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BIP n° 25 - La piètre pitance du MAE

Philippe Douste-Blazy a vu se manifester à l’étranger un « désir de France ». Pour le combler il a mis au point des projets visant à relancer la langue, la culture et l’enseignement français dans le monde. Leur aspect est sans doute appétissant, mais le contenu guère consistant, en tout cas insuffisant pour combler le « désir de France ».

En matière de diffusion culturelle, le ministre annonce la fusion de deux des agences concernées, l’AFAA et l’ADPF en un organisme unique « CulturesFrance » (sans espace entre Cultures et France, ça fait plus moderne). C’est un progrès dont on le félicite, mais on aurait aimé qu’il ne s’arrête pas à mi-chemin, et qu’il crée enfin une grande agence culturelle, regroupant tous les vecteurs de diffusion, sur le modèle du British Council. Autre souci : le financement. Le budget initial de 30 millions d’euros est d’ores et déjà trop faible, puisque le ministre lui-même a lancé un appel à de « nouveaux partenaires financiers »… Mentionnons - pour la forme, car c’est devenu une habitude - l’absence totale de concertation sur ces projets avec les acteurs du réseau et le ministère de la culture.

Deuxième volet : la création d’un guichet unique facilitant l’accueil des étudiants étrangers en France. Qui serait contre ? Mais cela ne résoudra en rien les vrais problèmes : l’insuffisance des moyens consacrés aux bourses, et une politique frileuse et rétrograde d’attribution des visas.

Enfin le plat de résistance : la construction de nouveaux lycées. Le ministre a fièrement présenté une vingtaine d’établissements. A y regarder de plus près, on reste sur sa faim. Dans la plupart des cas il s’agit seulement de rénovation ou de mises aux normes, dans d’autres on en est encore à rechercher un terrain ou étudier la faisabilité financière. En fait, une seule construction est pour l’instant sur les rails : celle du nouveau lycée du Caire. Plus que de véritables projets, on nous sert donc de bonnes intentions, ce qui ne nourrit pas son homme.

Autre épineuse question, celle du financement. Le ministre a évoqué la recette miracle le partenariat public privé. Nous ne sommes pas hostiles par principe à l’appel à des fonds privés, à condition que le coût des investissements et de la construction de bâtiments ne retombe pas sur les parents ; à condition que les écolages n’augmentent pas. Nous jugerons sur pièces.

Reste à savoir si les annonces de Philippe Douste-Blazy satisferont le « désir de France ». On peut craindre que non. En tout cas pas celui des Français à l’étranger.

Richard Yung
Sénateur représentant les Français établis hors de France


Publié le 17 mai 2006