexte, la visite de M. Gambari en Birmanie, ne nous parait pas concluante. Ne sachant pas comment réagir, hésitant entre sanctions et attente, l’envoi d’un émissaire par la communauté internationale semble être un maigre palliatif médiatique pour calmer les consciences. Ibrahim Gambari s’est laissé conduire par la junte durant son séjour, n’ayant aucune maitrise sur le cours des évènements, patientant sans savoir s’il allait pouvoir rencontrer les chefs de la junte… Ceux-ci lui ont finalement accordé une entrevue sans résultat probant.
 
Pour nous, la solution ne passe pas par des sanctions économiques qui ne feraient que donner plus de pouvoir à la junte et punir la population. Il est clair, d’autre part, que rien n’aboutira sans une médiation chinoise – même si elle est peu probable.
 
Nous voulons également lancer un appel à notre gouvernement pour que la France ouvre ses portes aux Birmans qui seront contraints de fuir leur pays. Il ne s’agit pas ici d’une solution au conflit, mais cela pourrait permettre, en attendant le retour au calme, de soulager un peu la population et de lui afficher clairement notre soutien.

Monique Cerisier-ben Guiga & Richard Yung
Sénateurs représentant les Français établis hors de France


Publié le 06 octobre 2007