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Non, les Français ne sont pas tous satisfaits !

Paris, le 29 mai 2006

Les sénateurs socialistes représentant les Français établis hors de France protestent contre une enquête réalisée par TMS SOFRES pour le compte de « Avenir Export », concluant que « 95% des Français de l’étranger sont satisfaits ou très satisfaits d’avoir quitté la France ». Ces résultats sont publiés quelques jours avant l’ouverture du Salon de la mobilité internationale. Le message est explicite : « Pour rejoindre ces expatriés heureux : le salon est ouvert au public ».
Les sénateurs notent que cette enquête ne porte que sur les Français expatriés, et qu’il est abusif de prétendre qu’elle reflète l’opinion de l’ensemble des Français vivant à l’étranger, dont la moitié est binationale et donc pas « expatriée ». Ils contestent d’autre part la méthodologie de l’enquête. Comme l’établit le magazine « Vivre à l’étranger », en l’absence de catégories socio-professionnelles rigoureuses elle ne peut prétendre être représentative de la population des Français à l’étranger. Réalisé par questionnaires sur Internet, le sondage lui-même est forcément biaisé, car il ignore ceux qui n’ont pas d’ordinateur ou pour lesquels la connexion est trop chère. Une fois de plus, on présente les Français de l’étranger comme des privilégiés vivant dans l’opulence et l’insouciance sous le soleil des Tropiques. Cette image d’Epinal est pourtant, et depuis longtemps, périmée. La majorité de nos compatriotes est établie durablement dans un pays d’accueil, et ses conditions de vie sont les mêmes que celles des nationaux du pays, et peu différentes de celles des Français vivant dans l’hexagone, pire même souvent pour les Françaises.
Au-delà de l’exploitation commerciale de cette enquête pseudo-scientifique, les sénateurs mettent en garde contre une exploitation politique de ses résultats qu’ils dénoncent vigoureusement, tendant à justifier le désengagement de l’Etat de ses missions. Non, les Français de l’étranger ne sont pas tous satisfaits, et ils ont toujours besoin de consulats, d’écoles françaises qu’ils puissent se permettre de payer, de services sociaux !

Monique Cerisier-ben Guiga et Richard Yung
Sénateurs représentant les Français établis hors de France


Publié le 29 mai 2006