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BIP n° 27 - Le 1er Juillet, Sarkozy ouvre la chasse aux enfants

Le 30 juin expire le sursis accordé aux élèves étrangers sans papiers. Ils deviennent expulsables à merci.
Certes, Sarkozy a essayé de se donner un visage humain et annoncé une circulaire aux préfets, supposée permettre à ces enfants d’être régularisés sous certaines conditions. C’est une technique souvent utilisée par les politiques honteux : on fait des annonces avec « mouvements de menton », puis on adoucit – légèrement – l’application. Sarkozy avait déjà fait cela en 2003 avec son premier tour de vis sur l’immigration, assorti de la suppression de la double peine.
Les critères retenus par le décret (être né en France ou y être arrivé en bas âge, y être scolarisé, ne pas parler la langue de son pays d’origine) sont tels que 2% seulement des élèves concernés pourront bénéficier de la régularisation. Pour les 98% restants, c’est le risque permanent d’être poursuivis, interpellés, placés dans un centre de rétention pour trois ou quatre semaines, avant d’être expulsés manu militari.
La vocation universelle et éducative de la France et de la République est ainsi singulièrement mise à mal ! Ne nous a-t-on pas appris que l’enseignement dispensé par l’école de la République était le même pour tous, que l’on s’appelle Jean, Nicole, Natacha, Ahmed, Pedro ou Abdoulaye ?
Ces enfants seront donc renvoyés dans leur pays d’origine, où ils n’ont ni foyer ni école. Dans de nombreux cas, ils n’en parlent pas la langue, ce qui les marginalisera scolairement et socialement ; dans certains pays, les jeunes filles seront interdites d’école, parfois mariées contre leur gré. Enfin leurs familles peuvent être soumises à répression pour des raisons politiques ou tout simplement pour être parties à l’étranger.

Par cette politique injuste, honteuse, Sarkozy montre bien qu’il est le digne successeur de son maître Charles Pasqua et des lois répressives de 1992 qui avaient instauré charters et menottes.

Mais cette fois-ci, il s’agit d’enfants, d’élèves scolarisés chez nous. Nous ne devons pas accepter cela. Un puissant mouvement citoyen s’est spontanément développé, indépendamment de toute appartenance politique, dans les villes et villages où des enfants sont menacés. Il a été relayé par différentes associations, en particulier le « Réseau éducation sans frontières ».
Monique Cerisier-ben Guiga et moi-même avons apporté notre soutien à cette mobilisation et participé à des actions de parrainage d’enfants. Nous continuerons à être mobilisés durant l’été et vous invitons à être attentifs, et si vous êtes en France, à apporter votre soutien à toute action dans votre région.

Richard Yung
Sénateur représentant les Français établis hors de France


Publié le 27 juin 2006